Des hommes dignes, des Espérantistes purs et désintéressés sont en train de tout faire et d'intensifier les bons offices pour dissiper cette mésentente entre Hamdi Meddeb et Slim Chiboub. Deux hommes indispensables à l'Espérance. Parallèlement, sur un autre front, des pêcheurs en eaux troubles sont en train de tout faire pour qu'ils ne se rapprochent plus l'un de l'autre. Ce sont les immanquables opportunistes. Que se passe-t-il en fait ? Hamdi Meddeb a dû prendre en main une Espérance qui avait peut-être obtenu de bons résultats sur le terrain mais dont la situation financière était pour le moins catastrophique. Nous publiions, la saison dernière, les chiffres réels de l'exercice dont a hérité Meddeb: passif de près de 3 millions de dinars, et des charges énormes du fait d'un surnombre de joueurs de pacotille. Le principal soutien de Meddeb au moment d'accepter la présidence espérantiste? Chiboub . Et bien sûr, les Espérantistes communs, ceux qui croient que Meddeb, enfant de Sidi El Bahri, incarne la sensibilité populaire espérantiste. Cela rompait, à leurs yeux, avec l'embourgeoisement vers lequel glissait le club, et à la faveur duquel on fêtait Coupe et championnat dans des boîtes huppées de la banlieue nord et non plus à Bab Souika et Al Halfaouine… Pour autant, les deux hommes paraissaient en symbiose. Et d'ailleurs, Meddeb avait bien été vice-président de Chiboub et il eut le courage et cette marque de fidélité en démissionnant au moment où Chiboub quittait le Parc B. Peut-être n'ont-ils pas travaillé longtemps ensemble. Peut-être qu'au fond, ils ne se connaissaient pas bien. Car autant Hamdi Meddeb paraît introverti, autant Slim Chiboub paraît extraverti. Dans les deux cas, c'est faux. Meddeb ne se gêne pas en effet pour parler et frapper sur la table. Stratégiquement, Chiboub se réfugie dans un silence strident. Car lorsqu'il se tait, on s'agite autour de lui. Cassure? Le terme est excessif. Et s'il est utilisé et amplifié, c'est parce qu'il y a des courtisans et des brebis galeuses qui n'ont guère intérêt à ce que les deux hommes se mettent autour d'une même table. Hamdi Meddeb aura fait quelques clins d'œil. D'abord à "Belmakchouf" rappelant la manière de travailler de Chiboub et, aujourd'hui, sur nos colonnes. Mais là, il y aura encore des "commentateurs" qui redoubleront de hardiesse pour démontrer à quel point l'un est "gentil" et l'autre "méchant"… On connaît le jeu. Mais cela tient aux deux hommes – deux hommes importants pour l'Espérance – de leur couper l'herbe sous les pieds, en cette année du 90e anniversaire du club. "Qu'est-ce qu'une brouille? écrivait Sartre à Camus, si ce n'est une autre façon de vivre ensemble".