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Comment vaincre les réticences ?
Nos émigrés veulent bien investir en Tunisie
Publié dans Le Temps le 07 - 08 - 2009

Organisée par le Centre d'Affaires de Sfax, une journée d'information consacrée aux incitations et autres encouragements au profit des Tunisiens à l'étranger a réuni différents représentants des administrations concernées avec de potentiels promoteurs de projets parmi nos concitoyens émigrés, venus s'enquérir sur les avantages qui leur sont accordés par la législation tunisienne en matière d'investissement et de création d'entreprises.
L'ensemble des communications qui ont vu se relayer successivement au micro, Mme Ikram Makni, directrice du Centres d'Affaires de Sfax et MM. Tarak Bel Haj Salah (APIA), Lotfi Ben Arab (API) et Afif Yahia (SOGES Capita), révèle une panoplie de mesures tant fiscales que financières à caractère hautement incitatif, au profit de nos concitoyens expatriés. Donc, du point de vue communication, la journée a tenu ses promesses. En même temps, elle a mis à nu un paradoxe dont l'analyse et l'explication n'étaient pas à l'ordre du jour : celui du niveau dérisoire des investissements faits par cette frange de nos concitoyens par rapport aux investissements réalisés à l'échelle nationale (voir encadré).
Les deux seuls indices positifs révélés par les statistiques sont d'une part l'accroissement du nombre des projets réalisés en 2008 par rapport à celui de 2007 et d'autre part, l' augmentation de 50 % du taux d'intentions d'investissements ( 2ème semestre 2008 et 1er semestre 2009). Pour le reste, les données ont de quoi inciter à réfléchir quant aux causes de la réticence manifeste et apparemment inexplicable, de nos concitoyens, vu l'importance des incitations générales et spécifiques qui sont vraiment alléchantes.
De plus, la chose est d'autant plus surprenante, que le statut social de nos émigrés n'est plus le même que celui des années soixante quand nos contingents se composaient presque exclusivement de manœuvres alors qu'actuellement, il y a de nouvelles générations qui connaissent une promotion sociale remarquable, comptant dans leurs rangs des entrepreneurs, des hommes d'affaires, de hauts cadres, des médecins et des universitaires.
Par quoi s'expliquent les réticences de nos concitoyens émigrés en matière d'investissement dans le pays ? Les anciens, déjà bien établis dans leurs pays d'accueil, seraient-ils tentés de passer le restant de leur vie auprès des leurs ? Est-ce l'extinction, somme toute normale, de la flamme et de l'ardeur de leur jeunesse ? Les deuxième et troisième générations auraient-elles moins d'attaches avec la patrie que leur aînée, (et dans ce cas comment y remédier ) ?
Sans prétendre aucunement faire, ici, le tour de la question relative à la modicité des investissements entrepris par nos concitoyens non-résidents, car cela exige au moins un forum, le Temps s'est adressé à quelques uns d'entre eux , présents lors de la journée de Sfax, pour recueillir quelques éléments de réponse.

Et l'information
La première question est de savoir s'il y a ou non déficit d'information ? Là-dessus, les personnes interrogées sont départagées car si cette lacune peut être valable pour la frange d'émigrés manquant d'instruction, il n'en est pas de même pour les autres du fait de la profusion des sources d'information dont Internet. A condition bien sûr que l'on soit motivé et que l'on prenne la peine d'aller la chercher. Or, la motivation qui n'est pas toujours spontanée, peut être provoquée à travers une information assidue. Les défenseurs de cette thèse préconisent à cet effet une action continue de sensibilisation. A ce propos, le meilleur moyen de maintenir le contact, selon Sonia Zouari, jeune architecte exerçant au Canada depuis une dizaine d'années, est sans doute la communication de l'information par e-mails aux abonnés et aux adhérents à l'étranger pour les mettre au courant de ce qui se passe dans le pays : " Je suis personnellement avide d'en apprendre plus concernant les encouragements et les opportunités d'investissement dans d'autres secteurs. Le forum d'aujourd'hui a essentiellement couvert les secteurs de l'agriculture et de l'industrie, alors que je travaille plutôt dans le secteur des services et je suis avide d'en apprendre davantage sur les besoins du pays étant donné que je suis absente depuis une dizaine d'années. Je ne sais pas comment les choses ont évolué. Et ça m'intéresse beaucoup de connaître ces besoins et de savoir si je peux me rendre utile. "

