Les punitions scolaires doivent avoir en principe un caractère individuel et personnel, selon le régime disciplinaire en vigueur. Infliger une punition à toute la classe en une seule fois relève par conséquent de l'arbitraire et de l'injustice, sachant que dans de telles circonstances on pourrait porter atteinte à des élèves innocents. Et pourtant, ces punitions collectives continuent à sévir dans nos écoles, notamment en primaire et au collège. En principe, la sanction doit avoir pour finalité d'attribuer à l'élève fautif la responsabilité de son acte tout en lui faisant prendre conscience de la gravité des conséquences de sa faute ; c'est un rappel à l'ordre et une mise en garde de l'élève contre toute transgression des règles qui régissent l'institution scolaire. Pourquoi donc certains instituteurs ou professeurs ont souvent recours aux sanctions collectives ? Est-il parfois nécessaire de donner un travail supplémentaire, en guise de punition, à tous les élèves d'une même classe en vue de rétablir l'ordre ou faire régner le silence pendant le cours ? Le régime disciplinaire actuel est-il devenu incapable de jouer son rôle dans une école en perpétuel changement où les élèves ont une mentalité autre que celle des élèves d'antan ? L'individualisation de la punition est donc essentielle : à chaque élève fautif la sanction méritée. De ce fait, si tout un groupe d'élèves s'avère coupable, la même punition pourrait être infligée à tous les élèves de ce groupe, une fois identifiés, sans pour autant violer le principe de l'individualisation de la punition. Cependant, selon certains enseignants, une punition collective est souvent une exigence pédagogique, si elle consiste à donner un travail supplémentaire portant sur le programme ; cela peut avoir un double avantage : d'abord, permettre de retrouver les conditions normales du travail pour avancer dans le programme et, ensuite, c'est une occasion offerte aux élèves de travailler davantage à la maison, chose qu'ils ont tendance à négliger souvent. Toujours est-il qu'en cas d'une punition collective, du genre « Recopiez la leçon vingt fois ! » ou « Recopiez le théorème de Pythagore cent fois ! » ou autres corvées de ce genre ne pourrait pas toujours être justifiée. En effet, a-t-on pensé à l'amertume des élèves sérieux et appliqués qui payent pour les élèves paresseux et turbulents ?
Méthodes « moyenâgeuses » Sur cette question, les opinions divergent. Les uns justifient la pratique de cette punition collective en évoquant les conditions difficiles du travail de l'enseignant avec des élèves de plus en plus difficiles à gérer. Les autres voient que cette méthode punitive est totalement injuste et qu'aucune théorie pédagogique ne peut la justifier. D'autres encore pensent qu'il faut voir le fond du sac pour mieux comprendre ce phénomène tout en critiquant l'actuel régime de discipline dans nos écoles, devenu vétuste et inefficace. Quant aux parents, ils sont complètement dépaysés, ne sachant au juste ce qui se passe à l'intérieur de l'école, soit parce qu'ils sont souvent déroutés par leurs enfants qui leur cachent certaines vérités sur leur vie scolaire, soit qu'ils font la sourde oreille pour éviter les confrontations avec les profs ou l'administration, chaque fois qu'ils sont informés d'un débordement quelconque émanant de leur enfant. Certains, analphabètes et peu « chauds » à ces droits d'enfants dont ils entendent parler chaque année à la télé, sont encore fidèles aux anciennes méthodes des fessées et des coups de baguette et des oreilles tirées et ils viennent solliciter certains profs pour user de ces méthodes avec leurs enfants ; alors que d'autres parents, plus cultivés, sont plus soucieux du sort de leur progéniture et viennent souvent à l'école comme pour s'assurer si « les Droits de leur enfant » sont bien respectés ! Pour ces derniers, il ne faut ni gronder un enfant, ni le critiquer, ni le punir, pour ne pas le traumatiser, le complexer ! Il faut plutôt le chouchouter!
La baguette toujours là Quoique le châtiment corporel soit proscrit par la loi depuis des années, dans les écoles primaires, la baguette du maître continue à faire peur à ces gamins de 6 à 11 ans et souvent avec l'approbation de certains parents qui croient qu'une punition provenant d'un enseignant ne doit pas être critiquée, tant que ce dernier en use à bon escient, dans l'intérêt de l'élève. Lilia, mère d'un petit écolier de 7 ans nous a relaté les faits suivants: « Un jour, mon fils est sorti de l'école en pleurant ; des traces de coups sont encore visibles sur la paume de la main. C'est le maître qui, exaspéré par le bavardage continu des élèves, a donné deux coups de baguette à chacun des élèves. Franchement, je n'ai pas protesté, tant que la punition a été collective ! Et puis ça leur apprendra à se tenir tranquilles en classe ! » En effet, rares sont les parents qui interviennent auprès du maître ou du directeur pour s'enquérir des circonstances de cette punition collective subie par toute la classe. Ils préfèrent s'en abstenir, préférant rester en bons termes avec l'enseignant de leur enfant, considérant qu'il y a certainement un sens moral derrière cette punition collective. Ne dit-on pas « Qui aime bien, châtie bien ? » Car, certains élèves turbulents qui ont reçu des coups ou des gifles de leur maître deviennent récidivistes dès qu'ils apprennent qu'ils ont été défendus par leurs parents auprès du maître ; ils se sentent alors protégés, ce qui les rendra encore plus turbulents et plus indisciplinés ! Certains parents sont, en revanche, catégoriques ; ils gardent certainement encore un mauvais souvenir de ces châtiments corporels qui leur ont été infligés dans leur enfance. Moncef, père de deux enfants nous a donné son avis : « Les punitions collectives sont interdites à l'école. Il y a un texte de loi qu'il faut respecter ! Il faut punir seulement le coupable pour inculquer à notre progéniture la notion de justice. Certains enseignants recourent à la punition collective pour éviter de perdre du temps dans le repérage de l'élève fautif ; c'est injuste de punir des élèves pour une bêtise ou une insolence qu'ils n'ont pas commise ! Ça encourage les malfaiteurs à récidiver ! » . Ainsi adeptes et opposants de la punition scolaire s'affrontent et la question est posée de plus en plus sérieusement dans le monde entier, si bien que dans certains pays, on pense carrément au retour au châtiment corporel, comme au Japon, on envisage de retourner aux châtiments corporels surtout dans les classes primaires...Quelle que soit la position des uns et des autres, le laxisme et la démission observés aujourd'hui chez les parents ne doivent pas justifier le recours systématique aux punitions étant donné que les méfaits de la punition (individuelle ou collective) dépassent de trop les bienfaits.