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Les Tunisiens ne veulent plus avoir beaucoup d'enfants
Famille : - Un enfant, c'est suffisant ; deux, c'est déjà trop ; trois c'est le comble- !
Publié dans Le Temps le 13 - 03 - 2009


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En fait nous allons droit vers le vieillissement de la population. Le recul démographique s'explique par le contexte socio-économique difficile
Le choix de ne pas avoir d'enfants ou d'en avoir qu'un seul semble se répandre aujourd'hui parmi les jeunes couples tunisiens.
Les jeunes mariés ont de plus en plus tendance à observer une période plus ou moins longue entre le mariage et la première grossesse. Cette période s'étend parfois jusqu'à trois ou quatre ans, histoire de reporter l'enfantement à une date éloignée pour pouvoir jouir d'une certaine liberté au sein du couple, sachant que l'arrivée d'un bébé pourrait tout chambarder. Même si certains couples souhaitent avoir deux ou trois enfants dès les premières années du mariage, ils se ravisent juste après l'arrivée du premier-né, suite aux bouleversements que cet enfant provoque non seulement dans le train de vie du couple, mais aussi et surtout au niveau du budget familial qui se retrouve affecté par les nouvelles dépenses portées par le nouveau-né dont les besoins deviennent nombreux au fur et à mesure qu'il grandit. La grande majorité des jeunes préfèrent la famille restreinte à deux ou trois enfants, quand bien même chez certaines familles, le troisième serait de trop !
Il y a 50 ans, les Tunisiens faisaient beaucoup d'enfants et les naissances n'étaient pas contrôlées. C'est à partir des années 60, avec le programme du Planning Familial, que les gens commençaient à réduire leurs naissances, grâce aux moyens de contraception mis gratuitement à leur disposition. Peu à peu, le choix d'avoir une famille restreinte s'est ancré dans les mentalités et les traditions des Tunisiens, si bien qu'aujourd'hui, le nombre moyen d'enfants souhaité dans la famille tunisienne est de 2.7, c'est-à-dire entre deux et trois enfants. C'est dire que pour les jeunes couples d'aujourd'hui, le fait d'avoir le minimum d'enfants n'est pas seulement un choix mais aussi une responsabilité, souvent très lourde et difficile à assumer. C'est que les enfants coûtent de plus en plus cher chez nous même si la tradition familiale accorde encore une grande importance à l'enfantement pour le rôle qu'il joue dans le prolongement de la race humaine et la conservation du nom de la famille. Selon les psychologues, c'est un narcissisme commun à tous les êtres humains que de faire des enfants : les parents pensent d'abord à leur vieillesse, ils ont besoin de la présence et des soins de leurs enfants une fois devenus vieux. Il y a également la pression sociale qui fait qu'un couple sans enfant est mal vu par l'entourage et peut prêter le flanc à toutes les médisances.

Conditions de vie difficiles et allocation familiale insuffisante
Loin de toutes ces considérations psychologiques, les couples d'aujourd'hui semblent être peu enclins à la famille nombreuse pour des raisons plutôt économiques ; leur choix est surtout dicté par des conditions de vie de plus en plus difficiles et qui appellent la plus grande prudence quant au choix du nombre d'enfants à faire ! Tout cela pour dire qu'envisager de faire un enfant n'est pas une décision à prendre à la légère par les jeunes couples d'aujourd'hui, encore moins s'il s'agit d'un deuxième ou d'un troisième enfant !
Fethi, un père de trois enfants, nous a donné son point de vue sur cette question : « La nature qui pousse le couple à désirer un enfant ou des enfants au monde est toujours plus forte que le bon sens. Parfois, on subit les conséquences de son choix ; on regrette d'avoir le second enfant ; mais on oublie aussitôt et on continue. Mais, je peux vous dire qu'aujourd'hui, vu la conjoncture économique actuelle, un enfant suffirait. Si c'était à refaire, je ne ferais qu'un seul enfant ! Depuis la naissance de mon premier fils jusqu'au dernier, j'ai remarqué que le prix de tous les produits relatifs à l'allaitement artificiel et à l'alimentation du bébé ont flambé d'une façon vertigineuse ; alors que l'allocation familiale accordée par l'Etat est insignifiante, sans compter toutes les dépenses nécessaires en période de grossesse et lors de l'accouchement ! »

