La haute saison touristique bat son plein. Les hôtels commencent à drainer les touristes. Les hôteliers retrouvent le sourire. Le paratouristique est en train de suivre. Les restaurateurs, loueurs de voyages, magasins d'artisanat et centre d'animation ont enregistré eux aussi une reprise de leurs activités. Mais cet environnement humain a suscité des réactions auprès des opérateurs touristiques. On rappelle que ces pratiques sont commises par des meutes de rabatteurs en faction dans les différents endroits de la ville fréquentés par les touristes. Ce phénomène ne date pas d'aujourd'hui. Il prend de l'ampleur lors de l'arrivée en masse des touristes.
Depuis leur descente du bus, les touristes en visite dans la région se voient contraints de supporter les assauts de ces hordes de rabatteurs. Ces " beznassas " courent derrière les touristes qui sont sollicités aux seuils des portes de leurs hôtels par ces racoleurs pour leur suggérer des magasins à visiter. On est à Hammamet, tout près de la Médina, des jeunes vendeurs sont là pour attendre les premiers bus arriver dans la grande place. Le harcèlement commence. " Passez Monsieur, mesdames, nous avons de très belles choses à vous montrer. " S'il vous plaît, nous sommes spécialistes dans les tapis. " " Un euro seulement le vase ! " Et d'autres scénarios pour appâter le touriste à acheter. Si certains clients sourient, d'autres font la sourde oreille et continuent leur chemin. Les touristes sont-ils si malmenés par ces vendeurs d'artisanat. Une chose est sûre, embellie ou pas, l'activité touristique souffre encore de certaines pratiques qui constituent autant de désagréments. Pas plus loin, tout près de la station de taxis, les chauffeurs de taxis ont une seule idée en tête : saisir le touriste et lui soutirer le maximum d'argent. Ce harcèlement commence devant l'entrée de l'hôtel. Les chauffeurs de taxis se bousculent pour embarquer les touristes à des prix exorbitants. D'autres surprises attendent le touriste car tout près de sa résidence, il est aussi assiégé par les propriétaires des calèches, des quads et des chameliers. Le touriste est ainsi sollicité par ces rabatteurs qui se multiplient durant cette saison estivale.
Le profil des rabatteurs : Ces beznassa ont une manière d'attirer le touriste et là tous les moyens sont bons pour les harceler. Des mensonges ... des histoires, des jeux de mots etc... Ainsi, une fois le repérage de la proie opéré, l'infernale machine de harcèlement se met en branle. Ils ont décidément le génie des combines, du trafic, des spéculations et des manigances. Ce sont de vrais séducteurs " On est ravi d'entendre ce jeune tunisien parler français disait Caroline de Lyon. Il ne s'arrête pas là. Il me sort : " j'ai un magasin de tapis juste à côté. Est-ce que tu peux venir voir après votre visite de la Médina? Non, vous n'êtes pas obligés d'acheter. C'est juste pour regarder mes articles, c'est tout. Tu me promets ? Il insiste. Je lui réponds " ouais, ouais...j'essaierai de passer ". " C'est horrible nous dit Jean Marc de Cannes. " Ces jeunes rabatteurs nous suivent depuis notre arrivée à Sousse. Ils insistent pour qu'on visite leur commerce. Je l'ai laissé tomber car ils ne doivent pas dicter leur loi " Hamadi un commerçant de Nabeul se lamente " J'en ai marre de ces beznassa. Ces rabatteurs prodiguent aux touristes des informations erronées sur la ville; recommandent certains commerces d'artisanat , dénigrent les autres et partant, faussent injustement le jeu de la concurrence loyale qui doit prévaloir. Ils sont là pour pousser le touriste à acheter et à quel prix ! Notre tourisme n'a pas besoin de ces hors-la-loi qui continuent de gâcher les séjours à des milliers de nos touristes. Il faut prendre des mesures fermes pour garantir la quiétude du touriste durant ses déplacements et ses visites des sites touristiques et sa