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Bail pour la vie
Banques / ménages
Publié dans Le Temps le 16 - 10 - 2009

Quel est aujourd'hui le ménage tunisien qui n'est pas plus ou moins endetté ? Depuis que l'obtention de l'emprunt a été facilitée et accélérée, les demandes de prêt n'ont pas cessé de pleuvoir sur les différentes agences bancaires privées ou étatiques. Dans certains foyers, chacun des membres a une dette au moins à rembourser à sa banque particulière.
Un directeur d'agence affirme que dans sa succursale, il ne reste que quelques fonctionnaires de l'Etat nouvellement recrutés qui n'ont pas encore contracté de prêt. Selon ce banquier, on peut affirmer que plus 90 % de ceux qui ont un compte en banque ont au moins une ou deux fois présenté une demande de prêt et remboursent encore les montants empruntés. Pourquoi chez nous, recourt-on de plus en plus à l'emprunt ? Le Tunisien emprunte-t-il aux banques seulement ? Est-il bon ou mauvais payeur ? A quel taux nos banques lui accordent-elles leurs prêts ? Que font les emprunteurs pour amortir le poids de la dette mensuelle à rembourser ? Comment les prêteurs récupèrent-ils leur argent dans le cas où l'emprunteur est incapable d'honorer la dette ? Nous tenterons de répondre à ces questions et à d'autres dans le présent dossier qui tente de faire la lumière sur un phénomène économique et social lequel, tout en présentant plusieurs avantages, n'en comporte pas moins de risques susceptibles parfois de conduire les familles aux pires tragédies.
Pourquoi emprunte-t-on ?
« Dans la majorité des cas, répond le banquier, les Tunisiens demandent le prêt pour l'achat d'un lot de terrain, d'un logement, d'une voiture ou bien pour des travaux de construction. Il est rare dans mon agence qu'on ait emprunté de l'argent pour de petits projets comme les préparatifs de mariage, les voyages, les soins, les études. Mais ces motifs-là obligent parfois les foyers à s'adresser aussi à la banque et à solliciter ses prêts. Ce sont les prêts à la consommation. Quant aux montants des emprunts, ils varient d'un client à un autre et d'un salarié à un autre. Nous pouvons aller jusqu'à 50 et 60 mille dinars dans le cas de hauts cadres. Nous accordons des prêts beaucoup plus substantiels à certains privés (fonctions libérales et chefs d'entreprises) et là le montant est illimité dès lors que la banque a la garantie d'être remboursée. Mais nous ne prêtons pas qu'aux riches, nous consentons aussi de petits crédits de 3 à 5 mille dinars quand, bien sûr, nous garantissons les chances de leur remboursement. Les prêts bancaires sont une issue inespérée pour beaucoup de ménages incapables, sans le crédit, de posséder leurs propres maisons et d'autres biens désormais indispensables. Le paiement par mensualités incite davantage les couples qui travaillent à partager les charges financières de la famille et leur apprend à mieux gérer leur budget. Peu de Tunisiens ont le réflexe de l'épargne et même s'ils mettent de côté une partie de leurs salaires ce ne sera jamais suffisant pour acquérir certains biens ou démarrer le projet rêvé. C'est une bouée de sauvetage qui aide à résoudre plusieurs problèmes dans nos foyers ; mais elle en crée d'autres. L'endettement des ménages impose certaines restrictions et plusieurs sacrifices en effet.»
Emprunts et sacrifices
M.Thlijani est chef de bureau (42 ans), il est marié à une secrétaire médicale et a trois enfants dont deux sont encore au collège. « Les prêts, ça nous connaît ma femme et moi. Cela fait dix ans que nous remboursons l'argent emprunté à la banque et à mon employeur. Nous avons l'essentiel, l'appartement, la voiture et quelques nouveaux meubles, mais entre le paiement de nos dettes et les dépenses familiales, nous n'arrivons à rien épargner. Toute la famille consent des sacrifices quant à l'habillement, l'argent de poche, les loisirs et même la santé. Nous ne nous permettons aucun luxe et tâchons surtout de bien nourrir les enfants et de leur fournir tout le nécessaire pour la réussite de leurs études. Je ne vous cacherai pas que ma femme et moi gagnons un petit pécule en rendant quelques services rémunérés en dehors de nos heures de travail. Sans cela, nous ne nous en sortirons jamais. » La famille Thlijani évite ainsi d'en arriver à la situation inextricable de certains endettés à vie.
