" Notre monde, à vous d'agir ". A lui seul, le slogan de cette campagne concentre en plus de l'idéal d'une action à l'échelle mondiale, la nécessaire mobilisation de tout un chacun pour un monde meilleur et solidaire. Interpeller l'individu pour sa meilleure implication c'est une manière pertinente d'inscrire l'action humanitaire sur une échelle contextuelle et répondre aux impératifs d'un monde happé par des urgences parcellaires. Servir un idéal humanitaire au quotidien, tout un chacun en est capable. C'est en tout cas l'affirmation majeure de l'esprit de la campagne menée actuellement chez nous les 8 et 9 mai au Centre Culturel et Sportif d'El Menzah 6. La conférence de presse tenue à l'occasion du lancement de cet événement mondial a pour objectif d'encourager les décideurs et le grand public afin de s'impliquer de manière concrète dans le soutien des populations vulnérables et l'amélioration de leur condition de vie. Mme Anne E. Leclerc de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a souligné l'ampleur et les proportions mondiales de ce réseau humanitaire, héritage à l'origine d'un homme, Henry Dunant, qui s'est mue 150 ans après, en un mouvement planétaire. 186 sociétés de Croissant-Rouge existent aujourd'hui et des dizaines de milliers de volontaires interviennent dans notre monde en friche, en conformité à sept principes fondamentaux : humanité ; impartialité ; neutralité ; indépendance ; volontariat ; unité et universalité. L'indicateur indéniable de réussite de ce mouvement est cette capacité à traduire un idéal en autant d'actions concrètes sur la scène de la réalité. Aussi, s'engager et être partie prenante d'un mouvement qui œuvre pour rendre audible la voix de ceux qui n'ont pas de voix et défendre le droit inaliénable de tout être humain à la protection et à la dignité est à même de fonder un monde sur l'action humanitaire et adhérer à ce slogan qui inscrit la responsabilité de tout un chacun à travers ses actes.
" Nichan El Iftikhar " L'exposition organisée mérite un retour sur son ancrage particulier, comme l'a souligné Mr Yves Arnoldi, chef de la délégation du CICR-Tunis, puisqu'une importante partie revient sur un personnage central, pour ne pas dire légendaire, Henry Dunant, qui fera l'objet, aujourd'hui à 11h au Centre Culturel et Sportif d'El Menzah, l'objet d'une rencontre débat sur " Action humanitaire : Enjeux et perspectives ". La beauté des bannières historiques qui relatent l'histoire de ce personnage en Tunisie est à découvrir. Il faut savoir que de son passage il publiera un livre dont il fournira un exemplaire au Bey. Ceci lui prévaudra une des plus hautes distinctions de l'époque, " Nichan El Iftikhar ". Cette médaille est actuellement exposée dans un musée à Genève et représente l'unique pièce provenant d'un pays non européen. Pour le deuxième volet de l'exposition, il s'agit d'une sélection de 20 photos sur quelques quarante clichés, œuvres de 5 journalistes professionnels qui symbolisent " l'espoir en dépit du désespoir ". Autant d'arrêt sur image, sur des portraits, sur des activités, sur des êtres humains qui par leur regard, leur condition, leur lutte, leur drame...expriment " la dignité humaine ".
Journalistes humanitaires Dr Tahar Cheniti, Secrétaire Général du Croissant-Rouge Tunisien a abondamment souligné les stratégies mise en œuvre en Tunisie par rapport à des actions qui laissent comprendre que l'humanitaire passe aussi par moult actions rudimentaires, par une implication assidue et non conjoncturelle face à des phénomènes sociaux qui acculent tout citoyen à des formes de vulnérabilité. Et, c'est par la création de réseaux de solidarité et l'anticipation, à travers la promotion d'une culture préventive que l'efficience de l'action humanitaire peut prendre racine. Il y a dans la politisation, l'instrumentalisation où la médiatisation déviante des alertes à prendre en considération afin que le message de l'action humanitaire maintienne ce que Dr Chabbou a qualifié son " rôle de réactivation de tout citoyen ". Par ailleurs, et pour mieux souligner l'apport et l'action considérable que les médias et journalistes peuvent jouer dans cette dynamique, le Dr Tahar Cheniti affirme la nécessité de créer un corps de journalistes humanitaires. Cette spécialisation est possible dans la mesure où les modules de formation existent. Au-delà, il serait possible ainsi de dépolitiser la question humanitaire, de doter les médias tunisiens d'un profil professionnel formé, crédible et à même de jouer son rôle d'intermédiaire fiable face à des décideurs souvent peu enquis des impératifs de l'action humanitaire.