Le Temps-agences -De nouveaux rassemblements de jeunes et de militants syndicalistes se sont déroulés hier à Athènes, au 14e jour de la mobilisation contre une bavure policière meurtrière, tandis que les critiques montaient contre la gestion des troubles par le gouvernement conservateur. Ces rassemblements se sont déroulés dans le calme, alors que jeudi soir les échauffourées avaient repris dans les rues d'Athènes. Accusée par les médias de s'être une fois de plus laissée déborder la veille lors de heurts avec des jeunes manifestants, la police restait mobilisée, alors qu'un concert organisé par les coordinations de lycéens et d'étudiants devant le siège de l'Université d'Athènes a réuni dans le calme des centaines de jeunes vendredi dans la soirée. En même temps, des centaines de militants syndicalistes se sont également massés devant le Parlement à l'appel des deux principales centrales syndicales, la GSEE pour le secteur privé, l'ADEDY pour la fonction publique, pour protester contre la politique "d'austérité" du gouvernement de droite, avant le vote dimanche du budget de l'Etat pour 2009. Le siège de la GSEE est occupé depuis mercredi par un groupe affirmant être formé de "travailleurs révoltés". Les occupations se poursuivaient par ailleurs dans plusieurs universités de grandes villes et dans 700 établissements scolaires, selon la coordination lycéenne, un chiffre ramené à une centaine par le ministère de l'Education. Un millier de lycéens et militants communistes ont manifesté dans la matinée à Péristeri, banlieue ouest d'Athènes, où un lycéen, fils d'un syndicaliste connu, avait été légèrement blessé par balle mercredi soir par une personne non identifiée, alors qu'il se trouvait dans la rue avec des amis. La police a exclu être à l'origine du tir, alors que le mouvement de contestation a été déclenché par la mort le 6 décembre à Athènes d'Alexis Grigoropoulos, 15 ans, tué par un policier. Principale cible de la colère des jeunes, les forces de l'ordre avaient mis plusieurs heures jeudi pour venir à bout de quelques dizaines de fauteurs de troubles dans les rues d'Athènes, à l'issue d'une manifestation de gauche ayant rassemblé dans le calme 5.000 personnes. Huit jeunes, dont deux mineurs, avaient été arrêtés lors de ces échauffourées. Trois voitures, un drapeau grec, des chaises et tables de cafés avaient été incendiés, tandis que les riverains suffoquaient dans un épais nuage de gaz lacrymogène. L'opposition socialiste a saisi l'occasion pour accuser le gouvernement d'avoir perdu le contrôle de la situation et réitéré son appel à des élections anticipées. Une centaine de personnalités, universitaires, magistrats et économistes, ont de leur côté lancé une pétition appelant le gouvernement à "agir immédiatement pour rétablir la confiance" et la cohésion sociale. "Des actes", titrait aussi en une hier le quotidien socialiste To Vima, tandis que le libéral Kathimérini s'interrogeait sur l'apparent immobilisme gouvernemental face à une violence devenue "une routine tragique".