Lorsque vous essayez de joindre par téléphone certaines de nos administrations, c'est généralement une voix féminine doucereuse ou quelconque qui vous répond et vous demande de patienter le temps qu'on établisse le lien avec le service appelé. Ce temps n'est malheureusement jamais court. Pour vous aider à supporter l'attente sans perdre votre sang-froid, on vous met une musique de la même qualité médiocre que la voix qui vous a répondu au début. C'est tantôt du mauvais malouf, tantôt une détestable musique de chambre, sinon une mélodie anonyme qui vous laisse aussi indifférent que si vous n'écoutiez rien du tout.
Communication trop longue En attendant donc qu'on vous passe le correspondant demandé, la communication se prolonge et votre prochaine facture s'alourdit de quelques centaines de millimes de plus. Quand par chance, la musique est interrompue assez tôt, vous écoutez à sa place et pendant pratiquement la même durée, la sonnerie d'un téléphone que personne ne veut décrocher. Vous vous retenez d'exploser pendant ce temps, lorsque la sonnerie s'arrête et que vous entendez enfin une voix vraiment humaine au bout du fil. Mais pauvre de vous, le monsieur ou la dame qui vous répondent s'avèrent être des collègues d'un autre service qui après vous avoir fait perdre quelques autres secondes ou minutes supplémentaires vous branchent sur une autre ligne laquelle n'est pas non plus la bonne. A la fin, on vous passe de nouveau le standard qui cette fois encore sonne et ne répond toujours pas. Vous aurez ainsi perdu un dinar à téléphoner à ...personne ! C'est la mésaventure que nous avons vécue hier avec une agence qui, semble-t-il, confie l'orientation des communications téléphoniques externes vers les services concernés à un centre d'appel formé de jeunes qui ne font eux-mêmes qu'errer (et vous égarer par conséquent) entre les lignes et les numéros multiples de l'administration qui les emploie. Nous avons appelé ladite agence pour demander un service. Le jeune opérateur nous passa donc sa rengaine au début, ensuite un premier, puis un deuxième et un troisième numéro entre lesquels bien entendu revenait l'insupportable musique. Mais à un certain moment, nous n'entendîmes plus rien, même pas un susurrement, pas même un frou-frou. Non, rien ! Alors nous désespérâmes de toute réponse et raccrochâmes pour rappeler le numéro initial. Musique, puis la voix d'un jeune que nous avons pris pour la même que tout à l'heure ! Non monsieur, c'est mon collègue qui vous a répondu la première fois. Nous sommes plusieurs à répondre aux appels, ici. Pouvez-vous me redire votre réclamation ? Nous réexpliquons tout et le jeunot de s'apprêter à nous faire revivre le premier supplice. Nous l'arrêtons net et lui demandons, vu le prix auquel à ce rythme-là reviendrait chaque communication, de nous passer directement le service demandé. Alors il se prit de pitié pour notre budget et promit de nous rappeler de suite aux frais du centre cette fois. Une heure après, notre téléphone n'a pas encore sonné. Deux heures plus tard, nous attendions toujours la voix du jeune homme exactement comme si nous n'avions rien d'autre à faire de notre journée. C'est plutôt une voix de jeune fille en mal de flirt qui nous appela pour nous proposer une soi-disant nouvelle " promotion " offerte par sa société. Il faut dire qu'après la demi-heure de communication payante, nous avons finalement compris que tout a un prix dans cette administration, même les offrandes !