Le Temps-Agences - La nouvelle administration américaine de Barack Obama s'attaque au dossier du Proche-Orient en y dépêchant hier son émissaire George Mitchell, avec pour première étape Le Caire. Suscitant de fortes attentes, M. Mitchell est arrivé dans la région alors que règne depuis le 18 janvier un cessez-le-feu fragile dans la bande de Gaza, après une agression israélienne meurtrière de 22 jours. Premier grave accroc depuis ce cessez-le-feu, un soldat israélien a été tué hier matin en lisière de la bande de Gaza et un Palestinien a péri dans des tirs israéliens de représailles, selon des sources médicales et l'armée. C'est par l'Egypte, point focal des négociations pour une trêve durable à Gaza et une réconciliation inter-palestinienne, que le sénateur Mitchell, un "médiateur" réputé, a commencé sa tournée qui doit aussi le mener notamment en Israël, en Cisjordanie, en Jordanie et en Arabie saoudite. Dès son arrivée dans l'après-midi hier, M. Mitchell a brièvement rencontré à l'aéroport du Caire le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Javier Solana, puis le secrétaire général de la Ligue Arabe Amr Moussa. Il devait ensuite s'entretenir avec le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmed Aboul Gheit, sans déclarations prévues à la presse. Il doit être reçu ce matin par le président Hosni Moubarak, initiateur du plan en négociation pour conclure une trêve de long terme entre Israël et le Hamas. M. Aboul Gheit a présenté hier un calendrier possible de sortie de crise pour Gaza, à commencer par cet accord de trêve "permanent" entre les deux belligérants, début février. Il prévoirait l'ouverture de points de passage puis le coup d'envoi, vers la fin février, d'une réconciliation inter-palestinienne. Une conférence internationale pour la reconstruction de la bande de Gaza aurait lieu le 28 février en Egypte. Des responsables palestiniens ont indiqué que l'Egypte visait les dates du 5 février pour l'accord de trêve, et du 22 février pour les discussions inter-palestiniennes entre factions rivales, principalement le Hamas et le Fatah de Mahmoud Abbas. M. Obama a annoncé investir M. Mitchell de tous les pouvoirs nécessaires pour remettre sur les rails le processus de paix israélo-arabe. L'administration de George W. Bush, très impopulaire dans la région, a échoué dans son ultime tentative de conclure un accord de paix israélo-palestinien dans le cadre fixé à la conférence d'Annapolis en 2007. En envoyant M. Mitchell, "je tiens ma promesse disant que nous n'attendrons pas la fin de ma présidence pour nous occuper de la paix entre Palestiniens et Israéliens, que nous allons commencer dès à présent", a dit M. Obama. Il a aussi indiqué lui avoir donné pour consigne de "commencer par écouter parce que, trop souvent, les Etats-Unis commencent par dicter". "Nous espérons que le sénateur Mitchell pourra nous donner des idées sur la manière de consolider le cessez-le-feu, pour assurer la sécurité d'Israël et faire en sorte que les Palestiniens de Gaza reçoivent les approvisionnements de base dont ils ont besoin", a-t-il précisé. Pour Robert Malley, directeur Moyen-Orient du centre de réflexion International Crisis Group (ICG), l'administration Obama va être "face à des dilemmes et des défis compliqués" qu'elle aurait préféré traiter plus tard. "Quel rôle pourront jouer le Hamas et l'Autorité palestinienne dans la reconstruction? Quel rôle joueront les Etats-Unis dans la perspective d'une possible réconciliation palestinienne? Voici les questions du lendemain de la guerre", a-t-il dit.