Lorsque les rumeurs prennent de l'ampleur, elles deviennent des réalités malgré elles, si l'on peut s'exprimer ainsi, c'est-à-dire que ceux qui les véhiculent finissent par convaincre leurs interlocuteurs de leur existence. Cela crée une sorte de phobie chez certains, au point d'influer sur leurs comportements et leurs façons d'agir que ce soit en famille ou avec leurs différentes relations. Tandis que certains autres exploitent cette situation pour faire de la surenchère, en affabulant, augmentant de la sorte cette peur installée déjà chez ceux qui ont pris telle ou telle rumeur pour de l'argent comptant. Il suffit en effet d'un rien pour qu'une rumeur gagne un grand nombre de personnes et arrive à les déstabiliser d'une manière ou d'une autre. Regardez par exemple en ce qui concerne les produits alimentaires. Le moindre bruit qu'on fait courir sur la pénurie d'un produit de base comme le lait ou les denrées alimentaires, influe automatiquement sur le comportement des consommateurs. Celui qui d'habitude achetait un pack de lait, achètera dix fois plus, avant même de s'assurer s'il s'agit d'une info ou d'une intox. Cette attitude se répète à chaque fois qu'il y a une rumeur de ce genre. Cela fait le bonheur de ceux qui ont un intérêt quelconque à exploiter une telle situation. Mais dans la mêlée, il y a ceux qui n'ont aucun intérêt sauf à exploiter la nouvelle pour affabuler. L'affabulation est en effet une attitude psychologique qui peut nuire aux autres. Toujours est-il que la déformation de l'information, est exploitée différemment chez les uns et les autres selon le profit qu'ils en tirent. Le trafic d'organes humains est une activité qui a existé dans certains pays, mais qui a été dénoncée et sans cesse combattu. Partant de là, la rumeur que ce même trafic a gagné nos frontières, a instauré une peur chez les parents d'enfants. Cette rumeur s'était tellement amplifiée, au point de parler de plus en plus d'enlèvements répétés d'enfants à cet effet. Or, il s'est avéré, après de sérieuses investigations menées par les organismes compétents, que cette information n'avait aucun fondement sérieux. Entre-temps, certaines personnes avaient exploité ces rumeurs chacun à sa façon et selon et en fonction des intérêts qu'il pourrait en tirer. Dans le cas d'espèce, une bonne-dame qui était accompagnée de son fils mineur, héla un taxi pour une destination de la banlieue sud. Chemin faisant, elle demanda au taximan de s'arrêter devant une agence bancaire, le temps qu'elle retire quelques sous. Il obtempéra et elle descendit en laissant son gamin dans le véhicule. Mais entre-temps le chauffeur de taxi, constatant qu'il gênait la circulation, alla se garer correctement à quelques mètres de la banque. La mère qui retourna au même endroit fut affolée de ne pas voir le véhicule où elle l'avait laissé. Elle s'empressa de conclure que son fils a été enlevé par le taximan. D'autant plus qu'elle était au courant de la rumeur d'enlèvements d'enfants pour le trafic d'organes. Elle ne perdit pas une minute supplémentaire à chercher le véhicule (qui était pourtant à deux pas de là où elle se trouvait)et se dirigea vers le premier poste de police. Les agents de la brigade criminelle se dépêchèrent sur les lieux qu'elle leur avait indiqué, pour retrouver le taxi en question, où attendait tranquillement le gamin. Quant au taximan, il s'inquiéta à son tour et se mit à la recherche de la mère de cet enfant qui ne manifesta, quant à lui aucune inquiétude.