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Feront-ils un jour -bon ménage- ?
Reportage : Municipalités/ citoyens
Publié dans Le Temps le 26 - 03 - 2009

Nous revenons encore une fois devant le mur des lamentations. L'auteur de nos tracasseries cette fois-ci ne sont pas les citoyens, mais comme à l'accoutumée certaines municipalités, le partenaire social n°1 des citoyens dont les doléances répétées sont tellement banalisées qu'elle fait comme si de rien
n'était poursuivant son petit bonhomme de chemin altérant davantage la situation et causant encore plus de dégâts. En fait, on se focalise tellement sur la municipalité de Tunis que les autres se la coulent douce. Il est temps qu'on -leur rende certains hommages- !
Le soleil synonyme du beau temps donne une impression de beauté à ce qui ne l'est pas. Parmi ces éléments fardés cachant leur laideur derrière sa splendeur, figurent nos routes. Mais quand cet astre disparaît derrière les nuages et que le courroux du ciel s'abat sur la terre, celle-ci est inondée et ce qui était caché réapparaît. Les pluies battantes et incessantes de cette année nous ont révélé comme les précédentes les vérités qu'on essaye à chaque fois d'occulter ou bien d'en minimiser la gravité. Ces pluies ont mis à nu l'état défectueux de notre infrastructure routière et de nos canalisations. En pareilles circonstances, la plupart de nos routes deviennent impraticables : elles sont toutes submergées d'eau, les unes totalement se transformant en lacs, les autres partiellement devenant un ensemble de flaques. L'eau se mêlant à la terre nous fournit du mortier servant de revêtement pour la chaussée. Même l'avenue Bourguiba n'a pas échappé à ce décor à cause du chantier du pont de l'avenue Hached. Donc pour vous rendre au TGM, vous devez emprunter la rive gauche si vous voulez éviter les éclaboussures et sauver vos chaussures. L'état de l'artère principale du pays nous donne une idée sur ce qui se trouve ailleurs et en particulier dans les quartiers populaires bien qu'à la saison des pluies les différences entre ces derniers et le centre ville se réduisent : dans les deux endroits, on est sinistré, le mot d'ordre est sauve-qui- peut à chaque fois qu'il pleut, les passages sont bloqués aussi bien pour les automobilistes que pour les piétons. Pour ceux-ci, il devient très difficile de trouver un endroit sec où mettre les pieds, ils sont obligés de placer des pierres ou bien des tôles pour pouvoir se frayer un chemin dans ces lacs faute de disposer d'un bâton magique pour fendre l'eau stagnante et puante. Pour ceux qui prennent les taxis, l'alternative est soit de se chamailler avec le taximan qui refuse de s'aventurer en s'enfonçant dans une route inondée, soit de descendre loin de sa demeure et de parcourir la distance à pied et à la nage. Les habitants des villes vivent dans un cadre rural bien qu'ils appartiennent à l'urbanité, ce changement de paysage a profondément influencé leur humeur et leur jugement les rendant plus clairvoyants : ils craignent la pluie et n'éprouvent plus de l'engouement pour la campagne, l'ambiance dans laquelle ils baignent n'a plus rien à lui envier. D'ailleurs, ils ne font plus les mêmes prières que les habitants de ces contrées, leur souhait à eux c'est que la saison soit pluvieuse le moins possible ou sèche si c'est possible. Ils ont pris cette résolution après avoir constaté que la profusion ne leur profite pas, puisque les prix des produits alimentaires sont toujours galopants, alors à quoi bon participer avec sa voix au conclave des prieurs si on ne reçoit rien en retour, on n'a aucun intérêt à solliciter la grisaille, la pluie et l'aquilon, donc vivement le beau temps ! Et ce n'est pas la faute à la municipalité mais un schéma urbain désormais inadapté et anachronique.

La saison des châtiments
L'hiver est la saison des châtiments pour les modestes, et combien ils sont nombreux ! Le comble pour eux c'est lorsqu'on vient leur demander de payer les droits de services dont ils ne bénéficient pas tels que l'entretien de la chaussée et du trottoir, l'éclairage, l'enlèvement des ordures ménagères, l'écoulement des eaux pluviales. Ce sont les impôts qu'ils sont tenus de payer en dépit du martyr qu'ils endurent. Ces « droits municipaux » sont d'autant plus insupportables que les caniveaux qui sont supposés recevoir ces quantités prodigieuses d'eau des pluies torrentielles ne se trouvent que dans quelques endroits très limités en nombre: ils sont soit légués par le colon français, soit installés dans les quartiers résidentiels des nouvelles expansions. Leur absence oblige les eaux pluviales à prendre la direction des égouts de L'ONAS et là c'est la catastrophe : comme ils sont étroits ayant déjà des difficultés à contenir les eaux usées pour lesquelles ils sont conçus, ils sont trop vite saturés et vomissent tout ce qu'ils ont dans le ventre, ce qui nous fournit un cocktail aux eaux célestes et terrestres qui emplissent les rues de leur odeur nauséabonde et en font de vrais marécages, étant donné qu'elles ne trouvent pas par où s'infiltrer, le sol en a suffisamment absorbées. Le comble de l'infortune c'est lorsqu'on procède au soulèvement du tampon dans l'intention de permettre un meilleur écoulement, là, l'orifice, qui est submergé d'eau, devient une sorte de trappe pour les voitures.

