Le premier trimestre vient d'achever. Il a alimenté un flot de commentaires au sujet de chaque épreuve notamment les mathématiques qui demeurent une matière mal aimée par certains élèves. Cette "matière reine" ne fait plus recette. Les nuls sont malheureusement nombreux. Problème d'image, estiment certains enseignants. Problème de difficulté et d'aridité de cette matière, pas assez en phase avec le réel, soulignent d'autres. Mais pourquoi cette psychose des mathématiques ? Comment rendre cette discipline abordable et limpide ? Les élèves n'aiment pas les mathématiques. Ils les considèrent ennuyeuses et superflues. Source d'anxiété, les mathématiques offrent un terrain privilégié aux blocages. Elles peuvent susciter terreur de se perdre dans des notions abstraites. « Je suis vraiment bloqué en maths. Alors que les exercices ne me paraissent pas si compliqués en tant normal je n'arrive pas à venir à bout du moindre petit exercice à l'examen. Je pensais que prendre des cours de maths pourrait m'aider mais ça ne solutionne toujours pas le problème : je mets beaucoup trop de temps à rentrer dedans les exercices et n'ai pas le temps nécessaire alors pour les résoudre. » Souligne Raja, une jeune élève en 3ème économie. Combien d'élèves, lorsqu'ils font des mathématiques, sont saisis par l'angoisse et ne parviennent pas à mobiliser leur intelligence ? C'est le fameux " blocage en maths ". Samir en 2ème année secondaire a un penchant pour les maths. Mais dit -il « j'ai une difficulté. Parfois, je bloque dans la résolution de problèmes mathématiques. C'est du style à rester bête devant le problème et d'être dans l'impossibilité de trouver le bout de la ficelle. On m'a dit que je veux aller trop vite et donc que je ne prends pas le temps de réfléchir. Mais plus je réfléchis, plus je me noie et plus je m'énerve. Dans l'ensemble mes notes sont bonnes, mais ça me frustre de voir certains réussir mieux que moi »Sahbi prof de maths nous fait remarquer que « les mathématiques est une discipline extraordinairement difficile, accessible seulement au plus intelligents : voilà une idée reçue très courante, et qui permet d'excuser tout découragement en la matière : si je n'y arrive pas, c'est que je n'ai pas « la bosse des maths » - et donc, que je suis normal. Apprendre les mathématiques demande un effort exagérément intense. « Racines carrées, théorèmes, géométrie... rien à faire, ça n'entre pas. » affirme Héla en 2ème année secondaire. Que d'angoisses et de difficultés rencontrent les enfants depuis que les maths sont le mètre étalon du "bon élève" Anne Siety spécialisée en psychopédagogie des mathématiques estime que ce blocage est lié à deux facteurs: « Un : les maths seraient inhumaines. Au contraire, soutient-elle, il n'est rien de plus humain. Cette discipline nous renvoie à notre corps, à notre identité, à notre expérience de la relation et de la séparation...Deux : les blocages en maths seraient d'ordre intellectuel. C'est, à l'inverse, parce que cette discipline mobilise des émotions profondes que les maths peuvent devenir si angoissantes. Car la force des affects bloque l'intelligence. Rien ne sert donc de faire subir aux « nuls en maths » des entraînements intensifs. Il convient d'abord d'écouter les élèves et de les laisser exprimer ce qui est à la source de leurs angoisses. » Du coup on parle de sélection par les mathématiques. Nadia mère de deux enfants nous dit « Avec ces coefficients élevés, l'élève moyen ne peut pas avoir une bonne moyenne. Seuls les doués et les cracks ont les plus de chance de réussir avec une forte moyenne » Les déceptions de certains parents s'expliquent par une pratique qui se répond : les cours particuliers qui sont devenues une industrie. Certains enseignants n'expliquent pas bien le cours. Les élèves sont obligés de s'inscrire dans ces cours à la maison moyennant des centaines de dinars. Finalement cette procédure lèse l'élève qui n'a pas les moyens de payer ces cours particuliers.
Surmonter le blocage Plusieurs élèves ne sont pas matheux. Leur profil est plutôt littéraire. Ils trouvent toujours des pièges dans la résolution de certains exercices ou problèmes. Du coup on parle de sélection par les mathématiques. Les parents ne savent pas quoi faire. Très angoissés par les mathématiques, d'autant plus qu'avec les changements de programme, ils se sentent en rupture générationnelle avec leurs enfants. Nadia mère de deux enfants nous dit « Avec ces coefficients élevés, l'élève moyen ne peut pas avoir une bonne moyenne. Seuls les doués et les cracks ont les plus de chance de réussir avec une forte moyenne » Les déceptions de certains parents s'expliquent par une pratique qui se répond : les cours particuliers qui sont devenus une industrie. Certains enseignants n'expliquent pas bien le cours. Les élèves sont obligés de s'inscrire dans ces cours à la maison moyennant des centaines de dinars. Finalement cette procédure lèse l'élève qui n'a pas les moyens de payer. Certains enseignants estiment que pour réussir en maths, il faut travailler « Si on veut obtenir de bonnes notes en maths, il faut travailler et s'entraîner chez soi. L'élève doit bien suivre les explications de son prof en classe et réviser bien ses cours. Il est vrai que certains élèves ne maîtrisent pas bien la langue française. Ils trouvent des pièges dans des énoncés que d'autres jugent parfaitement clairs et limpides. Et là c'est toute la différence entre un élève doué et un élève faible » affirme Mohamed Ali prof de maths. Les psychologues estiment que les blocages en maths ont des sources affectives. C'est ce qu'explique Anne Siety, spécialisée en psychopédagogie des mathématiques explique dans son livre « les maths ,c'est magie » que « le jeu prend ici toute son importance. Il faut revenir au b.-a.ba, aux acquis principaux, sous forme de jeux dit -elle « Ne pas hésiter à reprendre contact avec un support réel : jeu de billes pour compter, pâte à modeler pour expliquer les fractions (ce que je fais même avec des grands!), petites histoires pour expliquer l'addition ou la soustraction Il faut aussi revenir aux émotions, car la pensée mathématique n'est pas que conceptuelle, elle se nourrit de tout ce que l'on vit au quotidien. « Jean est très contrarié : il avait trois billets de 5 €, il compte dans sa poche..., il lui en reste deux. Où a-t-il égaré les autres ? » Bref, les maths demeurent une matière comme les autres. Certes tous les élèves n'ont pas la bosse. L'important c'est d'accorder une importance à ces théorèmes et équations pour éviter toute déception et améliorer ses résultats.