Black out durant l'été
Nassim Zouari, jeune ingénieur pétrolier, actuellement installé en France où il est retourné à l'issue de pérégrinations professionnelles au Congo, Nigéria et Etats-Unis, ironise subtilement sur le ronron et la torpeur de l'administration tunisienne : " Pour moi je considère que l'information est sans doute disponible mais le Tunisien, quand il a une idée de projet, il profite de ses vacances pour chercher cette information. Le problème, c'est que l'été correspond chez nous, en Tunisie, à deux mois de congé payé auxquels s'ajoute le mois de ramadan et avec le mois de congé payé annuel, cela fait quand même beaucoup. Grosse modo, on n'est pas capable de trouver l'information pendant l'été, ce qui fait que le citoyen qui souhaite avoir une information doit y réserver un voyage, en dehors de la saison estivale, c'est-à-dire, pendant la période de rush pour son travail. "

Concernant le manque d'information, Docteur Hédi Fantar professeur universitaire et chef du département des conférences au sein de l'Organisation de la Conférence Islamique au Royaume d'Arabie Saoudite estime : " En général, le citoyen tunisien est motivé par l'investissement dans son pays mais il n'a pas la motivation d'aller chercher lui-même l'information, même s'il dispose de multiples canaux pour y accéder comme le guichet unique qui est une nouveauté ". Il est donc malheureusement vrai que l'Etat est appelé à faire un effort supplémentaire pour faire parvenir l'information aux destinataires " fainéants " qui ayant acquis la mentalité d'assistés ont constamment besoin d'être relancés.

Autres facteurs
Outre le volet information, il y a tout un faisceau d'autres facteurs derrière le manque d'enthousiasme constaté chez les investisseurs potentiels parmi nos compatriotes expatriés. La première raison selon nos interlocuteurs est d'ordre psychologique : elle a pour noms appréhensions et incertitudes : " Pour moi, c'est la peur de l'échec parce qu'on ne peut pas se permettre facilement de courir le risque de jeter les économies de toute une vie par la fenêtre. La décision de rentrer est très difficile quand on a une stabilité. On est tenté de rentrer pour l'amour du pays, et surtout de la famille. Mais si on a déjà construit notre famille, un petit patrimoine, la décision est d'autant plus dure et difficile que le risque zéro ne signifie pas 1000 % de réussite, et ce en dépit de toutes les promesses réitérées d'encouragements et de soutien. ", enchaîne la jeune ingénieur.

La peur
Pour Nassim Zouari la peur de l'échec se situe d'abord au niveau du retour définitif : " J'ai participé au forum de l'Association des Tunisiens des Grandes les Ecoles en France, dont je suis membre, et grosso modo ce sujet a été discuté avec beaucoup d'intervenants nationaux : la principale préoccupation , c'est d'abord, la peur de l'échec du retour lui-même des Tunisiens en Tunisie. Pour moi ce retour doit se faire fait par étapes. D'accord l'objectif de chacun est d'avoir un projet. Mais il faut d'abord qu'il rentre, qu'il touche au secteur national au sein d'une entreprise en tant que salarié ou en tant que partenaire minoritaire et c'est là qu'il va toucher du doigt les faiblesses du système, comment il faut réagir aux différents freins, parce que c'est vraiment un saut dans l'inconnu. Je peux vous assurer que parmi les diplômés des grandes écoles, dans mon entourage, il y a plus de Tunisiens qui sont rentrés au Maroc que de Tunisiens qui sont rentrés en Tunisie alors que la qualité de vie est sensiblement la même dans les deux pays. C'est vous dire... Donc, il faudrait d'abord qu'il y ait plus de facilitations et de mesures destinées à encourager le Tunisien à rentrer au pays, sans être investisseur. C'est à mon sens le premier pas. Une fois rentré avec son capital, le citoyen va décider de ce qu'il va en faire. S'il a déjà peur de rentrer, il va investir en quoi ? Il va construire un immeuble, acheter un terrain et il va jouer la spéculation tout simplement. "

Appréhensions surmontables
Le professeur Fantar, quant à lui, pense que les appréhensions personnelles ne sont quand même pas insurmontables. Ce qui par contre peut freiner l'élan des investisseurs, c'est une autre source de crainte, en l'occurrence, celle " D'une mauvaise gestion qui ne dépend pas uniquement de l'investisseur lui-même parce qu' il y a plusieurs intervenants comme l'administration, les ministères concernés et les employés. Ce qui cause aussi l'hésitation de l'investisseur tunisien à l'étranger ce sont aussi certaines ambiguïtés qui restent toujours à éclaircir au niveau de la responsabilité de chacun des opérateurs : d'abord celle du ministère concerné, de l'investisseur lui-même et des employés. Concernant la relation entre le ministère et l'investisseur il y a des points qui ont besoin d'être éclaircis davantage : quand on parle des encouragements durant les cinq premières années, à quoi l'investisseur doit-il s'attendre au-delà de cette période de grâce ? Ensuite la relation entre l'investisseur et les employés, comment est-elle gérée ? Par exemple, le jour où il y a un déficit, où il y a un échec, ce qui est envisageable, quelle serait la relation entre les employés et leur employeur ? "

