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Taxistes et louagistes : Ils ne roulent plus sur l'or, mais à peine sur...quatre roues !
CORPS DE METIER
Publié dans Le Temps le 13 - 04 - 2009


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Moncef Zouali (louagiste) : -Un voyage me rapporte au mieux 67 dinars-
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Abdallah Dagdagui (chauffeur de taxi, propriétaire de sa voiture) : -S'il ne tenait qu'à moi, je me trouverais une autre planque pour mes derniers jours-
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Habib Allagui (ancien –louagiste-, chauffeur de taxi collectif actuellement- : -Chacun s'estime heureux maintenant d'effectuer un voyage par jour-
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Mohamed Stiti (chauffeur de taxi) : -Nous sommes perdants dans l'affaire-
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Youssef et Mokhtar (ils travaillent sur la même voiture qui appartient au premier) : -Nous atteignons nos pics entre mai et août-
Ils affirment tous que leur métier ne rapporte plus grand-chose, qu'ils n'épargnent plus rien, que la recette de leur journée suffit à peine pour nourrir leurs familles. Il est vrai qu'à une certaine époque, le propriétaire d'un taxi ou d'une voiture de louage menaient la vie des princes et qu'ils régnaient en maîtres sur le secteur du transport urbain. Leur nombre était restreint et les clients si nombreux qu'ils sélectionnaient leurs passagers et s'arrêtaient quand et où bon leur semblait. Faut-il aujourd'hui les plaindre et accorder du crédit à leurs jérémiades ? Faut-il au contraire dire cyniquement que c'est bien fait pour eux à cause de ce qu'ils ont, des années durant, fait endurer comme affronts et comme attentes prolongées voire désespérées aux gens qui sollicitaient leurs services ? Dans tous les cas, leur situation actuelle est plus que précaire et n'augure rien de bon. Nous leur avons donné la parole pour qu'ils nous la décrivent plus amplement et nous expliquer les facteurs qui y ont conduit. Voici telle qu'ils nous l'ont peinte cette nouvelle réalité.

Moncef Zouali (louagiste) : -Un voyage me rapporte au mieux 67 dinars-
-Si vous voulez, on peut faire les comptes ensemble : moi je travaille sur la ligne Tunis-Sousse. Un voyage me rapporte au mieux 67 dinars aujourd'hui, et je n'en fais qu'un seul par jour tout comme mes collègues travaillant sur les longs trajets. Comment se répartit cette recette ? Je dois d'abord penser au capital nécessaire à l'entretien de la voiture, à sa consommation en huile et en mazout, au paiement des taxes diverses, de la patente et de l'assurance, aux mensualités régulières que je verse à la société de leasing qui m'a accordé le crédit pour l'achat de la voiture, au salaire du chauffeur qui me relaie. J'ai en plus comme tout un chacun mes dépenses de père de famille et un loyer à honorer. Dans mes déplacements et ici même à la station, il m'arrive régulièrement de déjeuner ou de casser la croûte. Comptez aussi mes frais de fumeur invétéré. Il y a aussi les droits d'entrée et de sortie obligatoires à toutes les stations où je m'arrête et qui s'élèvent à près de 8 dinars quotidiennement. J'allais oublier le péage sur l'autoroute. Que me reste-t-il et à ma famille des 60 dinars dont je vous parlais. C'est faux de penser que nous roulons sur l'or, c'est à peine si nous roulons sur quatre roues ; en effet beaucoup d'entre nous effectuent leur voyage sans roue de secours. D'autres ont hypothéqué leurs maisons et quelques autres biens pour s'acquitter de leurs dettes envers les banques ou les sociétés de leasing. Croyez-moi quand je vous dis que pour payer l'assurance l'autre jour, j'ai dû emprunter la somme nécessaire à ma sœur ! »

