L'Union Tunisienne de l'Agriculture et de la Pêche vient d'achever ses congrès régionaux. Quel bilan peut-on dresser après ces congrès ? Quelle est la situation générale de l'agriculture tunisienne ? Quels sont ses défis ? Tels sont, entre autres, les axes des travaux du Conseil central de l'Union de l'Agriculture et de la Pêche réuni, hier à Tunis. * Le Conseil Central de l'UTAP a dressé le bilan général de l'agriculture tunisienne... Dimension sociale du secteur (le premier employeur du pays) mais aussi la nécessaire industrialisation des créneaux porteurs et surtout des produits. On parle de plus en plus de spécialisation par régions...mais on n'échappe pas aux normes internationales de la qualité.
A l'ouverture des travaux, M. Mabrouk Bahri, président de l'Utap, devait rappeler que le marathon des congrès régionaux avait commencé le 20 décembre 2006 et s'est achevé le 7 février dernier avec une moyenne de quatre congrès par semaine. Près de dix mille agriculteurs ont participé à ces congrès et 350 intervenants ont pris la parole. Les élections ont eu lieu en toute transparence. « La couverture médiatique de ces rendez - vous », a été bonne, affirme le président de l'Utap. Le taux de renouvellement dans la composition des bureaux régionaux a été de 47%. La proportion des diplômés du supérieur et de l'enseignement secondaire dans ces bureaux est, désormais de 92%. Celle de ceux qui sont âgés de moins de 50 ans est de 52%. L'élément féminin occupe 10% des postes. Les cadres techniques représentent 6%. Le secteur de la pêche est représenté dans la proportion de 4%. Au niveau des relations extérieures et de la coopération internationale, l'Utap a participé à plusieurs manifestations internationales, comme le forum régional sur les politiques agricoles organisé à Alexandrie en juillet dernier, la deuxième rencontre des organisations arabes et africaines de Tripoli, la réunion de la commission méditerranéenne relevant de la fédération mondiale des producteurs agricoles à Montpellier en France, le bureau exécutif de l'Union des agriculteurs et des coopérateurs arabes à Damas.
Au niveau du partenariat, les préparatifs sont en cours pour l'organisation de la première rencontre euro - tunisienne pour l'impulsion du partenariat dans l'agriculture et la pêche prévue en mai 2007. Un projet de première transformation de produits agricoles au profit de la femme agricultrice est en préparation. Une action de formation financée par la Banque islamique de développement au profit des petits agriculteurs est prévue. Une réunion avec l'ambassadeur du Japon en Tunisie a eu lieu. Elle a été consacrée à l'expérience japonaise : « un village, un produit ». On cherche à l'appliquer en Tunisie. La participation de la femme a été mise en exergue lors de la Foire du 7 novembre. L'Utap a participé à l'atelier consacré au « rôle de la femme dans la gestion des ressources hydrauliques ». La femme agricultrice a participé à l'élaboration d'un document sur le développement des oasis et l'intégration des plantes médicinales et aromatiques dans le sud. Concernant les différentes cultures, le président de l'Utap en a donné un aperçu, cas par cas. Pour les céréales, une opération d'encadrement d'un certain nombre d'agriculteurs a démarré. Elle a été initiée en collaboration avec le centre technique des céréales et la coopérative centrale du blé. Au sujet du stockage des céréales par le privé, rappelle M. Mabrouk El Bahri, « l'Utap a organisé une rencontre pour étudier l'investissement dans ce créneau. Nous sommes favorables à cette opération pourvue que l'agriculteur ait la garantie d'être payé ».
