Nous voilà, donc, sommés de nous apitoyer sur le sort de cette Europe qui grelotte de froid et de nous détourner de la barbarie israélienne. Moscou et Poutine, qui se sont depuis longtemps désengagés du Moyen-Orient, font une démonstration de force. C'est le chantage au gaz. Cette « crise » est récurrente. Et cela fait longtemps qu'elle est mise en perspective. Cette affaire de gaz est une aubaine pour les médias occidentaux. C'est la panique en Europe et, du coup, le massacre de Gaza (cruel jeu de sémantique entre Gaz et Gaza !) est relégué au second plan. Mais il n'y a pas que cela : voilà que la sensibilité arabe doit se contenter de ces trois heures quotidiennes de cessez-le-feu pour qu'on puisse acheminer l'aide humanitaire vers Gaza. Et tant qu'à faire pourquoi ne pas louer « l ‘humanisme d'Israël » et « son sens de l'humanitaire » !! Mais c'est comme si Tel-Aviv disait ceci à ce peuple qu'elle extermine : « On vous donne trois heures pour creuser vous-mêmes vos tombes ! ». Sinon ce sont toujours les images horribles des missiles qui fusent, démonstration de force de Tsahal, ce « mythique » Tsahal, une armée de lâches – malgré le mythe de David – et qui ne vaut rien sans technologie de pointe et sans ses missiles et son nucléaire. Jamais l'armée israélienne n'osera affronter un adversaire de face. Ses soldats ne savent pas faire la guerre tout comme les Américains au Vietnam et les Soviétiques en Afghanistan. Et pourquoi Israël a-t-il interdit aux correspondants de guerre étrangers de couvrir cette « guerre » ? Pour qu'on ne relève pas le désarroi, la peur, la lâcheté des soldats israéliens. Car, en définitive, les images distillées par le Tsahal veulent entretenir le « mythe de l'invincibilité ». De l'intérieur de Gaza, les images de carnage et d'horreur montrent certes un peuple vivant l'une des plus grandes tragédies qu'aient vécues l'humanité. Mais, nous voyons un peuple digne, stoïque, qui résiste ; des pères et des mères qui lèvent des doigts vers le ciel face aux cadavres de leurs enfants mais qui n'implorent pas pitié. En revanche, nous avons vu des civils israéliens, comiques et ridicules, courir pour se cacher, pleurer, paniquer parce qu'une minable roquette faisait des signaux dans l'air ! Maintenant, comme d'habitude, dans leur satisfaction triomphaliste, les « politiques » avancent des ébauches de solution. On a vu MM. Moubarak et Sarkozy fondre dans des effusions d'amitié comme si le « oui » roublard, hautain et ostensible d'Israël pour le plan égyptien était crédible. Non, le ballet diplomatique tourne à la dérision. La seule logique, certaine, tangible, c'est cette machine de guerre qui extermine un peuple sans défense. Remercions-la plutôt pour ces « trois heures de clémence ». Tirons nos mouchoirs pour pleurer face au psychodrame de cette Europe qui a froid...