Ce choc "Tunisie-Nigeria" digne d'être un classique d'Afrique aura été le match des vanités, le match des complicités aussi. Au milieu d'un cheminement pâteux, avec des minutes qui s'étiraient indéfiniment et presque dans la lassitude mentale générale, grands seigneurs, Tunisiens et Nigérians ont joué aux: "Messieurs tirez les premiers". Le match était donc placé sous le sceau d'une complaisance tacite. D'une sorte de protocole de non agression mutuelle. Les Nigérians jouaient (pour la première fois depuis très longtemps) avec trois pivots. Ils n'ont pas trop insisté sur leurs forces de frappe, les latéraux Tahtahou et Edefemi, curieusement contrés par Zitouni et Allagui – et non l'inverse. Quant à Obina et Odinebeya, leurs ailiers nominaux et excentrés d'une rare rapidité, ils n'avaient pas l'air de vouloir trop s'investir. Sinon Kanu est entré vers le tard, au même titre que Michael qui rata d'ailleurs un but tout fait comme il lui arrive de faire souvent avec l'Espérance. Pour ne pas patauger encore dans les incertitudes (ce que les médias le lui ont reproché ces derniers temps) Coelho a choisi la rigueur et les artifices de la rationalité au détriment de l'audace. Comme nous le disions, Zitouni, Darragi et Allagui devenaient nos premiers défenseurs quand la balle était récupérée par l'arrière-garde nigériane. C'était donc un premier rideau défensif. Et si jamais Tahitahou et Edefemi échappaient au contrôle de Zitouni et Allagui c'est Korbi et Saïdi qui les prenaient en charge, dans un deuxième rideau défensif. Quelques mètres en arrière, nos pivots s'alignaient comme les gardiens du temple devant une défense à quatre, inappropriée et, pour le moins figée. Peut être Ragued tira-t-il son épingle du jeu. On voyait bien qu'il cherchait à se rebeller, à ne plus se soumettre au tacticisme stéréotypé de Coelho. Mais ils étaient très peu nombreux, parmi les nôtres, à oser quoi que ce fût. "Tu me donnes la balle, je te la restitue". Indigence donc, manque d'idées et manque d'ingéniosité! Il fallait donc attendre que Darragi caresse la balle, use de ses passes filtrantes, montre ce petit quelque chose de plus, pour que la sélection réussisse quelques triangulations et quelques percées "verticales". Justement: les percées offensives! La belle surprise est venue de l'inoxydable Zitouni. Mais c'est insuffisant. Car si nous ne récupérons pas, et vite, Jemaâ, Chikhaoui, Santos et Chermiti, la sélection tunisienne jouera toujours pour ne pas perdre.