300.000 sans-abri, les cadavres jonchent les rues Le Temps-Agences - Colère et désespoir gagnaient hier la population haïtienne face aux lenteurs de la distribution de l'aide arrivée du monde entier, quatre jours après le séisme qui aurait fait jusqu'à 50.000 morts et où le nombre de sans-abri s'élèverait à 300.000. Dans les rues de Port-au-Prince, les sinistrés vivaient une nouvelle journée dans le chaos, au milieu des ruines, de la puanteur des cadavres et de la violence. 300.000 personnes, selon une estimation l'ONU, se retrouvent sans toit dans la seule capitale, une ville de 2,8 millions d'habitants où 10% des habitations ont été détruites. 3,5 millions de personnes, toujours selon l'ONU, vivaient dans la région la plus meurtrie par le tremblement de terre, c'est-à-dire Port-au-Prince et ses environs. Une trentaine de pays participent déjà aux opérations d'aide sur place, selon le département d'Etat américain, et l'ONU a annoncé hier qu'elle avait reçu 268,5 millions de dollars de promesses d'aide internationale. Mais les difficultés sur le terrain sont immenses. L'aéroport de Port-au-Prince, équipé d'une seule piste, est engorgé par le trafic des avions transportant aide humanitaire et équipes de secours. Les communications sont en piètre état et les déplacements entravés par des routes détruites ou bloquées. Les défaillances des structures locales et la menace des pillages s'ajoutent aux obstacles logistiques. Le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU, qui prévoit de distribuer une aide d'urgence à 2 millions de sinistrés, a annoncé hier que ses entrepôts à Port-au-Prince avaient été pillés. Un porte-avion américain à propulsion nucléaire, l'USS Carl Vinson, était attendu incessamment hier au large de la capitale afin de servir de base flottante pour les rotations d'hélicoptères, un élément du dispositif de secours essentiel pour soulager l'aéroport. Sur place, plusieurs équipes de secouristes venues des Etats-Unis, de France, de République dominicaine ou du Venezuela sont à pied d'oeuvre pour tenter de retrouver des survivants dans les décombres. L'insécurité est l'un des principaux problèmes pour les équipes de secours. "Il y a des pillages et des gens armés, parce que c'est un pays très pauvre et qu'ils sont désespérés", observait Delfin Antonio Rodriguez, chef des opérations de la défense civile dominicaine, déplorant des vols de matériel. Difficulté supplémentaire, les sauveteurs risquent de devoir travailler en l'absence de toute coordination de la part des autorités locales, les principales infrastructures du pays étant détruites. De 40.000 à 50.000 personnes pourraient avoir péri, selon une estimation de la Fédération internationale de la Croix-Rouge. Les cadavres continuaient de joncher les rues. "Nous avons passé la journée à ramasser des cadavres (...) Il y a tant de corps dans les rues que les morgues sont pleines, les cimetières sont pleins", a témoigné le chanteur américano-haïtien Wyclef Jean, venu prêter main-forte à ses compatriotes. Vendredi, la France a demandé l'annulation du restant de la dette d'Haïti au Club de Paris, qui regroupe les principaux créanciers publics. -------------------------------------------------- Les précédentes catastrophes naturelles
* 1770 : un violent séisme dévaste Port-au-Prince
* 1842 : un séisme détruit Cap-Haïtien et d'autres villes dans le nord d'Haïti et en République dominicaine
* 1935 : une tempête fait plus de 2.000 morts
* 1946 : un séisme de magnitude 8,1 frappe la République dominicaine et Haïti et provoque un tsunami qui fait 1.790 morts
* 1954 : l'ouragan Hazel fait des centaines de morts
* 1963 : l'ouragan Flora fait plus de 6.000 morts à Haïti et Cuba
* 1994 : l'ouragan Gordon fait des centaines de morts
* 1998 : l'ouragan Georges détruit 80% des récoltes et fait plus de 400 morts
* Mai 2004 : des inondations font plus de 2.600 morts
* Septembre 2004 : la tempête tropicale Jeanne provoque des inondations et glissements de terrain qui font 1.900 morts et 200.000 sans abri