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Lois impuissantes face à la montée de l'incivisme
NOTRE EPOQUE
Publié dans Le Temps le 09 - 03 - 2009

Parler d'un malaise est apaisant ? cela nous soulage d'une grande charge qui nous plie l'échine et nous fait souffrir comme une plaie. Et on n'est pas obligé à s'adresser à autrui, on peut parler à soi-même pour obtenir ce résultat bénéfique, ce réconfort.
D'ailleurs ce serait meilleur, car faire part de ce qui nous tracasse à quelqu'un qui ne nous prête pas l'oreille, qui fait comme si de rien n'était ne peut que nous irriter davantage, qu'aiguiser nos peines, que pérenniser nos malheurs.
Il y a des années que l'on dénonce les actes d'incivisme, cela devient un sport national auquel tout le monde s'adonne. La répréhension se pratique à la télévision, à la radio, dans les journaux, au foyer, et même au café, dans la rue et dans l'administration, les lieux où se produit le manquement aux règlements, le théâtre de l'incivisme.
Les écarts de conduite se dénombrent par dizaines. Il y a tout d'abord ceux qui fument dans les endroits publics. Ces sans-gêne arborent leurs cigarettes au milieu de la foule, dans le bus, dans le métro, dans le train, dans l'administration négligeant tout le monde, femmes, enfant, malades...On a même l'impression qu'ils éprouvent plus de plaisir à le faire dans ces endroits-là. Les clients ne sont pas seuls à manquer de respect aux autres, le personnel aussi participe à cette incivilité. En effet, certains fonctionnaires se comportent comme s'ils n'étaient pas dans un lieu de travail, ils fument et sirotent leur café tranquillement, jettent la cendre et les mégots indistinctement dans le cendrier, par terre ou sur le bureau et vous lancent la fumée dans la figure sans se soucier guère de votre malaise. D'ailleurs, ils ne peuvent pas s'en rendre compte, ils croient que c'est leur plein droit de fumer, ils l'exercent depuis des années, et comme l'habitude est une seconde nature, il est difficile de changer un vieux comportement.
Cette règle s'applique également à certains chauffeurs et receveurs des moyens de transport public. Les premiers se répartissent en deux catégories : ceux des taxis et des voitures de louage et ceux des autobus. Ces derniers font comme s'ils étaient des camionneurs qui, comme on le sait, parcourent de grandes distances et doivent donc garder la cigarette toujours allumée pour lutter contre le sommeil. Ceux de la première catégorie affichent deux comportements ; les uns agissent comme s'ils vous prenaient en auto stop dans leurs voitures particulières, ne différant en rien de ceux qu'on vient de citer, les autres, plus intelligents, vous demandent la permission tout en ayant la cigarette à la main. Ce semblant de civisme n'est pas gratuit, il a ses raisons : à la différence de leurs collègues insouciants et négligents et des chauffeurs des bus que le nombre des passagers n'intéresse pas et encore moins leur commodité, ces incivils déguisés se montrent aimables et à la disposition de leurs clients, qu'ils asphyxient par la fumée, pour ne pas les perdre surtout lorsque le tarif de la course est important.

