Il a semblé à certains que cette licence débouchait sur l'élimination pure et simple des deux spécialités d'histoire et de géographie de l'enseignement universitaire tunisien. Afin de lever toute équivoque à ce sujet, il faudrait reconnaître que cette lecture résultait soit d'une mauvaise compréhension de la nature et de la spécificité de la formation en licence fondamentale, soit d'un refus déguisé de la réforme du système des diplômes universitaires tunisien dorénavant en phase avec les normes internationales. Il est utile de rappeler que la création d'une licence fondamentale d'histoire - géographie s'est faite sur la base d'une proposition datée du 22 mai 2009, émanant du conseil scientifique de la faculté des Lettres, des Arts et des Humanités, dans le cadre de l'effort national visant à réduire le nombre de licences fondamentales et de respecter la règle du tiers (de licences fondamentales) et des deux tiers (de licences appliquées). Cette proposition a bénéficié de l'aval du conseil des Universités dans la mesure où elle évite la spécialisation précoce des étudiants. Cette nouvelle licence se fonde sur un tronc commun des deux filières et s'inspire d'expériences pédagogiques passées dont la pertinence a été établie dans la formation d'élites d'enseignants et de chercheurs en histoire et en géographie. Par ailleurs, parmi les bienfaits de cette proposition est qu'elle met à contribution la souplesse offerte par le système LMD dans la prise en compte de parcours devenus un élément structurel essentiel dans la nouvelle architecture des offres de formation. Rappelons à ce titre qu'une licence dans le système LMD relève d'une grand domaine de formation qui, à son tour, se décline en mentions, puis en spécialités ou en parcours. Le parcours-type peut lui-même être mono disciplinaire ou bi disciplinaire ou davantage. Il peut être à vocation fondamentale ou appliquée. Il comporte une série d'unités d'enseignement obligatoires et d'autres appliquées liées et cohérentes. En fait, la complémentarité de l'histoire et de la géographie a constitué en Tunisie et ailleurs un élément régulier dans la formation générale à tous les niveaux (de l'enseignement de base à l'enseignement supérieur) dans la mesure où le besoin de formation à tous ces niveaux exige une formation mixte des formateurs d'histoire et de géographie et une connaissance des deux spécialités.
Eviter tout amalgame Depuis la création de l'université en Tunisie, la formation dans le cadre de la vieille maîtrise et dans celui de la licence d'aujourd'hui a toujours comporté, de la première année à l'agrégation, un quart des modules dédiés soit à l'histoire soit à la géographie, afin de répondre aux besoins réels de la formation dans l'enseignement secondaire. Il s'agit d'une formation générale couvrant les domaines de base de l'histoire et de la géographie et habilitant les diplômés à enseigner les deux matières. Il y a lieu ici d'éviter tout amalgame entre les besoins pratiques de l'enseignement secondaire en enseignants ayant une formation double et les besoins de la recherche scientifique universitaire qui requiert la fine spécialisation afin de couvrir les besoins de l'enseignement supérieur en enseignants et chercheurs. Il est, toutefois, naturel que cette spécialisation ne concerne en aucun cas l'étudiant débutant qui a intérêt à mieux connaître les deux filières afin de faire son choix en connaissance de cause à partir du deuxième semestre de la première année. Sur la base de ces considérations, un tronc commun d'un semestre a été défini par une commission sectorielle mixte présidée par le président de la commission nationale de pilotage du LMD et comportant des représentants des deux commissions sectorielles de géographie et d'histoire ayant déjà élaboré des programmes d'études. Le tronc commun comprend 6 unités dont 2 obligatoires d'histoire et 2 obligatoires de géographie, 1 unité transversale et 1 unité optionnelle d'histoire ou de géographie facilitant la spécialisation à partir du 2ème semestre de la 1ère année. Il faudrait également rappeler que le programme du 2ème semestre de la 1ère année a été préservé dans les deux parcours d'histoire et de géographie. Quant aux enseignements des autres semestres, ils n'ont fait l'objet d'aucun changement et ont été maintenus tels qu'ils étaient dans les deux licences fondamentales séparées. Cela donne à lire que le système des parcours, fondement majeur de la réforme LMD, ne peut en aucune manière être considéré comme minimisant la valeur de telle ou telle filière ou réduisant certaines de ses composantes. C'est aussi la preuve que cette réforme n'a pas fusionné les deux filières, mais a donné à l'étudiant une possibilité supplémentaire de choix. Il en résulte que le terme devenu courant de fusion des deux filières n'a aucun fondement objectif ou réaliste dans la mesure où la création de la licence fondamentale respecte les composantes essentielles de la géographie et celle de l'histoire en quantité et en qualité, en préservant le nombre total d'unités et les unités optionnelles et en offrant la possibilité aux étudiants de s'orienter vers l'un des deux parcours d'histoire ou de géographie, en fonction de leurs désidérata et de la capacité d'accueil de l'établissement.
Continuation C'est pourquoi les rumeurs selon lesquelles les spécialités d'histoire et de géographie seraient supprimées, relèvent de l'interprétation erronée. Les structures et les commissions chargées de la réforme en histoire et en géographie continueront à travailler afin d'évaluer les offres de formations dans les deux spécialités, tout comme les laboratoires et les unités de recherche et les départements d'histoire et de géographie continueront à fonctionner normalement. Seuls ceux qui ne sont pas suffisamment imbus des valeurs de la réforme et de ses objectifs pourraient mettre en péril l'identité et le rayonnement de ces deux filières. Il faudrait enfin souligner que la réduction du nombre d'étudiants orientés vers la licence fondamentale en histoire et géographie est nécessaire. En 2008-2009, le nombre d'étudiants dans ces deux filières a dépassé les 6200 étudiants. Ces deux filières mettent chaque année sur le marché de l'emploi plus de 1000 nouveaux diplômés dont le ministère de l'Education et de la Formation ne recrute qu'une centaine. Tous ces chiffres montrent que les réductions des effectifs étudiants dans la formation fondamentale de ces deux filières est un choix nécessaire. Les enseignants des deux filières sont appelés à faire un effort supplémentaire pour préparer des licences appliquées rompant avec le cercle vicieux de formation de diplômés dont le marché de l'emploi ne veut pas et tenant compte de la demande sociale et économique.