Les entraves
L'ensemble des interlocuteurs ont mis le doigt sur d'autres entraves à l'investissement de nos compatriotes domiciliés à l'étranger. Même s'ils s'accordent sur l'importance des avantages qui leur sont accordés, ce qu'ils redoutent le plus, ce sont les pratiques qui froissent l'image du pays, surtout au niveau du contact réel avec l'administration : " On a beau dire, la réalité du terrain fait dresser pas mal d'embûches sur le chemin de celui qui pendant les vacances réalise des travaux de construction, règle des affaires d'ordre administratif, fait l'acquisition d'un terrain etc... De deux choses l'une, ou bien l'on sème des entraves et alors c'est le parcours du combattant, ou bien l'on fait preuve d'un empressement excessif, pour nous servir et aplanir nos difficultés. Mais dans les deux cas, les gestes et l'attitude sont calculés et on est constamment soumis à une sorte de " pression " difficile, à supporter. Mais comme on est pressé par le temps, on doit faire avec. C'est cette plaie qu'il faudra nettoyer. Que dire alors, si l'on effectuait notre rentrée définitive pour monter un projet qui engloutirait les économies de toute une vie de labeur et peut-être de souffrances et de sacrifices ! ", ont dit en substance, certaines personnes interrogées dont une citoyenne affirme qu'elle trouve beaucoup de peine actuellement à convaincre des hommes d'affaires arabes d'entrer en partenariat avec lui parce qu'ils ont entendu parler d'expériences pour le moins qu'on puisse dire non concluantes, " Du fait du manque d'intégrité d'employés de l'administration. "

Les règlements
Parmi les autres sujets de plainte, il y a lieu de relever, outre la rétention abusive de certains documents, une interprétation erronée des règlements en vigueur. Ce qui cause un énorme préjudice, par exemple aux exportateurs, en raison du retard consécutif. Et en attendant le résultat des recours auprès des paliers supérieurs de l'administration ou des autorités compétentes, le mal aura déjà été fait et le préjudice subi. Le doigt est à ce propos pointé sur les services de douane. Et pour d'autres contrariétés, c'est la CNSS qui est mise en cause.
En conclusion, il apparaît clairement que la portée, l'efficience et les effets de toutes les dispositions si incitatives qu'elles soient demeurent tributaires de l'état de santé de l'environnement administratif et social du pays, donc de l'image qui en est véhiculée. Par conséquent, il importe beaucoup de soigner cette image et de sévir contre ceux qui y portent atteinte.
T.L
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Chiffres clés
* La Tunisie compte un million de citoyens expatriés.

** Durant les 20 Dernières années : à l'échelle nationale

* Volume des investissements : 414 millions de DT
* Répartition des investissements :
-10 % dans le secteur agricole
-15 % dans le secteur industriel
- 65 % dans le secteur des services
* Postes d'emploi créés : 46000
* Régression des investissements depuis 2006, au niveau du secteur industriel
* Accroissement des investissements depuis 2006, au niveau du secteur agricole
* 2007 : 101 projets, soit des investissements de l'ordre de 07 millions de DT
* 2008 : 118 projets, soit des investissements de l'ordre de 88 millions de DT
* 2008 : le taux d'investissements passant par le canal de l'APIA : 2,6 % du taux national.
* Baisse de 06 % du taux d'investissement dans le secteur industriel. En revanche :augmentation de 50 % du taux d'intentions d'investissements ( 2ème semestre 2008 et 1er semestre 2009)

** A l'échelle du gouvernorat de Sfax durant les 08 dernières années :

1- A la lumière des déclarations des avantages fiscaux :

* Une moyenne annuelle de 10 projets réalisés.
* 30 millions de DT pour 636 millions de DT à l'échelle nationale.

2 - A la lumière des déclarations des avantages financiers ( projets intégrés) :

* Une moyenne annuelle de 2,25 projets soit un volume d'investissements de 128 mille DT pour 30 millions de DT, d'investissements privés dans le secteur agricole, au niveau du gouvernorat.


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