La chambre correctionnelle du tribunal de Tunis, a eu à juger une désolante affaire où fut victime une jeune fille de dix-huit ans qui a été embrigader dans un réseau de prostitution. Son parrain, accusé également, a exploité le passage de la jeune fille par une crise existentielle, à cet âge difficile, pour influer sur son comportement. La jeune fille a essayé de se révolter contre le joug de ses parents qu'elle considérait responsables de sa misère. Elle se plaignait de l'atmosphère familiale suffocante qui lui pesait et a fini par fuir le domicile familial, ce qui n'a fait qu'aggraver sa situation. Issu d'un milieu modeste, elle était, selon ses déclarations devant la police, dans le besoin, et souffrait de ne pas pouvoir mener une vie de jeune fille, encore à la fleur de l'âge et ayant le droit de rêver. Mais entre le rêve et la réalité qu'elle vivait, il y avait un large fossé. Désœuvrée, et complètement déboussolée, elle voulait fuir cette ambiance familiale, pour changer d'air et de climat. Elle alla donc se réfugier chez une amie, " mariée " qui non seulement la reçut à bras ouverts, mais lui promit monts et merveilles. " La maison n'est pas spacieuse, lui dit-elle enthousiaste, mais la place est beaucoup plus grande dans mon cœur " ! En effet, la jeune fille, ne réalisa pas au départ, qu'en fait, il n' y avait qu'une seule pièce dans cette maison, avec un couloir étroit et une salle d'eau exiguë. Le " mari " qui rentra tard le soir, fit un accueil, autant sinon plus chaleureux, que celui que lui fit sa compagne. Après un bon dîner, animé du reste, par la dive bouteille, pour une meilleure ambiance, la bonne-dame accompagna la jeune fille dans sa " chambre ", car il était l'heure de dormir. Celle-ci était celle-là même où devait dormir le couple, puisqu'il n' y avait qu'une seule pièce ! " Qu'à cela ne tienne, lui dit la maîtresse de céans ! voilà ton lit, à l'autre bout de la pièce, avec un rideau en guise de séparation, et te voilà seule dans ta chambre ! génial non ! " ? Demain, il fera jour, pensa la jeune fille. Le lendemain, c'était le même manège. Mais le troisième jour, la bonne-dame vint expliquer à la jeune fille que durant le week-end il y aura des amis qui viendront passer la soirée avec eux, et lui recommanda de se faire une beauté, en l'assurant qu'elle lui fournirait les vêtements et les accessoires nécessaires . " Il faut vivre ta vie, lui expliqua -t-elle et ne pas passer sa jeunesse à rester " confinée " et malheureuse. Durant cette soirée, deux personnes, étaient invitées par le " mari ". Laquelle soirée était bien animée et où la jeune fille a pu " s'exorciser " et sortir de sa léthargie, cause de tous ses malheurs, comme le lui expliqua la bonne dame qui chercha à la divertir. Petit à petit, la jeune dame commença à prendre goût à cette ambiance à laquelle elle s'habitua, sans savoir, qu'en réalité elle filait du mauvais coton. L'un des invités était devenu un habitué de la maison, et rencontrait de plus en plus fréquemment la jeune fille en tête à tête. dans " sa chambre ". Entre-temps, les parents de la jeune fille ont porté plainte et les recherches engagées par la police ont abouti la découverte cette maison qui s'avéra être tanière de loup. En effet, le couple qui y habitait n'était lié par aucun contrat de mariage, et le fameux mari s'avéra être un proxénète agissant de connivence avec sa compagne. Arrêtée, toute la bande comparut devant le tribunal, avec les inculpations de proxénétisme et de prostitution clandestine. Le " mari " déclara qu'il n'avait aucune intention malhonnête envers la jeune fille qui, au fil du temps, s'est épris de l'un des complices, qui venait pour passer la soirée avec eux. Il nia s'être adonné à un quelconque acte de proxénétisme et il affirma que ses conditions matérielles déplorables l'avaient empêché de s'unir avec sa compagne. Quant à la dame, elle avoua ses relations illégales avec son compagnon. Elle nia toutefois tout acte de prostitution en expliquant que l'argent qu'elle percevait de la part de leurs amis était simplement une forme de contribution dans les soirées organisées. Quant à la jeune fille, (mineure civilement, mais majeure sur le plan pénal), elle était dépassée par les événements, ne sachant à qui se fier, ni à quel saint se vouer ! L'instruction avait toutefois conclu qu'elle était victime de manipulations. Pourvu qu'elle puisse reprendre le droit chemin après ce premier faux pas. La cour a accédé à la demande de la défense qui a demandé le report.