Les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes sont désormais ciblés par les associations qui luttent contre le SIDA et les infections sexuellement transmissibles. Ils ont fait l'objet d'une enquête sero-comportementale réalisée par l'Association Tunisienne de Lutte contre les Maladies Sexuellement Transmissibles et le SIDA (ATL-MST-SIDA). Car il s'agit d'une population toujours méconnue et livrée à elle-même et qui n'est pas ciblée par les campagnes ou les programmes de sensibilisation réalisés dans ce sens. Les résultats préliminaires ont été formulés, mais les enquêteurs refusent de se prononcer définitivement sur le bilan, le temps qu'ils mettent les points sur les « I ». En effet, la population abordée est composée d'un échantillon de 1200 sujets seulement issus de sept sites à savoir : Tunis, Bizerte, Kélibia, Sousse, Mahdia, Sfax et Tozeur. Il est difficile d'avoir des chiffres sur le nombre exact de cette population en Tunisie. A remarquer que la tranche d'âge ayant fait l'objet de l'enquête touche celle de moins de 20 ans allant jusqu'à 45 ans. Suite à ce travail, il s'est avéré qu'il est plus facile d'accéder à la tranche d'âge 20-24 ans plus que les autres. Elles représentent d'ailleurs la majorité avec un taux de 42,5 %. Viennent par la suite les 25-29 ans, soit, 23,9 % de l'échantillon étudié. Mieux encore, examinant leurs conditions sociales et leur niveau de formation, l'enquête a démontré que la moitié jouit d'un niveau d'instruction secondaire. Ces personnes ne sont pas également très touchées par le chômage ni par la précarité économique. D'ailleurs presque la moitié sont actifs économiquement, d'après les résultats.
Le profil Toujours dans le même contexte, l'enquête avait pour objectif de tracer le profil de cette population et son comportement notamment par rapport à la consommation de l'alcool et de la drogue. Des substances qui ont des répercussions négatives d'autant plus qu'elles jouent un rôle déterminant au niveau de la transmission des infections et des maladies à risque. Si la plupart déclarent qu'ils ont essayé de consommer le « Hachich », 2,5 % de la population avouent qu'ils utilisent les drogues injectables lors des 12 derniers mois. Un facteur sur lequel il faut travailler davantage car, il s'agit de l'une des principales voies de transmission du VIH, des hépatites et autres maladies... Par ailleurs, un important pourcentage d'hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes avouent qu'ils ne pensent pas à se protéger en utilisant des préservatifs. Ils représentent 37 %. La moitié de l'échantillon déclare l'avoir fait pour l'argent. Par conséquent, les travailleurs de sexe masculin doivent faire l'objet d'un programme bien ficelé en matière de sensibilisation afin qu'ils ne soient pas confrontés aux risques des IST (infections sexuellement transmissibles). Toutefois, il est toujours difficile d'identifier ou de recenser ces personnes qui préfèrent parfois mener une double vie à l'instar des mariés et ce pour échapper aux préjugés de la société qui ne tolère pas ces rapports. Mais il est essentiel d'en parler, car ils risquent plusieurs maladies qu'ils peuvent transmettre. D'ailleurs, la prévalence du SIDA en Tunisie est jugée réduite en comparaison à d'autres pays. Mais ce qui est alarmant c'est qu'il existe des personnes vivant avec le VIH tout en ignorant cela, d'où la multiplication des risques. Les programmes en cours de réalisation par le gouvernement, les associations avec le soutien du Fonds Mondial de Lutte contre le SIDA, la Tuberculose et le Paludisme ont notamment pour objectif de cibler les populations à risque telles que les travailleurs de sexe, les hommes qui ont des rapports sexuels avec les hommes et les personnes qui utilisent des drogues injectables. Plusieurs actions ont été menées dans ce sens nécessitant une évaluation pour pouvoir déterminer leur efficacité et surtout leur impact positif en termes quantitatifs. Il s'agit pour tout dire d'intensifier les campagnes de sensibilisation et de lever les tabous.