Ce match nul de l'Equipe nationale face à la Côte d'Ivoire est à prendre avec des pincettes. L'entraîneur national et ses joueurs avaient la même réplique après la rencontre : « Nous avons appliqué la tactique préconisée contre le Nigéria ! ». Si nous comprenons bien, le match contre la Côte d'Ivoire était de la pure simulation, un scénario et tant qu'à faire on aurait pu facilement le jouer en virtuel sur un ordinateur ! Surprenant de la part de M. Coelho ! Surprenant, en effet, parce qu'il sait, lui qui a vécu les safaris africains, qu'il n'est guère quelque chose de plus hétéroclite que le football africain, justement. Platini avait bien précisé qu'il n'existe pas de gabarit uniforme du football africain. Et plus que tout, il n'existe pas d'école. Mais, plutôt un instinct africain, quelque chose d'inné, comme pour les Brésiliens, mais point d'école. Des écoles à la limite... Dès lors, adopter des schémas conçus pour Lagos contre les Ivoiriens à Sousse, fait que le match, une réelle opportunité de s'aguerrir, n'était pas dans son contexte. Tous les amis techniciens sondés au pied levé affirment ne guère déceler de similitudes entre les équipes nigériane et ivoirienne. Et surtout, Sousse ce n'est pas Lagos. Nous aurions, donc, pu faire un petit effort devant, c'est-à-dire, en attaque. Quant à la satisfaction béate qu'inspire cette défense qualifiée de « solide » par Coelho et ses défenseurs, cela est pour le moins trompeur. Car, n'oublions pas que Kesraoui s'est surpassé sur au moins deux actions de but ivoiriennes. N'oublions pas non plus qu'il n'y avait pas Drogba et que l'arrière-garde tunisienne faisait office de sentinelle statique derrière un premier rideau formé de pivots contristes. Finalement cette translation « Nigéria/Côte d'Ivoire » a quelque chose de disproportionné. L'individualisme qui prévaut dans la sélection nigériane et aux antipodes de l'homogénéité d'ensemble de la Côte d'Ivoire. Et c'est là où la simulation de Sousse risque de s'avérer carrément « hors sujet » : contre la Côte d'Ivoire, la Tunisie a joué contre une équipe qui joue au football. A Lagos elle affrontera une équipe composée de joueurs jouant chacun pour soi. En soi, cela représente un danger. Et c'est là toute la différence entre un match formellement prévu au mouvement près et la réalité d'un terrain (Lagos) plutôt une fournaise dont on sort rarement indemne en jouant la défensive. Le scénario de Sousse est peut-être suggestif. Mais cela reste un scénario.