Il y a quelques mois, l'Espérance entrait dans la dernière décade de ses cent ans. Le Club Africain, lui, a commencé cette semaine à commémorer ses 90 ans. Dans à peine un lustre, l'Etoile fera son entrée dans ce club de patriarches vénérables suivie, trois ans plus tard par le CAB et le C.S.Sfaxien. Un âge qui dépasse la simple notion de passé pour devenir l'Histoire. L'Histoire qu'un grand philosophe contemporain définit comme un dialogue entre le passé et le présent. Qui, mieux que ces chemins vers leur centenaire, en gardant la vigueur de leur jeunesse, peut faire la démonstration de cette vérité ? Un dialogue où c'est toujours le présent qui prend l'initiative pour faire revivre le passé. Un dialogue entre la racine semée depuis si longtemps et la fleur qui resplendit, toujours plus écarlate, au rythme des générations. Pour ces clubs qui rajeunissent avec l'âge, plus de neuf décennies faites d'espoir, de joie et de dépit se sont égrenées, gavant de bonheur une jeunesse se renouvelant au fil des ans. Comment alors ceux dont l'âge permet de faire la jonction, peuvent-ils ne pas rappeler à ceux à qui l'avenir appartient, combien aujourd'hui doit à hier, avant qu'à son tour, il bascule dans le passé. Combien les fruits du présent risquent d'être amers si on ne les irrigue pas du souvenir des sueurs et parfois des larmes de ceux d'avant. Je ne suis pas contre le fait que le Club Africain, pour fêter ses 90 printemps, inscrive sur ses maillots le nom de l'adversaire d'un jour. Mais j'aurai aimé qu'il trouve en plus, une formule qui rappelle à ses jeunes fans, l'indicible souffrance endurée par les pionniers, pour faire de cette œuvre ce qui constitue aujourd'hui l'objet de leur passion.