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Il arrive qu'on fabrique des -héros- dans des salons français pour peu qu'ils attaquent la Tunisie L'écrivain et journaliste français, François Becet au "Temps"
Le Temps: M. Becet, une question toute simple: pourquoi cet intérêt constant pour la Tunisie? Vous seriez en fait (créons un néologisme, pourquoi pas!) un "tunisologue". François Becet: Oui, je l'avoue: je suis très attaché à la Tunisie. Il y a cette fibre affective (que vous évoquiez dans notre discussion tout à l'heure à bâtons rompus) et je le dois aux Tunisiens qui m'ont fait connaître la Tunisie. Mais il y a aussi un "intérêt" disons objectif, intellectuel: j'entendais parler de la Tunisie en termes systématiquement négatifs. Nos journaux n'y allaient d'ailleurs pas de main-morte. Je suis venu en Tunisie pour la première fois en 1986. J'ai été heurté par cet air de désespoir qui planait sur la société tunisienne. La Tunisie était au bout du gouffre. La société menaçait d'imploser. Je suis revenu au milieu des années 90: Et là, j'ai redécouvert un pays qui marche, un pays ressenéré qui œuvrait pour un développement colossal et à tous les niveaux. •Cela n'est pas du goût des négationnistes tant à l'intérieur et particulièrement chez vous, en France. -Je pense qu'ils s'égarent. Ils sont haineux. Ils font dans ce qu'on appelle "LE DETAIL POUR LE TOUT". Ils se focalisent sur des questions ou des faits marginaux. Ils gonflent ce qu'ils appellent "les affaires" alors que c'est anodin et que cela se trouve partout. Dites-leur de regarder en face les acquis de ce pays: le développement, l'éducation, la femme, la justice, la paix sociale, le tourisme, la sécurité... En ce qui me concerne, sans être complaisant, je mets cela en évidence. Je me permets même de mettre cela en perspective. Il est vrai que Bourguiba a bâti un Etat moderne. Il est vrai que son legs est indiscutable. Mais il est tout aussi vrai qu'au 7 Novembre 1987, le Président Ben Ali a pris en main un pays en faillite et un Etat délabré. •Vous voulez parler de vulnérabilité, je suppose... -Effectivement. La Tunisie était destinée à être le théâtre de toute forme d'invasion: obscurantistes, idéologistes. A cette époque là; tous avaient des visées sur la Tunisie compte tenu de sa position stratégique. •Selon vous, donc, Ben Ali a été plus qu'un réformiste... Il a apporté la délivrance... -Oui vous le formulez si bien. Son coup de génie s'est étalé sur les constantes". Et il en a fait "l'exception tunisienne" . Il a su dès le départ raffermir l'indépendance des choix de la Tunisie. Il a contré les donneurs de leçons et non des moindres à l'époque: Banque Mondiale et FMI en premiers. •Et comment? -Simple: le Président Ben Ali a expliqué que sa vision de la rémergence de la Tunisie reposait sur une incontournable adéquation: "le social et l'économique" qui vont de pair. En d'autres termes, l'économique doit servir le social. Les équilibres globaux passent par là. Et c'est là encore l'exception tunisienne. Et d'ailleurs si la Tunisie réussit, c'est avec l'Union Européenne, qu'elle souscrit, la première, aux accords multifibres et au démantèlement tarifaire, alors que le syndicat nourrissait des appréhensions, cela dénote d'une clarté prospective infaillible; vous voyez bien que malgré la crise, le textile-habillement (par exemple) se porte bien. Il résiste et marque même des points à l'export. •Ben Ali, selon vous a choisi de rétablir l'Etat-providence avec une libéralisation graduelle de l'économie. -Le Président Ben Ali est dans le fil droit de l'histoire très riche de la Tunisie sur le plan du réformisme et ses grands réformateurs. A la fin du XIXème siècle, la Tunisie