Guide spécial La culture biologique est un créneau porteur. L'Utap a entamé la préparation d'un guide spécial pour les producteurs « bio ». Un projet de préparation des termes de référence pour la préparation d'une carte pour l'agriculture biologique. La culture de pommes de terre a couvert 11 mille hectares dont 8 mille irrigués par le système goutte à goutte. La production globale pour cette saison est de 190 mille tonnes soit une moyenne de 17 tonnes à l'hectare. L'Utap a intervenu au profit des régions novices dans la culture des pommes de terre et qui ont connu des difficultés. L'exportation de pommes de terre a été de 8800 tonnes en 2006 contre 3510 tonnes en 2005. Pour la saison actuelle 5500 tonnes ont été exportées jusqu'au 15 février 2007. « L'objectif est d'exporter 17 mille tonnes de pommes de terre », annonce le président de l'Utap. Concernant les tomates, leur culture a couvert 15200 ha, soit une baisse de 20% par rapport à l'année dernière. 460 mille tonnes de tomates fraîches ont été transformées en 80 mille tonnes de concentré de tomate. Un texte de loi devra paraître vers la fin du mois de mars pour organiser l'activité de transformation de la tomate. Concernant le secteur oléicole, la saison actuelle est « ordinaire », déclare M. Mabrouk El Bahri, en ajoutant que les prix sont revenus à la normale. La collecte et la transformation des olives se sont déroulées sans problèmes. La production de la saison 2006/ 2007 doit s'élever à 170 mille tonnes, soit une baisse de 23% par rapport à la saison dernière. Les prix les plus courants varient entre 650 et 750 millimes. Jusqu'au 31 janvier 2007 l'exportation a atteint le volume de 60 mille tonnes dont 30 mille produites cette année. « Espérons que nous exporterons ce qui a été convenu », déclare le patron de l'Utap.
Difficultés dans les vignobles La production des agrumes a atteint 247 mille tonnes accusant une baisse de 6% par rapport à la saison dernière. La qualité est jugée bonne, avec la précision que la maturation du fruit a connu une accélération durant le mois de janvier. Les exportations ont atteint 7700 tonnes. Des perturbations au niveau de la collecte et de la qualité ont été enregistrées vers la mi - janvier. « Ces erreurs ne doivent plus se répéter », affirme M.Mabrouk Bahri. Les dattes ont connu une bonne saison, avec une production de 131 mille tonnes contre 100 mille tonnes l'année dernière. Les quantités stockées s'élèvent à 50 mille tonnes, celles exportées à 20 mille tonnes, jusqu'au 31 janvier 2007, contre 17 mille tonnes à la même période une année auparavant. La traçabilité a été utilisée pour la première fois. Le secteur des vignobles connaît des difficultés au niveau de la commercialisation. Le dossier est à étudier pour trouver les solutions adéquates. Au sujet de l'élevage et concernant les viandes rouges, un accord a été conclu entre l'Utap et la société « Ellouhoum » sur le prix. Quand le prix de la viande baisse au niveau de l'agriculteur, il faut que cela se répercute au niveau du consommateur. Au niveau de la filière du lait, la production en 2006 a augmenté de 5,5% en 2006, par rapport à 2005. Les quantités de lait collectées ont baissé de 1,2%. Quatre vingt - dix centres de collectes de lait ont été fermés, dont 33 définitivement pour non respect du cahier des charges. Concernant les volailles, la prudence est de mise. Les pourparlers se poursuivent pour la fixation du prix de vente de la viande blanche ainsi que celui des œufs. Concernant la viande de lapin, l'accord avec le ministère de la Défense a été renouvelé.
Respect de la qualité Toutes ces filières exigent le respect de la qualité et la conformité aux normes internationales pour assurer l'écoulement des produits sur les marchés étrangers. Au niveau du marché local, l'approvisionnement s'est fait de façon régulière, pour les légumes, fruits viandes rouges et blanches et les œufs. Dans le volet exportation, l'Utap était très présent lors de la consultation nationale sur l'exportation. Des plateformes seront créées dans cinq gouvernorats : Médenine, Tataouine, Gabès, Kairouan et Kairouan. Ces plateformes permettront aux agriculteurs d'exporter directement leurs produits. Le secteur de la pêche a généré une production de 109,7 mille tonnes en 2006, contre 108,7 mille tonnes, une année auparavant, soit une augmentation de 1%. Les exportations ont atteint 22 mille tonnes pour 234 millions de dinars en 2006, contre 21 mille tonnes et 207 millions de dinars en 2005. L'exposé exhaustif du président de l'Utap a été suivi par deux conférences, l'une sur « l'application de la carte agricole dans la plantation des oliviers à Kairouan » et l'autre « les variétés de l'huile d'olive ». Dans le communiqué final, les agriculteurs n'ont pas manqué de relever la question des circuits de distribution et des conséquences négatives sur les prix de l'abondance de la production. Ils suggèrent de s'inspirer de l'expérience de la fixation des prix du lait et tenir compte des coûts des intrants. L'engagement pour l'amélioration du rendement de la production agricole est perceptible dans toutes les interventions.