Abdallah Dagdagui (chauffeur de taxi, propriétaire de sa voiture) : -S'il ne tenait qu'à moi, je me trouverais une autre planque pour mes derniers jours-
« C'est vrai, nous ne gagnons pas plus de 25 dinars en moyenne. Certes, il nous arrive de rentrer avec beaucoup plus que cela mais tout dépend du trafic qu'il y a sur la route, des saisons aussi. Regardez hier (jeudi dernier), il a beaucoup plu et cela n'arrange vraiment personne dans le secteur. C'est pourquoi on préfère attendre dans son coin jusqu'à ce que la pluie cesse. Le lendemain des fortes précipitations, toutes nos voitures ont un ennui quelconque et chacun se trouve obligé de consulter un garagiste pour le réparer. Le prix des carburants a doublé en quelques années, les pièces de rechange sont plus chères que jamais et rarement fiables. Des fois nous perdons une demi journée sinon plus pour réparer un cardon ou une boîte à vitesse. Il faut mettre ça sur le tableau de nos pertes financières aussi. C'est vraiment impossible aujourd'hui de revivre les belles années fastes où posséder un taxi était une manne du ciel. S'il ne tenait qu'à moi et en dépit de mes 20 années passées à conduire le taxi, je me trouverais une autre planque pour mes derniers jours. Les jeunes qui s'adonnent à mon métier ignorent peut-être encore ce qui les attend s'ils y persévèrent. Mais la plupart d'entre eux n'ont pas le choix pour échapper à l'oisiveté où ils se morfondaient avant d'acquérir leurs voitures. Nous verrons si dans cinq ou six ans, ils n'auront pas envie comme moi de changer de profession !

Habib Allagui (ancien –louagiste-, chauffeur de taxi collectif actuellement- : -Chacun s'estime heureux maintenant d'effectuer un voyage par jour-
-Tout ce que mon collègue vous a raconté est vrai. Il y a aujourd'hui trop de voitures qui travaillent sur Sousse, et la situation est la même sur toutes les autres lignes. On délivre une patente à qui la demande si bien que chacun s'estime heureux maintenant d'effectuer un voyage par jour. Ce n'est pas pour rentrer dans ses frais, mais juste pour ne pas avoir d'ennuis avec ceux qui lui ont avancé de l'argent et échapper aux hypothèques et aux poursuites judiciaires. En ce qui me concerne, j'ai choisi d'abandonner ce métier parce qu'il n'a plus d'avenir tant il est désorganisé et très peu rentable. Ceux qui en profitent ne sont sûrement pas les louagistes. Pour le taxi collectif que je conduis, il me procure tout juste de quoi vivre décemment et me permet de rentrer tous les soirs chez moi auprès de ma femme et de mes enfants. Vous l'avez sans doute constaté, ceux qui font les longs trajets passent souvent une nuit sur deux loin des leurs. Quant aux « fellagas », ne croyez pas qu'ils brassent des millions ; non ils recourent à leur pratique illégale soit pour ne pas avoir à passer la nuit dans une autre ville soit pour réunir le prix du mazout. Et puis jamais ils ne prennent plus que trois ou quatre passagers dans ce type de déplacement interdit. »

Mohamed Stiti (chauffeur de taxi) : -Nous sommes perdants dans l'affaire-
« Lorsque vous calculez nos charges, vous comprenez vite que nous sommes perdants dans l'affaire. Je vous parle des taximen de Tunis, peut-être que dans les villes de l'intérieur la situation est meilleure bien que je ne le pense pas. Nous payons presque tous environ 300 dinars par mois à la société de leasing, 25 dinars par jour à titre de frais de mazout, mille dinars si l'on est assuré tous risques, des taxes municipales qui peuvent nous revenir à plus de 100 dinars annuellement. Comptez également les réparations multiples que nécessitent ces nouvelles voitures très fragiles. Pour tout vous dire, nous réalisons comme recette nette quelque chose comme 25 dinars, l'équivalent du salaire d'un fonctionnaire moyen quoi !-

Youssef et Mokhtar (ils travaillent sur la même voiture qui appartient au premier) : -Nous atteignons nos pics entre mai et août-
Quand nous travaillons à deux, nous gagnons jusqu'à 50 et 60 dinars. Pendant les dernières vacances de printemps, nous avons réalisé de bonnes recettes. Mais en ce moment, ça ne marche pas très fort. C'est comme ça toute l'année ; nous atteignons nos pics entre mai et août et ce sont les recettes de ces mois qui nous permettent de tenir le reste du temps. Il y a aujourd'hui dans le grand Tunis plus de 12.000 taxis qui circulent. Beaucoup d'entre nous préfèrent les -petites courses- et évitent le centre-ville et les routes encombrées en raison du temps qu'ils nous font perdre et la consommation redoublée de mazout qu'ils occasionnent. Mon frère comptait s'acheter sa voiture propre, il y a renoncé finalement après avoir compris que c'était risquer son argent pour vraiment rien. Posséder un taxi expose à tous les dangers et la route n'est plus sûre. Demandez à ceux qui travaillent la nuit s'ils le font de gaieté de cœur, ils vous diront plutôt qu'ils conduisent avec la main sur le cœur ! -


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