" Une meilleure qualité de vie, dans des villes plus agréables ", un slogan auquel les Tunisiens aspirent, certes à concrétiser un jour. Chacun rêve de vivre dans une cité propre, une ville agréable, mais la réalité est beaucoup plus loin de ça et plus amère encore. " La ville jardin ", " l'école jardin ", " l'hôpital jardin ", " l'hôtel jardin " et " les villes et villages fleuris " restent des illusions. Au contraire, des sites naturels riches en biodiversités sont en voie de disparition. Les projets en cours de réalisation ou qui sont programmés pour les prochaines années ne sont en fait qu'une arme à double tranchant. Il s'agit dans ce contexte des décharges contrôlées qui sont en train d'être implantées dans les différentes villes tunisiennes mais de façon abusive dans quelques cas. C'est au détriment de l'environnement, de sources de revenu des petits agriculteurs et des citoyens des localités que ces décharges sont construites. A titre d'exemple, celle qui sera créée dans la région de Mahdia dans les quelques jours à venir, fait l'objet d'un différend à Ksour-Essef et Sidi Alouane, deux villes agricoles. Les citoyens de ces localités sont contre le projet qui sera bâti sur une colline, terre fertile pour l'apiculture, entourée d'une oliveraie qui compte trois mille arbres et située à proximité des zones urbaines, d'où un emplacement mal situé. Pis, le Plan de Gestion Environnemental (PGE) stipule que la construction des décharges contrôlées doit avoir lieu sur des terrains appartenant au Domaine de l'Etat et qui ne présentent pas de problème foncier. Ce qui n'est pas le cas pour ce projet qui sera édifié sur des terres privées et utilisées en la circonstance abusivement. Les propriétaires risquent de voir leurs biens se transformer en décharge dans les quelques jours à venir. Plusieurs labels ont été affichés lors des dernières années pour donner au concept « Tunisie ; la qualité de la vie » un nouvel élan. Un programme qui a pour objectif d'assurer le bien-être du Tunisien et de protéger l'environnement contre toutes les formes d'exploitation d'autant plus que notre pays a misé sur cette composante et fut parmi les premiers à adhérer au Protocole de Kyoto. Pour ce faire, une politique globale a été adoptée dans le domaine en se basant sur le concept « développement durable » qui prend en considération des facteurs déterminants notamment, le développement économique et social à long terme. Toutefois, les projets en cours de réalisation ou qui sont envisagés prochainement, dont le port en eaux profondes d'Enfidha et les décharges contrôlées qui seront réalisés au détriment même de l'environnement et des citoyens, essentiellement les petits agriculteurs qui n'ont guère d'autres sources de revenu que leurs lopins de terre. Des décharges synonymes de destruction de la végétation et du paysage naturel, tel le cas de celui du gouvernorat de Mahdia, puisque le site choisi à Ksour-Essef se trouve au milieu d'une zone agricole, où des forêts d'oliviers s'étendent sur des hectares et risquent à moyen et long termes d'être infectées par les tonnes de déchets qui seront entassés. Le site est également une terre fertile pour l'apiculture, où une quarantaine de ruches d'abeilles sont installées. Car, l'emplacement est riche en plantes (romarin, thym...). C'est la localité de Sidi Alouane qui bénéficie de cette réserve naturelle, d'ailleurs, tout un festival du miel a vu le jour depuis des années dans la ville ce qui prouve l'importance de cette activité agricole et économique dans la sphère sociale de la région et même du pays. La production en la matière se chiffre en mille de tonnes selon les statistiques affichées par la direction locale de l'Union Tunisienne de l'Agriculture et de la Pêche.
Appel des citoyens Mais l'incompatibilité réside dans le mauvais choix d'un lieu inapproprié où le projet sera édifié sur des terres privées d'une façon abusive sans aucun consentement ni coordination entre les décideurs locaux et régionaux envers lesquels revient la concertation pour émettre leur avis. Très souvent, la réalisation des projets environnementaux se base sur la coordination entre les différentes composantes de la ville et ce à travers la contribution de toutes les parties concernées dont les composantes de la société civile et les citoyens. En revanche, les habitants des deux localités n'ont pas été impliqués ni de prés ni de loin dans ce processus, la preuve en est la pétition signée par plus d'une centaine de personnes et qui a été adressée à la Présidence pour résoudre ce problème. Ces derniers ont lancé un appel pour arrêter l'exécution du projet lequel une fois édifié portera atteinte à la nature à court, moyen et long termes, c'est-à-dire lors de l'exécution et de l'exploitation de la décharge. L'impact sera incontestablement lourd à savoir ; la destruction de la végétation naturelle, le changement du paysage naturel, la perturbation des écoulements des eaux de surface et la contamination de nappe phréatique profonde par les rejets du chantier. Le projet risque aussi d'affecter la qualité physico-chimique des eaux et de modifier les débits des flux et les cours d'eaux qui déversent dans les oliveraies. La faune sera détruite ainsi que les touffes de plantes existantes. Des espèces végétales vont disparaître alors que le ministère de l'Environnement et du Développement Durable ne cesse de parler des programmes de protection de l'environnement et de la préservation de la biodiversité. En un mot, le paysage naturel de la zone changera vers le pire, certes. Les citoyens s'étonnent du fait qu'il n'y a pas eu une concertation à propos de la question et qu'ils étaient même écartés voire marginalisés. Eux qui aspirent à voir le visage de leurs communes s'améliorer de sorte qu'il fasse toujours bon d'y vivre dans ces régions. Ils appréhendent également de voir l'avenir de leurs enfants, leurs petits-enfants, leur ville, ternir avec ce projet qui a pour objectif de lutter contre les décharges anarchiques. Le ministère ainsi que ses différentes structures sont supposés travailler en se basant sur une stratégie environnementale qui répond même aux normes internationales, entre autres, l'amélioration de la qualité de la vie, la promotion de la santé environnementale, la gestion durable des ressources naturelles et la réduction de la vulnérabilité aux risques et catastrophes naturel. Mais les projets démontrent le contraire. Même les résultats des études d'impact sur l'environnement ne sont pas respectés à la lettre. L'Agence Nationale de la Protection de l'Environnement se contente de donner son avis et non pas de réagir. Fermer les décharges anarchiques est certes bénéfique pour la population mais cela ne doit pas se réaliser au détriment d'autres sites naturels propres et qui servent de source de revenu pour les petits agriculteurs.