La plus belle enquête de l'Homme, c'est l'Homme lui-même. L'Homme qui pense et qui aime à la fois, sinon l'homme qui réfléchit avec son cœur et qui aime avec sa tête. Sans faire dans le mysticisme, sans interpeller la mythologie, ni s'interroger sur le sexe des anges, cette symbiose entre un peuple (le nôtre) et son guide (le nôtre) est une fantastique chimie que sécrètent les pulsions sur l'appel du cœur et synthétisent la logique et la raison qui, pourtant, veut bien déraisonner, se faire des concessions, revendiquer l'amour, et basculer dans les bras de son pire ennemi : La passion. Passion raisonnable, ou raison passionnée ? Les deux ! C'est l'histoire de ce peuple avec Ben Ali, et c'est la romance de Ben Ali avec ce peuple. Les premiers alchimistes se sont tués à vouloir, comme Promethée, voler son secret à la vie. L'alchimie est, certes, le plus inexplicable parmi les sciences humaines. Mais sa réussite aura tracé les trajectoires de la vie de l'Homme sur terre et ses égarements auront propulsé celui-ci vers la spiritualité où il va chercher refuge. Et c'est là que l'Homme choisit. Qu'il invente lui-même ses évidences géométriques parce qu'il a la faculté de se positionner vis-à-vis de lui-même (parce qu'il se réinvente chaque jour) et parce qu'il réinvente son vécu et donne un sens, une orientation sentimentale aux balises de la vie. Qu'attend Ben Ali de son peuple ? L'amour pour la Patrie. L'allégeance à la Patrie. Jamais, Ben Ali n'aura revendiqué quoi que ce fut pour lui-même. Jamais il n'a dévié de son pragmatisme et de l'objectivité de ses rapports au pouvoir et à la gestion des affaires de l'Etat. C'est l'homme de la providence et il se refuse de l'être. Mais, les Tunisiens ne le lâchent pas. Ils lui collent à la peau. Ils sont en lui et il est en eux. Les Tunisiens aiment sans réserve. Quand la chimie prend, il n'y a rien à faire : la sentence est prononcée, Ben Ali n'a pas le choix. Ce n'est pas un amour mutuel. Mais une maladie d'amour. Ben Ali aura tout donné aux Tunisiens ; les Tunisiens le lui rendent sans réserve. Et cette chimie magique fait qu'ils rajeunissent ensemble, dans cet éternel vivier de jouvence qu'est cette Tunisie belle, mystérieuse, fascinante, insondable, mais si généreuse, si attirante par on ne sait quel magnétisme. Oui, " magnétisme " : c'est, peut-être, le mot. Mais ce n'est jamais le mot qu'il faut. On ne le trouvera pas. Et alors, appelons-le " Amour ", en attendant que Ben Ali et ce peuple nous racontent le secret de tant de complicité indicible ; de tant de synergies triomphantes ; de tant de communion pathétique.