protection contre toutes sortes d'abus, d'extorsion et de tracasseries. "Le harcèlement des touristes fait partie du paysage touristique. Les surprises ne manquent pas. Il suffit de visiter le souk hebdomadaire de Nabeul pour bien remarquer ce fléau. A leur descente des bus ou du train, des jeunes sont aux trousses du touriste pour lui proposer des boissons allant de l'eau au jus et à des prix élevés. A côté, des femmes proposent leurs services : des tatouages au henné et à quel prix ! Le harcèlement continue une fois que le touriste arrive près des commerces d'artisanat. Chacun propose ses produits envahissant même le trottoir rendant le passage des piétons difficile. Même le tabac et les marques de renommée sont en vente. L'insistance verbale commence. Tous les moyens sont bons pour l'attirer. On essaie de parler sa langue même cassée, on donne de petits cadeaux aux enfants, on tire le touriste pour le pousser à entrer. " Regarder seulement " disait l'autre fois un jeune vendeur. Mais monsieur, on vient d'arriver. On fera notre tour. On reviendra vous voir plus tard" répond le touriste pour fuir le jeune commerçant. Les touristes attablés aux cafés n'échappent pas au harcèlement de ces enfants qui proposent des plants de palmiers, des bijoux, des poteries. Heureusement que les guides sont là pour orienter le client. Et souvent, le touriste préfère acheter auprès des magasins recommandés par l'Office de l'artisanat pour éviter les prix prohibitifs de certains vendeurs. Les touristes d'aujourd'hui sont plus avertis que les touristes d'il y a vingt ans, et se défendent mieux. Ce harcèlement n'en finit pas. Il touche même les restaurants, les cafés, les centres d'animation ; les bases nautiques. A Yasmine Hammamet et tout près de la Marina, des jeunes apprentis sont mobilisés toute la journée et font tout pour attirer le touriste à manger où à boire quelque chose. Même, les resto chics n'échappent pas et font des rabais pour drainer le touriste. Hassen, rabatteur de son état , se tient quotidiennement à proximité de la Médina. En expert, il épie attentivement les personnes qui passent et reconnaît au premier coup d'œil son client. " C'est mon métier dit-il, je vis avec. J'ai une famille à nourrir et je profite pour faire visiter les touristes et les faire acheter quelques souvenirs. Je ne suis ni collant ni agressif.
Endiguer le fléau : Il est vrai qu'à chaque fois où l'activité touristique revient à son paroxysme, le sujet du harcèlement ressurgit. Conséquences : le touriste essaie à chaque fois d'éviter ces tractations. La question fait ressurgir le débat sur la nécessité de créer des inspecteurs pour bien maîtriser ce fléau, à l'image de ce qui se fait dans d'autres pôles touristiques étrangers. Les commissariats régionaux de tourisme font de leur mieux pour endiguer ce phénomène et assainir notre tourisme de ces intrus qui augmentent leur chiffre d'affaires par leur comportement irréfléchi. Le tourisme n'est pas constitué que d'hôtels et d'agences de voyages. Il y a aussi les restaurateurs, les centres d'animation, les boîtes de nuit, les centres de SPA, de thalasso, les vendeurs de produits artisanaux, les bases nautiques et autres. Mais font -ils leur travail comme il faut ? Il faudrait sensibiliser ces partenaires du tourisme et agir si on veut faire avancer le secteur. Donc, le plus efficace serait une approche réfléchie pour améliorer notre environnement humain. Il faut assainir nos souks de certaines incorrections ou anomalies comportementales provenant de certains démarcheurs et beznassa susceptibles de gâcher les délicieux moments que le touriste est censé passer au shopping : l'hospitalité et les bonnes mœurs sont des valeurs essentielles à préserver. L'idée d'une confédération groupant tous les intervenants du tourisme pourra contribuer à améliorer l'image du secteur touristique en Tunisie