Cet article ne comporte guère de préjugés. Il faut donc le lire au premier degré. Mais il relate des vérités palpables dans le monde de la nuit Dans le jargon des clubbers, on dit que ce sont des soirées « à la grande ». Parce que dans ces soirées, tout est grand : les D.J. de grosse pointure, des clubbers de grand calibre, des prix costauds, une organisation irréprochable, une ambiance grandiose... Ces soirées « in », très Jet Set, sont devenues un phénomène dans notre pays. C'est la grande mode : chaque semaine on annonce l'organisation d'une soirée de ce genre sinon deux. Ce qui est encore étrange, c'est le succès populaire de soirées censées être select puisque le prix d'une table avoisine les mille dinars ! C'est à croire que les jeunes tunisiens sont tous des petits bourgeois introduits dans le milieu de la nuit éclairée par les paillettes et l'argent. Visite guidée dans cette ambiance feutrée.
Avant les soirées étaient organisées en été, et rarement en hiver. Aujourd'hui, pas une semaine ne passe sans qu'un D.J. de renommée internationale ne fasse un passage par la Tunisie même en basse saison. Samedi, dans un hôtel de la Banlieue Nord, nous avons assisté à l'une de ces fameuses soirées pour découvrir cet univers fermé. En toute honnêteté, l'ambiance était vraiment d'enfer, un pur divertissement, un défoulement garanti. La soirée affichait complet et les gens s'impatientaient encore devant l'entrée en se disant que c'est la soirée à ne pas rater. Cela va sans dire qu'il ne s'agit pas d'un méga concert gratuit ou avec un prix symbolique. Déjà pour entrer danser et rester debout toute la nuit, il vous faut débourser 25/30 D. Si vous aimez arroser luxueusement vos veillées, il y a le carré VIP (qui n'est pas pour monsieur tout le monde) les tables à 500 D et celles à 1000 D. Eh oui ! tout a un prix. Il faut mettre le paquet pour être un vrai « Jet Setteur ».
Peu importe les raisons qui poussent les jeunes à faire partie du public, pour profiter il faut payer. Les raisons qui motivent les jeunes sont différentes. Certains y vont pour y être vus, histoire de frimer et montrer qu'ils sont supérieurs car ils sont branchés et friqués. D'autres parce qu'ils ont envie simplement de se défouler et danser sur des mixages en live. Les filles en général accompagnent les garçons qui ont réservé une table. Dans le code des clubbers frimeurs, c'est un critère de pouvoir et un signe de fierté que d'avoir la bouteille d'alcool hyper-chère et une brochette de jolies filles. De préférence habillées en 20 cm de tissus, dansant sur la table, entourées de mâles bavant devant ces créatures déchaînées. Des filles bien sapées, bien maquillées qui restent en forme jusqu'à l'aube (5h ou 6h du matin) pour pouvoir faire la fête dans un after. Pour ce genre de soirées, certains seraient prêts à vendre père et mère. Hichem un amateur des soirées pailletées, explique « je connais des jeunes qui dépensent tout leur argent de poche en une soirée et restent sans un rond le reste du mois. Même un homme célibataire avec un salaire modeste a une fois dépensé son salaire en deux soirées ! . C'est logique, puisque pour pouvoir bénéficier d'une table, il faut payer en minimum 500 D. Chaque participant du groupe d'amis paye sa part pour en récolter le prix, ça se passe toujours comme ça, mais tout dépend du budget du groupe. Si tu es prêt à payer 300 D, tu peux faire appel à une seule autre personne » Ainsi les jeunes ont trouvé le moyen de contourner un obstacle de taille : le coût. Et c'est peut être la passion pour cette ambiance qui se cache derrière le succès de ces soirées. Le jeune tunisien pour une raison ou pour une autre, ne lésine pas sur les moyens pour profiter de cette nouvelle mode. Ce n'est pas pour rien que la Tunisie est la première destination des D.J. internationaux.