Limitation volontaire des naissances
Sachant que leurs mères avaient bien consenti à pratiquer le planning familial par le passé, les jeunes d'aujourd'hui, une fois mariés, sont sans doute conscients de l'efficacité du progrès médical qui a amélioré le taux de la mortalité infantile en Tunisie (20,5 ‰ en 2005) et conscients que la plupart des enfants peuvent donc vivre longtemps(espérance de vie à la naissance est de 75,5 ans en 2008), ils ne cherchent donc pas à avoir des enfants en grand nombre mais en bonne santé, bien nourris, bien vêtus et bien instruits ; c'est donc un nouveau comportement qu'affichent les jeunes couples en matière d'enfantement : la limitation volontaire des naissances. Kamel, enseignant et père d'un fils unique, nous a confié son point de vue à ce sujet : « Il est vrai que les enfants constituent la source de joie et de gaîté dans la famille ; c'est merveilleux d'entendre rire son enfant, de le voir couché, assis, puis debout, faire ses premiers pas, puis courir... Mais de nos jours, les enfants coûtent cher ! Dès sa naissance et même avant, l'enfant a beaucoup de besoins vitaux qu'il faut satisfaire, des besoins qui augmentent au fur et à mesure qu'il grandit, et avec la cherté de la vie, ça devient trop dur. A part cela, l'enfant demande beaucoup de soins et de sacrifices de la part des parents, chose parfois très difficile à assumer quand le couple travaille ! Les crèches ? C'est cher et ce n'est pas toujours un lieu fiable et rassurant pour les parents ! »
D'autres couples, cependant, voient le problème sous un autre angle, à savoir le budget familial. C'est que pour avoir deux ou trois enfants ou plus, il faut avoir des revenus assez suffisants pour subvenir à tous leurs besoins, leur assurer une vie plus ou moins décente, leur garantir un avenir agréable. Les enfants d'aujourd'hui sont de plus en plus exigeants et ne sont pas prêts à vivre dans le renoncement ou les privations comme leurs ancêtres.

Contraintes sociales, économiques et professionnelles
A ce propos, Moncef, marié et sans enfants, nous a confié : « Etant donné les contraintes sociales, économiques et professionnelles subies actuellement par le couple, il est rare de voir dans l'avenir proche un couple ayant plus de deux enfants, et peut-être qu'un seul suffise ! Ce n'est pas comme avant ; aujourd'hui, tout est relié aux moyens matériels ; c'est le revenu familial qui détermine le nombre d'enfants, car la vie est chère ! Aujourd'hui, un enfant peut rester chez ses parents jusqu'à l'âge de 30 ou 35 ans, le temps qu'il termine ses études et les années qu'il passe à chercher du boulot ! Imaginez combien ça coûte 35 ans de nourriture, de soins, d'habillement, d'éducation, de loisirs, et d'argent de poche ! C'est un budget énorme qui sera gonflé davantage si l'on a deux ou trois enfants à sa charge ! »
Que les femmes doivent rester à la maison pour élever et s'occuper de leurs enfants lorsqu'ils sont petits est un autre avis partagé par plusieurs personnes interrogées. En effet, à voir l'impolitesse et la délinquance chez les enfants d'aujourd'hui, certains couples ont de l'appréhension à enfanter pour ne pas voir un jour leur progéniture se conduire immoralement et subir les différentes dépravations de la rue; ils prônent alors une présence permanente de la femme auprès des enfants tant qu'ils n'ont pas encore atteint l'âge adolescent. Comme Hichem dont la femme était obligée de quitter le travail pour se consacrer complètement à l'éducation de ses deux enfants : « C'est une décision qu'on a prise en commun accord, moi, au travail, elle, au foyer, ne serait-ce que pour élever nos enfants convenablement et les prémunir contre d'éventuels dérapages ...Si nous avons choisi d'avoir uniquement deux enfants, c'est que nous assumons toute la responsabilité de leur éducation. Le nombre d'enfants n'est pas important, c'est la qualité de la vie et de l'éducation qui compte le plus. A mon avis, aujourd'hui, les couples ne veulent ni ne peuvent avoir beaucoup d'enfants vu la conjoncture mondiale actuelle qui présage un avenir peu prometteur ; donc, avoir moins d'enfants, c'est vivre mieux et prévenir des lendemains incertains ! »
Pour ces couples, un fils unique est déjà assez suffisant. Deux, c'est peut-être trop ! Trois, c'est le comble ! Quatre ou cinq, c'est le suicide ! Prenant plutôt la chose avec philosophie, leur justification repose sur le fait que l'avenir du monde est menacé et que les générations futures auront à affronter des crises plus graves que celles d'aujourd'hui. Ils avancent comme arguments la situation économique mondiale qui empire, les catastrophes météorologiques qui se succèdent, la rareté de l'eau dans le monde qui va engendrer des guerres, le chômage, l'individualisme ...
Disons enfin que le renoncement à l'enfantement est un phénomène qui touche plusieurs pays dans le monde surtout chez les nouvelles générations, si bien que, fautes de nouvelles naissances, pas mal de pays commencent à ressentir le poids du vieillissement de leur population. C'est, en quelque sorte, l'air du temps qui est marqué par l'individualisme et l'égoïsme : A quoi bon s'encombrer de bambins, s'échiner, sacrifier sa vie pour eux ? D'ailleurs, tout, dans notre vie moderne, semble décourager l'enfantement : cherté de la vie, salaires toujours insuffisants, stress causé par la société, criminalité, corruption... Même les appartements construits par les promoteurs, sont conçus pour nous décourager d'avoir beaucoup d'enfants ! A méditer !


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