Décidemment, un Club Africain peut en cacher un autre. On était habitué à voir une équipe qui gagnait ses matchs dans les arrêts du jeu. Avant-hier samedi, on avait découvert un tout nouveau, un ensemble qui ne perdait, non plus, pas dans le temps additionnel. Comme quoi, «la fortune», comme disait un philosophe, «tourne tout à l'avantage de ceux qu'elle favorise.» Ils avaient raison ses fans, de canoniser cet épisode, comme s'il s'agissait d'une victoire. Ça sonnait un peu rétro, une Espérance Sportive de Tunis et ses épopées, contre un Club Africain et sa saga. Une légende contre un mythe. Que de souvenirs entre ces deux patrimoines de notre football. Samedi, c'était le derby numéro 1O7. Au terme d'un match palpitant, engagé mais correct, le doyen de nos clubs, et son cadet n'ont pas pu se départager, et ce n'est pas faute d'avoir essayé d'un côté, comme de l'autre. L'Espérance a failli imposer son droit d'aînesse, mais les Dieux du stade ne l'ont pas voulu. La perle de Radès a frôlé le frisson, et la trépidation lorsque l'arbitre avait décidé de flanquer Bouazzi face à Nefzi. Le vieux loup, a eu raison du jeune berger. Auparavant, les 90 minutes se sont réalisées en deux actes. Un premier, au cours duquel les 'sang et or' ont pris les débats en mains pour ne plus les lâcher, et ce jusqu'à la blessure de leur dernier rempart. Leurs efforts n'étaient récompensés que par un petit mais joli but. Superbe dans sa construction, spectaculaire dans son finish. Le second allait être irrespirable, car les 'Rouge et Blanc', étaient curieusement plus à l'aise et n'hésitaient pas à prendre l'initiative du jeu. A l'heure de jeu, ils ont donné du travail au préposé du tableau. Depuis, ils poussent, ils mettent leurs rivaux en difficultés, mais ne trouvent pas la solution, et, c'est au contraire, c'est l'Espérance qui a manqué de donner du relief aux débats. Penalty discutable accordé, au moins un autre oublié, cartons brandis, erreurs pas relevées, les ingrédients de la sauce à l'arbitrage (pas que local) ont été de la partie. Sur les enceintes dérapages verbaux, jets de bouteilles en plastique, et, engins pyrotechniques, n'ont pas dérogé à ce qui est devenu, à notre corps défendant, une règle dominicale. Faut-il se résigner et céder à ces sirènes d'incivilités? Condamnons encore une fois ces actes blâmables, mais savourons quand même les quelques belles séquences de ce derby, de ce vrai match d'hommes! Il y en a pas mal.