Extraits de la publication : « l'Ordre des médecins 1958 - 2008 » Le cinquantenaire du Conseil de l'Ordre des Médecins a été une occasion de rencontre et de fête pour les médecins. Toutes les générations se sont réunies pour fêter dans la joie cet évènement. Cet air de fêtes a certes encouragé à la détente mais n'a pas empêché de débattre à bâtons rompus. On ne pouvait certes pas envisager un cinquantenaire sans une dose d'histoire pour informer les nouvelles générations des œuvres de leurs ancêtres. Ainsi, s'est tenue une conférence intitulée « L'Ordre National des Médecins : le passé, le présent et l'avenir ». Elle a été animée par les docteurs Ahmed Aloulou (dans le volet historique) et Mohamed Néjib Châabouni (dans le côté perspectives). Cette conférence a servi de support à un panel de discussion autour du thème « Quel avenir pour le Conseil de l'Ordre des Médecins ? ». Ce panel a été animé par le président du Conseil de l'Ordre des Médecins Tunisiens, le Docteur Taoufik Nacef. Y ont pris part les docteurs Ferid Ayoub, Hamouda Ben Slama, Mounir Ben Slama, Najah Chniti, Fathi Dérouiche, Mounir Makni et Fethi Tébourbi. Ce panel a permis d'entrevoir des perspectives de la corporation dans le monde et en Tunisie.
Des médecins artistes Le cinquantenaire a été une occasion pour que plusieurs médecins fassent preuve de leurs talents artistiques. Lesquels talents ont été exercés, d'une part, lors du panel « médecine et culture » animé par le Dr Mohsen Mâalej avec la participation des docteurs Azza Filali (romancière-essayiste), Moncef Guiga (artiste-peintre), Mokhtar Ben Ismaïl (poète) et Lotfi Mraïhi (musicologue-musicien). D'autre part, une exposition des œuvres de médecins artistes-peintres et photographes d'art a été organisée et a laissé entrevoir une maîtrise certaine du métier artistique au même titre que des capacités médicales. D'autres médecins ont exposé leurs œuvres écrites. Il s'agit de celles de Sleim Ammar, Taoufik Bachta, Mohamed Salah Ben Ammar, Mokhtar Ben Ismaïl, Azza Filali, Amor Chadli, Béchir Hlayem, Mohamed Hédi Meherzi, Hédi Mhenni, Mohamed Nacef, Hamza Saddem et Moncef Zitouna. Pour confirmer cette fibre artistique, les organisateurs du cinquantenaire ont tenu à ce que la troupe animant la célébration du cinquantenaire soit composée de médecins et ce, aussi bien au niveau de la chorale que celui de l'orchestre. Même les chanteurs étaient des médecins. C'est dire que la corporation s'était suffie à elle-même pour faire son cinquantenaire. Mourad SELLAMI ---------------------------------- Extraits de la publication : « l'Ordre des médecins 1958 - 2008 » Que retenir de cette rétrospective ? Comment faire la synthèse des évènements passés ? Quels enseignements en tirer pour éclairer l'avenir ? L'Ordre des médecins est une organisation nationale « groupant obligatoirement les médecins... à quelque secteur d'activité qu'ils appartiennent ». Il s'est donc efforcé tout au long des décades passées, à être un facteur de rassemblement et d'intégration, même si - comme toute organisation - il a été parfois l'enjeu de luttes de pouvoir et a connu des « crises », vite surmontées, et ayant au final contribué à consolider sa légitimité. Il est à l'écoute de la profession ; chacun de ses membres laisse de côté, une fois élu, ses filiations partisanes et parle au nom de tous les médecins le langage du consensus et de la raison. L'Ordre veille au « maintien des principes de moralité, de probité et de dévouement... » qui doivent caractériser l'exercice médical et au « respect des devoirs professionnels ». En conséquence il veille à être le garant des bonnes pratiques de soins (dans le cadre d'une approche holistique de la santé) et à être empathique avec la demande des citoyens ; sa fonction est de « soutenir », arbitrer, concilier, trancher (parfois), en aucune façon celle de procureur (« à charge »). Du fait de la mission qui lui est déléguée, l'Ordre est un partenaire privilégié de (par) l'autorité publique ainsi que d'autres organisations représentatives des professions de santé ou de catégories de citoyens. Ainsi il participe aux processus de prise des décisions : il étudie, propose, argumente, négocie pas à pas, même si, au final la solution retenue traduit un équilibre qui prend en compte seulement une partie des revendications de la profession ; la culture du compromis qui maintient le lien social est un fondement de la philosophie à la base de l'action de l'Ordre. Que retenir de plus de cette rétrospective ? Des images : - Au prix du sacrifice de leurs intérêts matériels - et pour certains de leur liberté -, les médecins s'engagent dans la lutte nationale pour l'émancipation ; - Le premier président élu après l'indépendance démissionne, parce qu'il pense que ses nouvelles fonctions sont incompatibles avec sa responsabilité ordinale ; - Un autre président, non réélu au premier tour de scrutin, se retire jugeant que la légitimité d'un président doit émaner de la « majorité absolue » (soit au moins la moitié des votants plus une voix ») du corps médical ; - Un de leurs successeurs se passionne pour la fonction, se dévoue... jusqu'au sacrifice de ses intérêts personnels. ... qui ont en même temps une portée symbolique. Les valeurs de dignité, d'honneur et de probité qui caractérisent la profession, sont défendues, au premier chef, à travers le comportement exemplaire (respectueux de l'éthique et de toutes les prescriptions de la déontologie), de ses dirigeants, mais aussi de l'ensemble de ses membres. Faute de quoi, le métier de médecin sera, celui d'un technicien « marchand » de services (on shore et /ou off shore), perspective que semblent rejeter la majorité des médecins et qui va à l'encontre des principes de la médecine globale et familiale. Pour terminer, une espérance : bien qu'une prérogative de l'Ordre soit « de participer à la promotion et à l'encouragement de la recherche », cet aspect de la mission a été laissé au second plan, l'Ordre s'étant principalement occupé à fixer des normes pour l'exercice médical. Le moment est venu pour l'Ordre de définir sa contribution à la mise en place de la « société du savoir » et de l'innovation.