Le manque d'hygiène
L'autre marque d'incivilité c'est le crachat qui participe largement à l'enlaidissement de notre paysage social. Pour cette activité, les participants sont beaucoup plus nombreux, ils appartiennent à tous les secteurs professionnels, à toutes les catégories sociales, à toutes les tranches d'âge, hommes et femmes, vieux et jeunes n'hésitent pas à cracher sur le trottoir, sur la chaussée, dans les couloirs des administrations et des hôpitaux, dans le bus, dans le métro, dans le train et même sur les plantes et les fleurs. A une certaine époque, on a estimé que l'inscription « Défense de fumer et de cracher » affichée dans les moyens de transport public ne convenait pas à une société civilisée, et on y voyait même une insulte, mais plus maintenant, on prend conscience de notre retard qu'on a voulu occulter par amour-propre ou par naïveté, on s'est persuadés à un moment donné que la régression de l'analphabétisme allait nous permettre de rompre avec certaines mauvaises habitudes et raffiner notre comportement, mais malheureusement certains de nos concitoyens refusent d'évoluer. Visiblement, les diplômes ne sont pas d'un grand apport pour quelques uns sur ce plan, puisque tous les contrevenants ne sont pas illettrés.
Ce manquement aux règles de l'hygiène prend de l'ampleur le soir, le moment de sortir les poubelles. On ne se gêne pas de les jeter n'importe où et l'endroit le plus convoité c'est bien sûr devant la maison du voisin, ainsi tout reste propre devant chez soi. Les terrains nus sont également des lieux préférés, certains d'entre eux deviennent de vrais dépotoirs. La nuit, les rues changent de couleur et de physionomie. Dans certaines d'entre elles où il n'y a pas de lumières, et elles sont nombreuses comme vous le savez, si vous ne faites pas attention où vous mettez les pieds, vous risquez de heurter un amas de sacs ou des ordures en vrac. Certains estiment que c'est plus pratique de jeter les ordures ménagères sans les emballer, car c'est fatigant, cela prend du temps et coûte de l'argent, de plus une telle pratique profite aux chats qui n'auraient pas à déchirer les sacs, on pense à les bien servir. Le matin, les éboueurs apportent leur touche à ce tableau pittoresque : en enlevant les ordures, ils laissent au passage quelques os par-ci, quelques pâtes par-là de quoi faire un plat. On n'incrimine pas les gens qui n'ont pas de poubelles au quartier ni ceux qui ne bénéficient pas de ce service municipal, mais les autres, ceux qui laissent la poubelle et jettent leurs ordures par terre, ceux qui n'utilisent pas les sacs à ordures. Chez nous, la rue est une immense poubelle où tout se jette.

L'insécurité et l'irrespect
Les actes d'incivisme ne touchent pas seulement à la santé et à l'hygiène, mais également à la sécurité. Quand le sens civique nous manque, on ne prête plus attention à ce qu'on fait, on n'accorde pas d'importance aux effets découlant de nos méfaits, provoquant des ennuis à autrui et risquant même de menacer sa vie. Il est question de ces chauffards qui grillent le feu rouge et qui essayent de se faire passer pour des daltoniens lorsqu'ils sont coincés. Ils ne sont pas uniquement des hommes, mais aussi des femmes, égalité oblige, elles tiennent à étaler leurs prouesses et leur savoir-faire en matière de violation de la loi. Un conseil, aux croisements, faites très attention, ne vous fiez pas seulement au feu vert, mais comptez également et surtout sur votre vigilance, avant d'exercer votre droit, rassurez-vous qu'il n'y a personne qui vous le dispute. Le danger peut surgir en tout lieu et à tout moment, le matin de bonne heure comme le soir, les passionnés de l'alcool tout comme les buveurs de café représentent tous les deux un danger, ils vous guettent à tout instant, donc vous avez intérêt à être vigilant tout le temps. Il n'y a pas que les automobilistes qui grillent le feu, les piétons leur emboîtent le pas. L'espace pour eux est une unité indissociable, quand ils marchent, rien ne doit les arrêter à part leur volonté.

Propos orduriers
Ils confisquent votre priorité et vous aspergent de leurs propos orduriers si jamais vous osez réclamer votre droit ravi, et on peut même descendre de voiture et vous infliger une correction si vous êtes « insolent » : dans le lexique de ces « gentlemans » la contestation est synonyme d'insulte, personne ne doit s'opposer à ce qu'ils font surtout quand ils ont des relations. Les grossièretés sont tellement banalisées que même les filles en profèrent. Aucun lieu n'en est épargné, on les entend partout où on va : dans la rue, dans l'administration, dans le métro, au café, au stade, au lycée qui ne baigne plus dans cette aura de sainteté et de noblesse comme jadis.
Dans certains pays, on a interdit de fumer dans les endroits de loisirs comme les cafés et même dans les foyers, alors que chez nous on continue à le faire dans les lieux de travail en dépit de l'interdiction de la loi. Ce délit est puni d'une amende de l'ordre de 25 dinars, il est de même pour le crachat, c'est aussi une infraction sanctionnée par la loi. Donc ce n'est pas la loi qui manque, mais c'est plutôt la volonté. Quand est-ce que ces lois seraient déterrées et reviendraient à la vie pour réparer la nôtre ? Apparemment , il n'y a pas d'espoir, puisque cela fait des années qu'on en parle, qu'on exprime ce souhait et toujours rien, la situation reste inchangeable. Nos lamentations et nos attaques de ces comportements d'incivilité seront bien lues, bien entendues et puis classées dans les archives, jetées aux oubliettes. En fait, on n'est pas tout à fait perdant, puisqu'en parler nous permet de nous soulager, contentons-nous alors de cet effet thérapeutique.


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