Le Temps-Agences - Le procès du journaliste irakien rendu célèbre par son jet de chaussures contre George Bush ouvrira le 31 décembre, annoncent les autorités judiciaires. Mountadhar Al Zaïdi est poursuivi pour "agression contre un chef d'Etat étranger en visite en Irak", a déclaré le porte-parole du Haut Conseil judiciaire irakien. Il risque jusqu'à 15 ans de prison. "La cour pénale a fixé la date du procès au 31 décembre. Un panel de trois juges dirigera les audiences." "L'affaire n'est pas compliquée et je ne pense pas qu'il faudra attendre longtemps avant de parvenir à un verdict", a-t-il ajouté. L'avocat de Zaïdi a déclaré que son client avait été sévèrement battu après l'incident, survenu en pleine conférence de presse le 14 décembre à Bagdad, mais le journaliste ne regrette aucunement son geste. Selon son frère Oudaï, Mountadhar Al Zaïdi a confié dimanche à un juge d'instruction qu'il s'était attendu à être abattu après avoir lancé sa première chaussure. Mais cela ne s'étant pas produit, "'ils m'ont donné le temps de jeter la deuxième'", a déclaré le journaliste en ajoutant : "Si on remontait le temps, je referais la même chose." LE FRÈRE ACCUSE Le procès de Zaïdi, devenu un héros national, sera certainement suivi de près en Irak. Les autorités ont promis aux médias un accès sans entrave aux audiences. Oudaï Zaïdi, qui a vu son frère pendant une heure dans un lieu tenu secret situé au sein de la "zone verte", le secteur ultraprotégé de la capitale où siègent les administrations et les ambassades, a déclaré que "les signes de torture étaient nets sur son visage et son corps". Il a précisé que son frère avait perdu une dent, qu'il avait le nez abîmé, et qu'il portait des hématomes sur les bras et les jambes. Oudaï Zaïdi avait affirmé dans un premier temps que le reporter avait eu un bras cassé, ce qu'il n'évoque plus depuis plusieurs jours. Selon lui, Mountadhar Al Zaïdi a été torturé pour qu'on lui fasse avouer qu'il avait été incité par un complice à jeter ses chaussures sur le président américain. Il a ajouté que les excuses de son frère lui étaient arrachés par la torture . Le Premier ministre Nouri Al Maliki a fait allusion dimanche à un complice ou un instigateur. Le chef du gouvernement a condamné le geste du reporter de la chaîne Al Bagdadia mais ne voudra sans doute pas s'aliéner les nombreux partisans de Zaïdi, devenu une vedette régionale et internationale par le biais de la diffusion de la vidéo de l'incident sur Internet. Lors d'une rencontre avec des journalistes dimanche, Maliki a promis que la justice suivrait son cours sans ingérence, même si elle décide la libération du reporter d'Al Bagdadia. Celle-ci est réclamée tant par les communautés chiite, majoritaire en Irak, que sunnite, minoritaire mais qui détenait le pouvoir au temps de Saddam Hussein.