Un entrefilet paru ce mercredi 4 avril 2007 sur les colonnes de notre consœur en langue arabe « SABAH AL KHAIER » en page 9 concernant les violences au sein des institutions éducatives ( ?) nous a laissé perplexes, mal à l'aise pour ne pas dire attristés. Il en ressort, que durant l'année 2006, on a recensé tenez -vous bien 2025 cas d'agressions dans les milieux scolaires dont 1040 au sein même des salles de classe rien que moins ! Dépassements allant des grossièretés et invectives verbales aux atteintes à l'intégrité physique : coups de poing, défigurations, mutilations à armes blanches !
Tableau alarmant Un bilan on ne peut plus sombre, alarmant et incitant normalement toutes les parties concernées( tutelle, administrations des institutions scolaires, enseignants, surveillants, parents, représentants des élèves, médias) à agir au plus vite pour analyser cette dramatique situation, en définir les causes, désigner sans faux fuyants les responsables, endiguer et circonscrire le fléau et apporter les remèdes et correctifs idoines, appropriés. Cette situation délétère ne peut plus durer, et il est grand temps qu'on prenne enfin le taureau par les cornes, qu'on cesse de jouer à l'autruche, en un mot, qu'on sévisse. Il est indéniable que l'état catastrophique, la dégradation inquiétante des relations régissant les rapports enseignant-élève ne sont guère fortuits, et encore moins récents. Plusieurs facteurs y ont contribué. Nous essayerons dans notre approche de les répertorier et ce après avoir pris contact avec les différentes parties concernées. Revenir sur ce que furent nos relations avec nos instits, ce qu'ils représentaient pour nous, comment nous n'osions les importuner ne serait - ce par le fait de les croiser sur un même trottoir en nous faufilant dans les portes cochères les plus proches voire en rebroussant carrément chemin et emprunter un autre itinéraire, et cela bien sûr les rares fois où il nous était permis de sortir accomplir quelques emplettes au paternel ; évoquer ces signes de déférence, de respect envers nos maîtres ne rimerait à rien ; pire, nos enfants quand nous en parlons en famille avec une pointe de nostalgie nous tournent en dérision, en font des gorgées chaudes...
Etat des lieux A l'heure qu'il est, il est désolant de constater que l'enseignant a énormément perdu de son aura, son prestige accusant un sérieux coup de massue, bref il en a pris pour son grade. Les rôles sont désormais curieusement inversés : l'instit évite de pointer le bout du nez dehors de crainte de (tomber) inévitablement sur ses « élèves » élisant domicile en permanence dans la rue. Gros mots, blasphèmes, quolibets à peine voilés, bousculades, tirs précis de ballons sont au menu et lui sont indirectement ou sciemment destinés selon le genre de l'exaction. Devant le lycée, sa voiture est l'objet de barbaries multiples (pneus crevés, tôles défoncées, essuie-glaces tordus, rétroviseurs latéraux brisés, sucre déversé dans le réservoir d'essence, etc.). Le narguer en affichant ostensiblement sa vocation tabagique est du domaine de l'habituel et ce même dans l'enceinte de certains lycées où le pauvre fait semblant de ne rien remarquer ; histoire de sauver les meubles, de conserver un brin de dignité ou de ce qu'il lui en reste. A Sadiki, la porte principale réservée aux professeurs était sacrée, aucun élève, aurait - il été accompagné même par son paternel n'avait le droit de s'y approcher, histoire de préserver l'auréole dont était entourée l'imposant corps enseignant à l'époque. A la sonnerie, les portails des élèves étaient déjà fermés. Actuellement, vous avez beau sonner, les gosses sont toujours agglutinés devant le lycée à deviser tranquillement, et c'est au proviseur en personne aidé par le surveillant général, le senseur, les surveillants de les diriger vers les cours et par la porte normalement destinée aux professeurs svp. Faut-il rappeler qu'à l'époque, Mr Bekir, le proviseur, on ne le voyait qu'à la fête de fin d'année. En salle, seuls quelques uns manifestent un semblant d'intérêt poli vis-à-vis de ce que s'égosille à expliquer le maître, car contraints de par les premières places de devant qu'ils occupent, étant arrivés en retard. Aucune tenue de cahiers, absence totale des livres et manuscrits. Par contre, échanges permanents de SMS par le biais des portables mis sous le mode silencieux.
Une administration efficace, renonciatrice L'arme maîtresse dont disposait le professeur a été tout simplement supprimée : la retenue ; obligeant les contrevenants à passer le weekend à l'école, les gosses ne courent plus de gros risques. Si on y ajoute la réticence manifeste de l'administration à sanctionner les fautifs (aucun proviseur ne désire avoir et signaler des dépassements dans « son » lycée) on comprendrait alors mieux la hardiesse de certains à passer outre les règles les plus élémentaires à respecter dans les écoles ; se prévalant des droits de la jeunesse et de l'enfance que leur a accordés l'Etat et oubliant dans la foulée leurs devoirs envers l'institution. Pour corser le tout, certains directeurs vont jusqu'à réprimander leurs auxiliaires pour avoir signalé le comportement indécent d'un écolier ; le plus malheureux, c'est que cette réprobation se fait en présence du fautif !
Des parents peu responsables N'occultons pas le rôle néfaste, négatif joué par nous autres parents, qui pour la moindre réprimande essuyée par le rejeton et très souvent méritée, nous nous précipitons vers qui de droit pour exiger réparation de l'affront subi, ce qui est de nature à encourager les jeunes à davantage d'abus. Se sentant ainsi doublement protégé, parapluie paternel associé à l'effacement calculé et... peureux de l'administration, l'élève peut de ce fait se permettre toutes sortes d'hostilités à l'endroit de ses maîtres, rassuré qu'il était quant à l'issue de ses incartades aussi blâmables fussent - elles.
Des élèves outrés Autre son de cloche étonnant du côté des jeunes : ils seraient ( nous utilisons sciemment le conditionnel) selon leurs allégations amenés à riposter violemment à certains enseignants qui par leurs comportements itératifs, provocants, avilissant à leur endroit notamment par des propos injurieux voire blasphématoires en pleines séances et au vu et au su de plus de 30 élèves les faisant sortir de leurs gongs et les poussant à réagir violemment étant touchés dans leur amour propre : Leur corriger certaines(un euphémisme) fautes d'orthographe, de structure, prouver que leur démonstration mathématique ne tient pas la route, relever une contradiction criarde entre deux théories à 30 minutes d'intervalle, suffoquer, piquer une crise d'asthme suite aux émanations de leurs cigarettes en classe, ne pas participer aux cours particuliers qu'ils organiseraient chez eux, et vous seriez dans l'œil du cyclone, inscrit en pôle position dans leur liste noire ! Le problème étant complexe et épineux, une prise de conscience immédiate de toutes les parties prenantes s'impose pour redorer le blason de l'institution scolaire, replâtrer le prestige craquelé et chancelant du corps enseignant et ce dans le dessein avoué de rehausser le niveau d'instruction de nos enfants et surtout leur inculquer les abc d'une bonne conduite seuls garants de leur réussite ultérieure. Mohamed Sahbi RAMMAH
Certains directeurs vont jusqu'à réprimander leurs auxiliaires pour avoir signalé le comportement indécent d'un écolier ; le plus malheureux, c'est que cette réprobation se fait en présence du fautif !