De plus en plus de parents et surtout des mères, éprouvent des difficultés à se séparer de leurs enfants. Les parents ont tendance à garder leur enfant. Certains sont malheureux loin d'eux. Pourtant leurs fils ou filles voudraient bien s'épanouir et se libérer de l'entourage familial. Comment vivent les parents cette séparation? Comment doit se construire cette autonomie des enfants ? Une enquête anglaise montre comment en deux décennies la liberté de mouvement de l'enfant a considérablement diminuée : "en 1971 80% des enfants de 7-8 ans étaient autorisés à aller seuls à l'école, ils ne sont plus que 9% en 1990. Les enfants de 9 ans et demi en 1990 se trouvent réduits à la liberté de mouvement des 7 ans de 1971. La moitié des enfants étaient autorisés à prendre seuls le bus en 1971, ils ne sont plus que le septième en 1990." Ces exemples attestent que certains parents ne peuvent pas se séparer de leurs enfants qui veulent s'éloigner de l'environnement familial. Or ce qui caractérise la sociabilité enfantine c'est qu'elle dépend des adultes. Nombre de situations où ils sont avec d'autres enfants parmi lesquels ils peuvent choisir leurs amis sont construites par les adultes : école, centre ou club de loisirs, voisinage, famille. Les adultes structurent fortement l'espace de la sociabilité enfantine. L'enfant va choisir ses amis dans un cadre construit par les adultes. A cela peut s'ajouter un contrôle sur les fréquentations, les invitations et les sorties. Nadia mère d'une fille de 15ans nous dit "J'ai du mal à quitter ma fille. Au travail, j'essaie toujours de l'appeler au téléphone. C'est une adolescente fragile. Je ne peux pas la laisser seule surtout qu'elle est trop timide et qu'elle n'a pas les moyens de se défendre" Samia mère de deux garçons ajoute " Je surveille toujours mes fils de près. J'ai peur d'une mauvaise fréquentation et ses conséquences fâcheuses " Il est vrai que quel que soit son âge, l'enfant n'a pas toujours la capacité d'exercer l'autonomie qui est attendue de lui ou qu'il désire. Yoland Maury spécialiste en sciences de l'information et de la communication estime que "l'autonomie de l'enfant est à la fois une finalité éducative (développement d'une personne autonome et responsable) et un moyen de développement personnel (capacité à se déterminer par soi-même). Le jeune autonome est capable de se servir de ses propres capacités pour agir sans être guidé par un autre, il est capable de se déterminer par lui-même, de faire preuve de distance morale, émotive, et intellectuelle. Au niveau comportemental, il sait prendre des initiatives et des responsabilités dans la vie (l'attitude contraire étant la dépendance, à autrui et au contexte), il est capable de s'engager, de faire des choix, de faire preuve de créativité. Son comportement est un comportement de curiosité, de questionnement, à la fois fonctionnel, social, cognitif."
L'autonomie: un chemin d'intégration vers le monde des adultes L'autonomie est à la fois facteur d'émancipation, d'accomplissement de soi, et chemin d'intégration vers le monde des adultes. L'enfant autonome pourra désormais participer pleinement à la vie collective, en citoyen libre, capable de penser et d'agir. Samiha animatrice dans une crèche nous fait remarquer que " la symbiose mère-enfant est nécessaire. Il y a des moments avec l'enfant et des moments sans. Sinon des problèmes risquent de perdurer jusque dans l'adolescence. Par exemple si une mère porte toujours son enfant, il y aura un retard dans l'acquisition de l'équilibre et de la marche donc de l'autonomie. Pareil pour habillage déshabillage. Petit, si on ne le fait pas participer à sa toilette et habillage, il se dira ok on le fait à ma place....et ainsi de suite." Samir professeur dans un lycée : "les parents ont un rôle à jouer. Ils doivent donner plus d'autonomie à leurs enfants sinon on risque de former des jeunes déprimés et révoltés. L'apprentissage de l'autonomie est indispensable mais il doit se faire en douceur. Certains parents ont peur que leur enfant soit malheureux loin d'eux. Mais cette séparation ne doit pas être totale car l'enfant a besoin de sa mère, de son père. On doit préparer cette séparation et si l'enfant ou la mère en souffre, il faut faire une mise au point et peut-être consulter un psychiatre ou un psychologue. Ces derniers recommandent toujours la permissivité, l'écoute, le respect de l'enfant et mettent en garde les parents contre tous les traumatismes qu'une éducation mal pensée pourrait occasionner, et par conséquent contre toutes les névroses qui guettent ces futurs adultes"