L'évaluation des résultats des programmes de maîtrise d'énergie dépend des objectifs tracés et, également, de l'adéquation de ces objectifs avec l'état des lieux dans les différents secteurs concernés. De multiples questions ne cessent d'être posées sur les résultats de l'introduction de l'énergie solaire dans l'habitat, la rationalisation de la consommation énergétique dans l'industrie et le transport, la maîtrise d'énergie dans l'administration, etc. Il est intéressant de constater que les divers programmes de maîtrise d'énergie, entrepris entre 2004 et 2008, ont déjà abouti à une économie de 9,6 % de la quantité d'énergie prévue à consommer et que les ratios énergétiques se soient nettement améliorés et sont passés de 0,352 tonne équivalent pétrole pour 1.000 dinars de PIB, en 2004, à 0,318 TEP/1.000D, en 2008. Mais, il faudrait que ces ratios soient évalués objectivement sans la moindre euphorie excessive pour se situer par rapport aux objectifs possibles en matière de maîtrise d'énergie.
Les résultats obtenus L'évaluation en matière de bilans énergétiques ne dépend pas de la consommation, elle-même, mais de l'efficacité de cette consommation. Car il est normal que l'on consomme de l'énergie pour la création des richesses. Mais, il faut rationaliser cette consommation pour avoir une incidence minimale sur le coût du produit. L'efficacité énergétique s'est nettement améliorée durant la dernière décennie. Elle est passée de 0,389 TEP/1.000 D en 2000 à 0,352 TEP/1.000 D en 2004 et à 0,318 TEP en 2008. On est encore un peu loin des 0,250 TEP/1.000 $ des pays industrialisés mais il est judicieux de persévérer sur les programmes entrepris qui ont déjà permis d'économiser près de 1.700 millions de dinars en 4 ans. Dans le secteur industriel, 283 entreprises ont été recensées comme étant les plus énergivores et consomment 80 % de la quantité d'énergie du secteur. Elles sont appelées à adhérer à un programme d'audit énergétique et 206, parmi elles, ont déjà signé des contrats programmes. Les 77 entreprises restantes adhèreront, en principe, en 2009. En matière d'utilisation de gaz naturel, le nombre de branchements domestiques est passé de 221.000, en 2004, à 460.000, en 2008. L'objectif tracé, c'est de parvenir à 500.000 abonnés à la fin de 2009. Pour l'utilisation de l'énergie solaire, la STEG a installé, en 2008, 80.000 m2 de capteurs dans le secteur de l'habitat contre 8.000 m2 en 2004. La surface totale de capteurs fonctionnels est parvenue à 322.000 m2 dans près de 200.000 logements. L'utilisation des lampes économiques prend de l'ampleur. Deux millions 500.000 lampes économiques ont été vendues en 2008, portant à 65 % le taux de couverture du réseau en la matière.
Ce qui ne va pas Les établissements publics ont eu l'habitude de présenter leurs résultats en termes de performance. Ils évaluent par rapport aux résultats de l'année précédente en omettant de signaler les imperfections. Pourtant, mettre le doigt sur les manquements, permet de bien voir les défauts pour mieux les corriger. Un bilan, c'est aussi des satisfactions et des défauts. En matière de maîtrise d'énergie, s'il est vrai que nous sommes à 200.000 foyers avec des capteurs solaires pour le chauffage de l'eau, on n'a pas encore couvert le quart de la population. Au rythme de 60.000 installations annuelles, il nous faut plus de 20 ans pour généraliser ce mode d'énergie à toute la population. Un programme aussi substantiel pour l'économie nationale, mérite plus de rigueur. Des experts en la matière ont rappelé à plusieurs reprises qu'en Espagne (et en Palestine occupée), le mode exclusif de chauffage de l'eau, c'est le solaire. Une autorisation de bâtir n'est pas accordée si le promoteur ne prévoit pas l'énergie solaire pour le chauffage de l'eau. Rien n'empêche la Tunisie d'opter pour les mêmes choix, eu égard à leur incidence sur la maîtrise d'énergie. La même approche critique est également vraie pour les lampes économiques. Un effort de subvention peut être fait pour encourager leur utilisation, voire interdire la commercialisation des autres lampes. De telles indications sont nécessaires pour rappeler ce qui reste à faire sans oublier, bien-sûr, des manquements usuels constatés par les citoyens et dénotant d'un manque dans le suivi. A ce titre, les usagers de la route ont rapporté que la bretelle entourant Sfax, au niveau du kilomètre 10, est allumée durant le jour le long d'un tronçon de plus de deux kilomètres et le même tronçon est éteint la nuit. Cette situation dure depuis des mois sans que personne n'intervienne pour régler ce manquement. La même erreur est vécue à Sousse sur certains tronçons. Et au-delà du gâchis d'énergie qu'on est censé maîtriser, c'est la culture de maîtrise d'énergie qui tarde encore à prendre forme.
Une mentalité à acquérir Dans les lycées et les universités, les salles de classes restent longtemps allumées après la fin des cours. Le même phénomène est observé dans l'administration. On invoque l'alibi de l'entretien pour justifier cet état des faits. « Allons donc, réplique un expert, ne pourrait-on pas allumer les salles et les bureaux juste pendant la durée de l'entretien ? La mentalité du « bilik » fait encore des siennes car ces mêmes personnes ne réagissent pas de la même manière chez eux. Et c'est cette mentalité qu'il faut combattre et aider à l'instauration d'un nouveau concept de civisme pour la maîtrise d'énergie et, aussi, pour l'hygiène, le respect du code de la route, etc.» L'Agence Nationale de Maîtrise d'Energie et les autres organismes chargés de rationaliser la consommation énergétique, sont appelés à concorder leurs efforts pour la réalisation de meilleurs résultats surtout que c'est dans les cordes et c'est utile pour l'essor économique de la Tunisie de demain.