Le chômage en Tunisie est le problème numéro un. Cela ne date pas d'aujourd'hui, mais il a pris des proportions alarmantes au cours des dix dernières années, notamment dans les rangs des diplômés du supérieur. Le phénomène s'est aggravé davantage depuis l'avènement de la révolution. Les raisons, tout le monde les connaît. Le principal facteur de la dégradation de l'emploi est le climat d'instabilité qui caractérise cette phase de transition. Et il y a lieu qu'on en finisse avec au plus tôt pour que le tableau de bord devienne déchiffrable surtout pour les potentiels investisseurs, tunisiens en premier lieu et étrangers par la suite. Le climat d'incertitude politique et d'appréhension sécuritaire rend impossible toute entreprise d'investissement à même de créer des emplois et de participer à la réduction graduelle et consistante du chômage. Ce dernier est un problème national et ne peut et ne doit être solutionné qu'à ce niveau. Mais encore faut-il que les conditions objectives pour la relance de l'emploi soient réunies. Or que constate-t-on ? Rien ! Ou plutôt des vœux pieux de nos gouvernants avec des promesses sans lendemain. Mais le plus navrant est d'entendre nos ministres-chargés du dossier-ou ayant rapport- avec, parler d'offres venues des pays de la péninsule arabique pour embaucher un certains nombre de (médecins, cadres paramédicaux, ingénieurs ou professeurs...) La plus récente de ces offres nous vient du Qatar avec le besoin de ce pays « de 1000 cadres médicaux et paramédicaux pour les prochaines années (combien ?) Annoncée par notre ministre de la Santé publique. Voila qui va participer à résoudre le problème du chômage de la Tunisie postrévolutionnaire ! C'est vraiment désolant d'entendre ou de lire de pareilles déclarations quand on sait qu'il n'y a pas de quoi pavoiser quand on se trouve en position de quémandeur auprès d'autres pays même si d'un autre point de vue cela peut paraître honorant pour notre pays pour la qualité de ses cadres. Or la question cruciale ne se situe pas à ce niveau. Elle est ailleurs, et devra être sérieusement perçue en tant que telle. Les jeunes sortis en décembre 2010 et janvier 2011 et qui manifestent presque quotidiennement dans les différentes régions, veulent des emplois chez-eux, dans leur pays où ils peuvent jouir de tous leurs droits et se sentir réellement et positivement citoyens libres et responsables loin de toute exploitation ou humiliation là où ils s'expatrient. Car –et ce n'est un secret pour personne- émigrer pour gagner sa vie est dégradant surtout avec les échos qui nous viennent des pays hôtes dont les employeurs confisquent les passeports de ces malheureux laissés pour compte et les traitent en sous-hommes. Et ce ne sont pas les pétrodollars qui doivent cacher la réalité vécue par les milliers de nos concitoyens à l'étranger, même s'ils préfèrent le taire et n'en parler qu'une fois rentrés dans les pays. Emigrer pour gagner sa vie n'est pas une tare en soi, mais encore faut-il que le mérite de celui qui émigre soit connu. Et cette solution ne peut être que provisoire et ne doit jamais faire partie des plans d'un gouvernement quel qu'il soit. La solution de l'emploi est ici et non dans l'outre-mer. Et c'est ce que nous devons comprendre et retenir pour agir en conséquence.