Combien coûtent actuellement les services que nos banques rendent au citoyen tunisien ? A combien s'élève ce que ce dernier considère comme " vol " déguisé ? Nous disposons d'un document fiable qui en détaille le montant. Depuis que l'ouverture d'un compte bancaire ou postal est devenue obligatoire pour les travailleurs tunisiens, ces derniers n'ont jamais cessé de se sentir d'une certaine manière " volés " par les prestataires de ce service et en particulier par les banques. Nous avons évoqué ce sujet avec plusieurs personnes et la plupart d'entre elles ont confirmé ce sentiment et estimé que tout le système bancaire repose sur un parasitisme d'usurier. Nos interlocuteurs considèrent d'autre part que la libéralisation de l'économie tunisienne a contribué largement à l'essor de ce secteur de plus en plus ouvert aux privés. Pour eux, ce développement se fait en partie sur le dos des citoyens qui déposent leur argent dans les banques et l'on trouve, d'autre part, que les agios des sociétés bancaires sont trop nombreux et parfois injustifiés. Quant aux taux d'intérêt pratiqués par la plupart d'entre elles, on les trouve généralement excessifs.
Les personnes interrogées reconnaissent néanmoins que sans certains services rendus par les banques, les crédits en particulier, le Tunisien ne possèderait ni logement propre, ni voiture particulière, ni n'honorerait convenablement les dépenses occasionnées par ses autres projets.
Combien coûtent actuellement les services que nos banques rendent au citoyen tunisien ? A combien s'élève ce que ce dernier considère comme " vol " déguisé ?
Nous disposons d'un document fiable qui en détaille le montant; il a été publié au début de la présente année par l'Observatoire des Services Bancaires, structure de la Banque Centrale de Tunisie, chargée principalement de préserver les droits de la clientèle bancaire et de comprimer les charges supportées par celle-ci en contrepartie des prestations qui lui sont rendues par les banques tunisiennes.
140 dinars par an rien que pour les frais de compte Il ressort de ce document que nos banques ne consentent presque aucun service gratuit dans leurs opérations avec le client : qu'il s'agisse de compte, de chèque, de virement, de prélèvement, de traite ou de cartes bancaires. La moindre des prestations est payante.
En ce qui concerne par exemple les frais de compte, ils peuvent selon la banque dépasser les 140 dinars par an. Si un client dispose de plusieurs comptes à la fois, ses frais annuels avoisineront les 300 dinars dans certaines banques privées. Les banques étatiques ou à capital mixte facturent moins cher ces comptes multiples (entre 128 et 160 dinars). Même les comptes d'épargne sont payants et qui plus est dans des banques publiques. Le montant annuel à payer est certes dérisoire, il s'élève à 5 dinars et 8 dinars respectivement à la STB et à la BT, mais n'est-ce pas contraire à la politique de l'Etat qui encourage l'épargne ?
Toujours des retenues Pour le paiement d'un chèque ordinaire, le client débourse entre 300 et 700 millimes ; mais s'il s'agit d'un chèque certifié, le montant à payer contre l'opération est de 3 ou 5 dinars. Pour le remboursement des dépenses consenties sur un chèque sans provision, les banques retiennent entre 30 et 80 dinars. En cas d'opposition relative à un chèque, la retenue oscille entre 5 et 25 dinars. Au sujet des virements, ceux qui sont effectués à l'échelle du pays ne coûtent pas plus de 3 dinars chacun. Lorsque l'opération s'effectue avec l'étranger, elle coûte au minimum entre 20 et 100 dinars mais peut revenir à 250 dinars dans certains cas extrêmes. Les virements perçus en devises coûtent cher également, entre 10 et 150 dinars.
Concernant les prélèvements sur le paiement des factures d'électricité, ils atteignent 2 dinars par opération. Pour d'autres paiements de ce genre, la banque retient chaque fois entre 300 millimes et 2 dinars. Quant aux frais relatifs aux traites, ils varient entre 750 millimes et 30 dinars pour chaque opération. Pour ce qui est de la carte bancaire, son acquisition, son utilisation et son remplacement coûtent entre 5 et 120 dinars.
Générosité facturée ! Mais le citoyen peut consentir d'autres frais, par exemple, la simple consultation de ses provisions est facturée dans certaines banques. Pour retirer à distance de l'argent de son propre compte, il faut payer les frais de téléphone qui varient selon l'indicatif de la zone appelée entre 2 dinars 300 et 3 dinars. L'utilisation du serveur vocal de la banque est également facturée. Il y a lieu de savoir par ailleurs que les tarifs des agios bancaires sont révisés, bien évidemment à la hausse, une fois tous les trois ans au minimum !
Pour tout dire, les banques du monde entier ne font plus de cadeaux, même pas lors des fêtes de fin d'année ! C'est déjà très généreux de la part des nôtres qu'elles ne nous fassent pas payer les minuscules calendriers offerts à cette occasion ! Quoique... !