Tunis, Le Temps : Nous avons appris que les autorités judiciaires ont dernièrement émis un mandat de dépôt à l'encontre d'un médecin du secteur privé accusé d'homicide avec préméditation par le procureur de la République relevant du tribunal correctionnel de Grombalia. Il s'agit, en fait, d'un avortement illégal d'un fœtus, âgé de cinq mois, pratiqué par le médecin qui a été arrêté par des agents du district de la Garde nationale de Nabeul. L'enquête a permis de dévoiler toutes les péripéties de l'affaire dans laquelle est impliqué un adulte à l'origine des malheurs d'une mineure qui a entretenu avec ce dernier des relations sexuelles défendues, au point de tomber enceinte. Selon les informations recueillies, la jeune fille, qui serait âgée de moins de 18 ans, a « tapé » dans l'œil de son soupirant qui s'en est éperdument épris. Il ne manqua pas alors de guetter ses déplacements pour la poursuivre de ses assiduités. Vu son jeune âge, elle tomba sous son charme d'autant plus qu'il lui avoua, à plusieurs reprises, son amour indéfectible. Leurs sorties se multiplièrent et ils devinrent deux tourtereaux inséparables qui cherchaient les coins des plus reculés pour exprimer leur enthousiasme l'un pour l'autre, loin des regards indiscrets. Bien entendu, le jeune homme ne cessa pas de lui faire entendre sa rengaine sempiternelle du mariage. Son but évident étant de parvenir à ses fins. Il ne mit pas longtemps pour l'amadouer, à force de lui répéter son désir manifeste de convoler en justes noces avec l'élue de son cœur. Elle le crut, sans appréhension ni crainte. A ses yeux, c'était son futur époux. Alors pourquoi reporter à plus tard la consommation du mariage, s'est-elle dit dans son for intérieur, alors que ce jeune du quartier ne cessait de la harceler pour profiter de ses hommages. Un jour, s'étant éloigné plus que d'habitude dans les environs, le couple assouvit sa passion. Il ne le fit pas qu'une fois puisque les relations devinrent très intimes et la mineure s'en accommoda jusqu'à tomber finalement enceinte. Elle eut alors le réflexe de solliciter de son compagnon la régularisation de la situation. Pour elle, c'était simple : il n'a qu'à la demander en mariage pour que tout se termine dans l'allégresse. Mais entre le désir ardent et la réalité cruelle, il y a tout un monde, car le fol amoureux, c'est du moins ce qu'il lui déclarait dans les moments de béatitude, n'était pas chaud pour réparer sa bévue monumentale. Malgré l'insistance de la gamine, il fit la sourde oreille au moment même où le ventre de la jeune maîtresse enflait progressivement. Une idée « lumineuse » lui vint à l'esprit : faire avorter la dulcinée tout en lui faisant miroiter le mariage. Encore une fois, elle le crut tant elle était subjuguée par sa prestance. L'écoutant aveuglément ils se rendirent chez un médecin de la ville qui informa le couple que le fœtus était âgé de cinq à six mois. Qu'à cela ne tienne, l'amant implora le médecin de pratiquer un avortement qui les débarrassera de ce fœtus indésirable. Mal lui en prit, le médecin franchit le Rubicon contre monnaie sonnante et trébuchante. Il a failli, ainsi, à sa mission, risquant à présent, les foudres de la justice. Le pot aux roses ne tarda pas finalement à être découvert quand la famille de la jeune mineure s'est aperçue de la santé déclinante de leur fille qui avoua dans le détail sa relation intime avec celui qui l'avait embobinée. Le père porta plainte, et, sur commission rogatoire, les agents de la Garde nationale du district de Nabeul convoquèrent le médecin incriminé et l'amant de la jeune fille. Le premier a été accusé d'homicide avec préméditation et le second d'attentat à la pudeur. Tous deux ont été traduits devant la justice. L'affaire est en cours d'instruction.