La campagne de prévention contre les deux formes de grippe qui menacent en ce moment le plus de citoyens chez nous et dans le monde se poursuit et couvre quasiment tous les espaces susceptibles d'accueillir un maximum de gens. Les spots diffusés sur les écrans de nos chaînes télévisées semblent avoir eu de l'effet sur les téléspectateurs qui, partout où ils se trouvent, les rappellent ou les commentent. C'est, en tout cas, ce que nous avons constaté dans la majorité des lieux publics que nous fréquentons et plus particulièrement dans les moyens de transport en commun. Les discours qu'on développe au sujet de la grippe saisonnière et de la grippe A (H1N1) varient entre les développements explicatifs plus ou moins étayés par les arguments scientifiques et médicaux appropriés et les gloses visant à dédramatiser les deux fléaux. Certains jeunes commentateurs parmi les étudiants et les lycéens se permettent même de tourner en dérision les slogans de la campagne préventive et animent entre eux des scènes soi-disant drôles pendant lesquelles ils se donnent des accolades, s'embrassent et se serrent longuement les mains ou bien s'échangent les mouchoirs en papier dont ils s'étaient auparavant essuyé le nez et les yeux. En même temps, nous fûmes témoins d'autres scènes vraiment farcesques inspirées par la campagne nationale contre les deux grippes évoquées. Dans ce qui suit, nous vous en rapportons trois des plus ridicules et qui traduisent au mieux comment la psychose tourne par moments au ridicule.
Eternuer à la face des autres Dans la première histoire, l'héroïne est une dame très âgée qui, jeudi dernier, prit le métro et mit du temps pour y trouver une place assise. Une jeune fille finit par lui céder son siège qui se trouvait en face d'un autre occupé par un quadragénaire visiblement enrhumé. Le monsieur en avait d'ailleurs les yeux larmoyants tandis qu'il n'arrêtait pas de se moucher. Mais à un certain moment du voyage, il éternua à deux reprises et la vieille dame n'attendait que ce geste pour le sermonner : " Monsieur, lui dit-elle, n'avez-vous pas entendu parler des précautions à prendre en cas de grippe. Pourquoi n'avez-vous pas gardé le lit ? Et puis apprenez à respecter les gens autour de vous ; vous ne devrez pas éternuer à la face des autres. Quelle malchance ! Je ne pouvais pas tomber sur un voyageur sain ! " Et immédiatement elle pria son voisin de lui céder le passage parce qu'elle avait décidé de changer de place. Son vis-à-vis réagit en souriant et lui apprit qu'il venait de prendre un congé pour le passer justement chez lui. La dame fit semblant de ne pas l'entendre et poursuivit sa quête d'un deuxième siège libre. C'est alors qu'elle tomba sur un groupe de collégiens farceurs qui lui permirent de s'asseoir à côté d'eux. Lorsque la vieille s'installa, ils commencèrent les uns après les autres à éternuer du plus fort qu'ils pouvaient et sortirent de concert leurs mouchoirs qu'ils jetèrent après usage du côté de leur voisine scandalisée. Celle-ci n'arriva pas à arrêter leur manège et, dépitée, descendit à la station suivante pour prendre un autre train pendant que derrière elle, tous les passagers du wagon se mirent à éternuer tout en se tordant de rire !
A cause d'un mouchoir ! L'autre scène s'est déroulée dans la boutique d'un épicier. L'un des clients y jeta un de ses mouchoirs par terre après s'en être servi. Le commerçant lui fit comprendre que son geste n'était pas très hygiénique. La remarque mit l'autre dans tous ses états et l'on vit, tout de suite après, les deux hommes échanger les insultes avant que n'intercèdent quelques habitants du quartier. Quand il fut calmé, l'épicier revint à son comptoir et quelques minutes plus tard, il vit entrer l'épouse du client indélicat, laquelle n'avait encore rien su de l'altercation. Elle commanda un détergent et discuta avec une autre cliente des précautions à prendre contre la grippe A pour en préserver les enfants surtout. Notre épicier ne put alors se retenir de commenter les conseils de la dame en lui disant : " Ainsi donc vous nettoyez votre maison et contaminez ma boutique ". Et il lui rapporta le geste de son mari ; la cliente n'apprécia guère qu'il en tire son indélicate conclusion et renonça à acheter le détergent chez lui. Aux dernières nouvelles, le commerçant décida à son tour de ne plus accorder de crédit à cette famille !
Deux poids, deux mesures ! La troisième anecdote nous a mis en présence de quatre enseignants dans une salle des professeurs : trois jolies filles et un quinquagénaire. Ils attendaient que sonne l'heure d'aller chacun dans sa salle de classe, lorsqu'ils virent sortir du bureau d'en face un ancien collègue devenu directeur et qu'ils n'avaient plus revu depuis longtemps. Ils allèrent à sa rencontre pour le saluer. Celui-ci embrassa sur la joue chacune des demoiselles et demanda de leurs nouvelles avec un large sourire aux lèvres ; puis se tournant du côté du professeur mâle, il lui tendit la main alors que l'autre s'apprêtait à l'embrasser après une si longue absence. Le directeur y consentit enfin non sans grommeler à l'oreille de son ancien collègue quelques mots évoquant les consignes préventives contre la grippe AH1N1 !!