revendiquait déjà un parlement . Ceci pour vous dire que l'action de Ben Ali est par ailleurs institutionnelle et, donc, politique. A ma connaissance c'est bien lui qui a donné naissance au pluralisme. •Et alors s'il en est ainsi pourquoi cet acharnement ici et là, stigmatisant l'expérience démocratique tunisienne? -Il arrive qu'on fabrique des héros en France. Pour peu qu'ils attaquent la Tunisie, ils trouvent toujours preneurs. Quelles sont les véritables frontières de M Menard qui a la prétention de vouloir manifester en Tunisie, contre la Tunisie, lors du SMSI. Et les autres... et les autres qu'ils soient français ou tunisiens. Pourquoi choisissent-ils la France pour y débiter leur venin à l'endroit de la Tunisie? Eh bien simple: dans les petits salons fumeux feutrés et inconnus, ils trouveront quelques-uns pour les écouter. Ici, les Tunisiens sont politiquement et intellectuellement mûrs: personne ne les écoute ici. •Comment qualifieriez-vous ceux qui choisissent la France pour chercher à altérer l'image de leur pays. -Manipulations. Manque de courage •Mais quelque part dans cette France qui nous est pourtant très proche, on leur ouvre des éditions, on les fait participer à des débats fallacieux... Et puis comment l'intelligensia française peut elle tolérer que les Islamistes s'allient avec l'extrême gauche. Est-ce en réaction à la retentissante interview sur le Figaro (juillet 94) lançant à la face de l'Occident cette phrase lourde de sens: "L'intégrisme, c'est maintenant votre problème!". -Vous avez raison de rappeler cela. Et encore une fois, les faits donnent raison au Président Ben Ali. En fait les agitateurs ne représentent qu'une petite clique d'illuminés sinon d'idéalistes. Ils s'acoquinent avec les donneurs de leçons de chez nous et cela fait de la Tunisie la cible de leurs fantasmes. •Et pourtant, le ton est donné à Tunis par le Président Sarkozy: je ne viens pas en donneur de leçons, dit-il. -Vous savez, procédons par élimination. L'Algérie c'est la plaie béante de l'âme française. Le Maroc est (ou était) une monarchie qui fascine avec un Hassan II toujours prêt à intervenir sur la scène internationale. On ménage Kadhafi. La Tunisie n'a pas de gaz, ni de pétrole à donner , si ce n'est son soleil et l'accueil de son peuple. Mais c'est le pays le plus sûr, le plus stable, le plus performant. •Cette méconnaissable du poids de la "petite" Tunisie vient-il de ce que notre Chef de l'Etat n'aime pas l'exubérance sur la scène internationale? -C'est en effet un homme très discret. Un travailleur acharné. Il étudie minutieusement ses dossiers et procède à un suivi personnel et rigoureux Ben Ali consacre son énergie au développement de son pays. On me dit souvent: mais que représente la Tunisie sur l'échiquier mondial avec, à peine, 0,7% du volume du commerce international. Il n'empêche: la Tunisie est un leader international. •Certains opposants légaux dénoncent "l'omnipotence de l'Etat-parti, c'est-à-dire le RCD. Ben Jaâfar a même dit sur Jeune Afrique/ régulièrement vendu dans les kiosques tunisiens) que le Président Ben Ali devrait se placer au dessus des institutions et des partis... -Non, le régime tunisien est un régime présidentiel. Le Président doit être issu d'un parti. Quant au RCD, il fait des actions sociales importantes. Et c'est l'un des tout premiers remparts contre l'intégrisme. Cela dit, sachez qu'il m'est arrivé d'interviewer des opposants radicaux: c'est un délire . Une personnification des conflits. •Y en a-t-il un seul qui ait évoqué devant vous une ébauche de programme viable pour le pays. -Non pas un seul! Ils n'en ont pas. Je parle des radicaux bien sûr. Ils ne tiendront donc pas la route. Entretien conduit par