La mort est d'habitude quelque chose de sacré qui pousse les humains à la méditation pour leur rappeler que la vie est éphémère. Les moments de deuil poussent comme de coutume à la réconciliation avec les autres et, même, avec soi. Il n'empêche que certains voient la donne autrement et essaient d'en tirer profit à l'image de ceux qui volent les objets retrouvés sur les corps d'accidentés décédés ou, encore, mourants. D'autres esprits tordus exploitent ces moments de désarroi et de désordre vécus par des familles endeuillées pour mettre la main sur des objets de valeur appartenant au défunt ou à la défunte. L'affaire examinée par la cour de première instance de Tunis appartient à cette dernière catégorie. Le dossier de l'affaire indique qu'une dame aisée a succombé à un accident sur l'autoroute en rentrant de Hammamet à Tunis. L'annonce du décès a créé des moments de désarroi et de désordre au sein de sa famille et dans la demeure où elle habite dans un quartier huppé de Tunis. Ce désordre a duré pendant plus d'une semaine, le temps d'organiser les obsèques et les condoléances. Pendant ladite semaine, chaque membre du proche entourage de la famille se croyait en devoir de prendre les rênes en l'absence de la maîtresse des céans. Ensuite, un nouvel équilibre s'était progressivement rétabli et les membres de la famille ont commencé à remettre de l'ordre dans les lieux quand ils découvrirent la disparition du coffre de bijoux de la défunte. Au départ, on avait cru que l'un des membres de la famille l'avait caché dans un endroit sûr. Mais, petit à petit, on s'était rendu à l'évidence que ledit coffre a été dérobé occasionnant de grandes interrogations surtout qu'il s'agissait de bijoux de grande valeur. La défunte était une férue de joaillerie et collectionnait même quelques pièces rares. Les appréciations estimaient la valeur de ces bijoux à plus de cent mille dinars. Le mari de la défunte a avisé la police et une enquête a été ouverte. Ce n'était pas possible matériellement d'interroger toutes les personnes qui étaient passées par les lieux. Ce n'était pas non plus correct de le faire. Les investigations s'étaient limitées au proche entourage qui a catégoriquement nié avoir vu ce coffre de bijoux. Le mari a toutefois fourni aux enquêteurs des photos de quelques bijoux pris sur les portraits de sa défunte épouse. Cette histoire a eu lieu deux ans plus tôt et a été pratiquement léguée aux oubliettes quand un coup de fil retentit dans ladite demeure. C'était la police qui annonçait avoir découvert un bijou appartenant à la série volée dans le coffre. Les enquêteurs ont demandé au mari de la défunte de leur fournir des précisions sur sa dame de compagnie qui avait quitté la famille entre-temps. Le mari a précisé que c'était une connaissance de longue date de la défunte et qu'elle avait entière confiance en elle. D'ailleurs, il a avancé les mêmes propos lorsqu'il avait présenté sa plainte deux ans plus tôt. Les enquêteurs lui ont fait part que le bijoutier chez qui le bijou a été retrouvé, a indiqué que c'était la dame de compagnie qui le lui avait vendu. Cette dernière a été interpellée. Elle a précisé à la police que sa patronne défunte lui avait offert ce bijou pour la récompenser et qu'elle l'avait gardé en souvenir. La dame de compagnie a été obligée de le vendre en ce moment pour faire face à des dépenses médicales urgentes. La version paraissait vraisemblable et la dame a été laissée en état de liberté. Mais le mari n'a pas été convaincu par les propos avancés parce qu'il était convaincu que la défunte ne saurait offrir ce bijou ayant une valeur symbolique au sein du couple. Le mari a demandé à la police de revenir à la charge pour retrouver la trace des bijoux. Ce fut ainsi que la dame de compagnie a fini par avouer son forfait et déclarer qu'elle avait été tentée par les bijoux. La voleuse a été écrouée et l'enquête a permis de trouver la trace de quelques bijoux, en attendant de retrouver le reste du butin. La voleuse a été traduite devant la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis. Elle a avoué son forfait et demandé la clémence de la cour. Son avocat a demandé le report de l'affaire et le tribunal a accédé à sa demande. L'affaire a été renvoyée au 11 juin prochain.