Ainsi l'affaire Coulibaly vient de trouver son épilogue. Plus tard quand on écrira l'histoire, on ne manquera pas de mettre en exergue ce qui a le plus marqué la première décade du 3e millénaire, concernant le football en Tunisie. A peine si on se souviendra de la première et dernière coupe d'Afrique remportée par la Tunisie, mais on n'oubliera sans doute pas les deux « affaires » qui ont inauguré et clôturé les dix premières années du nouveau millénaire. On ne manquera pas de mesurer combien, en dix ans d'intervalle on a été sourd et aveugle aux leçons que la réalité nous aura administrée. Si, il y a dix ans, l'affaire Keita qui constitua un bras de fer entre l'Etoile et l'Espérance a finalement trouvé une issue par la négociation et l'entremise de quelques sages, celle que nous venons de vivre a exigé l'intervention d'institutions étrangères et toute une série de controverses puisées dans l'inconscient nourri seulement de passion et de subjectivité. Il n'est pas question ici de juger de la justesse de la décision prise ni de sa formulation, mais de mettre à nu ce que ce genre d'affaire puisse susciter de polémique lorsqu'il s'agit de nos grands clubs. La passion avec laquelle on s'éloigne de la raison quand c'est le rival traditionnel est le vis-à-vis. En l'absence de discussion directe où d'autres arguments que ceux qu'on s'évertue à trouver dans le labyrinthe sans issue de ses propres convictions, paraissent être plus positifs, on s'est acharné à dénoncer des partis-pris imaginaires et des erreurs administratives qu'on croyait pouvoir prouver. A ceux pour qui l'enjeu valait bien la chandelle, il suffit de rétorquer que l'enjeu que représentait Keita, il y a dix ans, n'a duré qu'un laps de temps et n'a pas moins laissé comme séquelle une animosité de plus entre deux clubs qui n'en manquaient pas. Je ne sais pas, si avant de s'égarer dans cette controverse le Club Africain et l'Espérance se sont concentrés dans une tête à tête sans préjugés, ils n'eussent pas obtenu par eux-mêmes une issue telle qu'on vient de leur imposer sinon meilleure. Il est vrai que pour ce faire il aurait fallu faire abstraction d'un certain état d'esprit qu'un lourd passé a fini par faire admettre qu'à défaut d'être le charme d'une rivalité, il s'impose comme le véritable socle de leur singularité. M.Z