Cercle vicieux
Chokri s'entend mal avec son épouse concernant leur budget commun. Très souvent il se voit contraint de compter sur son seul salaire pour s'acquitter de toutes les dépenses. Charge trop lourde qui lui impose continuellement d'emprunter aux autres. L'astuce la plus récente qu'on lui a conseillée dans le cas où sa banque ne peut plus lui accorder d'autres prêts, consiste à emprunter à un particulier de son entourage le montant dû à la banque, d'éponger sa dette avec cette somme pour, immédiatement après, fermer son compte et formuler auprès de son employeur une demande de nouvelle domiciliation de salaire au profit d'une autre agence bancaire. Une fois ces démarches terminées et le premier versement effectué, il contracte un prêt auprès de la nouvelle banque. Le montant perçu permettra de rembourser l'ami prêteur et quelques autres créanciers et d'avoir sur soi de la liquidité. Le scénario se reproduit à chaque nouvelle impasse et Chokri se condamne ainsi à vivre lui et les siens au rythme des dettes à répétition.
Les taux d'intérêts
La plupart de nos banques accordent leurs crédits à un taux d'intérêt qui varie selon le Taux du Marché Monétaire (T.M.M.) et l'objet du crédit pour se situer approximativement entre 7 et 9,5 %. L'emprunteur paie par exemple un taux d'intérêt de plus de 9 % s'il demande un crédit pour des dépenses courantes et de 7,24 % seulement s'il s'agit d'un crédit de logement. La durée du remboursement peut s'étendre sur une année comme sur plus de 20 ans. Pour être plus concrets, nous prendrons l'exemple d'un crédit de 12 mille dinars à payer sur 36 mois : l'emprunteur finira par rembourser plus de 14 millions pour un montant effectif de seulement 11mille 800 dinars, puisque la banque aura prélevé avant le versement de la somme demandée plusieurs dizaines de dinars à titre « d'impôts, taxes, commissions, frais et accessoires en vigueur ». Cela sans compter le montant de la police d'assurance qui dépassera toujours les 100 dinars, les frais d'enregistrement au bureau de recettes et quelques autres petites dépenses indispensables. La somme remboursée avoisinera ainsi les 15 mille dinars. Mais l'emprunteur n'a cure de tous ces calculs au moment d'emprunter, puisque le plus urgent pour lui, c'est d'encaisser l'argent nécessaire à son projet. « Demain est un autre jour », se dira-t-il en signant le contrat de prêt aux clauses terrifiantes.
Gare aux mauvais payeurs
En cas de non paiement de la moindre mensualité, la banque prêteuse s'autorise bien des mesures compensatrices et se réserve le droit de recouvrer sa créance par divers moyens légaux. En cas de poursuites judiciaires, l'emprunteur supporte toutes les charges financières qu'aura exigées le procès. Mais nous restons là dans le champ du civil. De toute manière, la banque sort à court ou à long terme bénéficiaire de ce genre de contrat signé avec ses clients. Ces derniers peuvent quant à eux payer très cher l'inobservation d'une quelconque clause de ce contrat. Leurs proches non plus ne sont pas à l'abri des retombées « coûteuses » et parfois dramatiques de tels manquements. C'est pour cette raison que certains « roublards » se tournent vers des prêteurs moins circonspects que la banque pour leur « subtiliser» (souvent à jamais) ce qu'ils appellent de petites sommes allant de 100 dinars à 1 ou 2 mille dinars. Ils trouveront toujours le moyen avec de tels prêteurs de tergiverser, d'atermoyer ou tout simplement de se volatiliser ! Mais attention : l'étau se resserre autour des usuriers. A un certain moment, ils manoeuvraient à visage découvert, en toute impunité et brassaient des sommes énormes. Un peu comme ce monsieur sans scrupules du feuilleton « Mektoub ».


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