C'est l'histoire d'une prison devenue tristement célèbre, liée au destin de deux chefs d'Etat et où croupissent encore 240 VIP " very important prisoners " tous accusés ou soupçonnés d'avoir contribué à des attentats terroristes. Le premier chef a ouvert cette prison, le second veut la fermer. Nous ne torturons pas avait dit Bush, nous ne torturerons plus, rétorque Obama sans préciser comment régler le passif lié à ces pratiques. La faute incombe à celui qui a ordonné son ouverture et non pas à celui qui veut coûte que coûte la fermer, ce d'autant que son ouverture coûte plus cher que sa fermeture. C'est le Shérif George Bush qui a créé ce légendaire centre de détention après les attentats du 11 septembre 2001 pour isoler les terroristes et les faire parler. Pour lui et son vice président Dick Cheney qui est revenu à la charge, la torture est justifiée quand il s'agit d'assurer la sécurité du pays. Il a dénoncé l'insouciance déguisée en vertu d'Obama. Bush a tout fait pour transformer la sécurité des Etats Unis et celle du monde en un combat idéologique. Le nouveau Shérif Barack Obama est convaincu que Guantanamo n'a pas contribué à diminuer le terrorisme bien qu'il n'y ait pas eu d'autres attentats similaires à celui du 11 septembre. Il persiste et signe en voulant fermer cette honteuse prison et cela malgré la rebuffade que les sénateurs y compris parmi ses partisans démocrates lui ont fait subir en lui refusant les quatre-vingt-millions de dollars nécessaires. Pour le nouveau locataire de la Maison Blanche, l'usage de la torture déshonore et avilit ceux qui la pratiquent ainsi que ceux qui la subissent, nourrit la haine de l'Amérique et lui attirer de nouveaux ennemis. Conscient que l'humanisme est constitutif de son image et de son succès, Barack Obama veut rompre avec l'ordre ancien, nettoyer le " bazar " laissé par Bush. Il veut réinventer l'Amérique. S'il ne veut pas s'aliéner l'opinion américaine des plus intransigeantes sur la sécurité et ternir son image dans le monde visé, être le noyau du terrorisme, c'est-à-dire le monde musulman avec lequel il a rendez-vous le 4 juin au Caire, Obama doit rester ferme. Sauf à faillir à ses promesses, il ne peut chausser les bottes de Bush. Il a compris qu'il doit renverser la vapeur pour restaurer la crédibilité démocratique et morale des Etats-Unis, Etat de droit par excellence, qui veut conserver son leadership mondial. Obama veut assurer la sécurité dans le respect des valeurs humaines mais il faut reconnaître qu'il marche sur des œufs et que cette affaire risque de connaître de nouveaux rebondissements.