Confluent de trois municipalités
L'état des routes que ce soit avec ou sans la pluie est désastreux et navrant, elles sont à l'origine de l'élévation du coût d'amortissement des automobiles qui vieillissent plus tôt que prévu. C'est l'avis de Hédi, un habitant de la résidence « Diar Soukra ». «Depuis que j'habite ici, mes dépenses relatives à l'entretien de ma voiture ont augmenté à cause de cette avenue, Khaled Ibn El Oualid, que vous voyez, nous affirma-t-il, la chaussée était fissurée aussitôt revêtue, et par endroits, elle contient des trous énormes semblables à des gouffres. Quant aux trottoirs, ils sont presque inexistants faute d'espace et aussi à cause des grands bacs à fleurs installés au bord de la chaussée devant une résidence près de la nôtre, ce qui oblige les piétons à emprunter cette dernière s'exposant ainsi au danger et gênant la circulation. Notre grand problème c'est qu'on ne sait pas à quelle autorité s'adresser pour réclamer nos droits, car nous sommes au confluent de trois municipalités : celle de La Goulette, celle du Kram et celle de La Soukra, on a fait signer des pétitions, assura-t-il, mais à chaque fois on nous faisait savoir qu'on a frappé à la mauvaise porte et qu'il fallait recourir aux homologues de l'autre arrondissement. » Cette politique consistant à se partager une avenue ne serait-elle pas une nouvelle tactique municipale pour diluer les responsabilités ? Pas loin de là, un autre citoyen, Slah, un habitant de l'avenue M'hiri, nous relata les mêmes doléances. « Il y a un peu plus d'un mois, on était soulagés par la visite d'un éminent responsable qui nous a promis de revêtir toutes nos chaussées, mais à part les légers travaux de nivellement pour lui éviter les secousses et les trébuchements et les festivités qu'on a organisées en son honneur, on n'a rien reçu jusqu'à maintenant, nous confia-t-il, nous continuons à marcher dans l'eau et la boue et à respirer la poussière, le décor dans lequel nous évoluons depuis des années, espérons qu'il y aura un terme à notre calvaire et que les promesses de monsieur le responsable deviennent réalité. »

Le laisser-aller
Le comportement de ces municipalités banlieusardes n'est pas meilleur en matière d'hygiène. Plusieurs quartiers ne bénéficient pas du service de l'enlèvement des ordures ménagères qui empestent les lieux et exposent les habitants à des maladies. Le contrôle d'hygiène des établissements commerciaux manque également, plusieurs restaurants, pâtisseries et cafés n'observent pas les règles élémentaires de propreté telles que le nettoyage des lieux et la désinfection du matériel, on vous sert dans des assiettes et des vers sales et les toilettes sont soit comme un dépotoir soit fermées. Et là, c'est tout le sens abusivement commercial des tenanciers, associé à l'incivisme des consommateurs qu'il faut déplorer.
Les murs eux aussi sont négligés et ne bénéficient pas de soins de la part des municipalités banlieusardes ; ils sont abandonnés aux fantaisistes qui les emploient comme des toiles sur lesquels ils jettent leurs peintures pour exécuter leurs fresques carnavalesques faisant ainsi de la ville un immense tableau de couleurs saugrenues et lui donnant un aspect anarchique. Ces « artistes » commettent impunément leurs actes, ce qui les encourage à récidiver, renoncer à cet « art » quand c'est rentable serait déraisonnable : cela leur permet d'éviter les agences de publicité et de réaliser donc des économies. C'est un moyen simple, pratique et surtout économique pour faire de la réclame ou de la propagande, plusieurs parties y trouvent leur compte : les commerçants, les artistes et même les partis politiques.

La rapacité des –privés-
L'autre grand malaise des citoyens est causé par le stationnement dans les centres villes. En plus du nombre trop insuffisant des parkings, la voie publique est cédée au privé. Celui-ci, comme son statut l'indique, ne se soucie que de ses intérêts, ce qui est logique, donc son champ d'action c'est ce qu'il appelle « zone bleue » où il tâche de ramasser à l'aide de ses autogrues le maximum possible de voitures « illégalement » garées. Sa loyauté est à saluer, puisqu'il n'exerce que dans cette zone qui lui est attribuée, il n'intervient pas, par exemple, quand il y a des voitures stationnant en deuxième position, cela relève des prérogatives de la police de circulation, et ne pénalise pas non plus celles qui sont rangées sur les trottoirs, la gestion de cet espace est du ressort du propriétaire, la municipalité. Même si aucune clause dans le contrat de bail ne stipule cela, on fait comme si c'était le cas, c'est le meilleur moyen d'éviter les problèmes : qui sait, ces gens qui osent enfreindre la loi de la sorte doivent être importants ou avoir des relations, en tout cas, les grandes marques de leurs voitures laissent deviner cela. Lorsqu'on est commerçant, il faut savoir être attentif à ces détails-là.
Certes la municipalité a bon dos. On comprendrait que celle de Tunis ait à gérer une métropole qui grandit et s'élargit à vue d'œil. Quelques manquements ne doivent donc pas être dramatisés. La finalité suprême des édiles municipaux et les médias, c'est le bien être des citoyens. Mais la municipalité de Tunis reste l'arbre qui cache la forêt. Car comme on l'a vu dans ce reportage, bien d'autres, périphériques, banlieusardes ou celles des autres grandes villes du pays font ce qu'elles ne doivent jamais faire : couper l'écoute avec les citoyens !


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