* L'héritière de l'écurie * Le pen sort de ses gonds * « On mange le pain des Français » Des frontières poreuses, des frontières qui se resserrent... Allez donc savoir. C'est exactement comme le fameux " village global ", censé rapprocher les êtres les uns des autres. Il y eut une époque où on y a tous cru, plus ou moins, parce que l'idée était bien présentée et ne pouvait que nous séduire. Enfin, on allait étreindre à plein bras, le rêve de la fraternité humaine, devenu chair et corps, dans une liesse généralisée, devant cette mondialisation porteuse de tant d'espoirs, et qui charrie dans son sillage, généreusement, tous les bienfaits de la terre. A tel point qu'il nous faudra certainement plus d'une vie pour en profiter. Oui on y a cru, comme on veut bien croire au Père Noël, et à toutes les légendes dorées de l'enfance, d'où qu'elles viennent, parce qu'elles donnent de la joie à ces petits anges, qui font qu'il vaille toujours la peine de se battre, pour faire le monde meilleur qu'il ne l'est. Et puis il a fallu déchanter. Devant ces frontières qui se referment, la haine qui ressurgit, et ces vieux démons, qu'on croyait morts et enterrées, et qui se sont réveillés, vindicatifs et hargneux, traquant l'espoir dans tous les coins et recoins des villes et des villages, à perte de regards, jusqu'à ce que le sol se dérobe sous nos pieds, faisant vaciller toutes nos certitudes. Le réveil est brutal. Pourquoi alors continue -t-on à chercher le paradis là où il n'est pas, en partant à la poursuite de nos chimères, sur des rafiots de fortune, malmenés par toutes les tempêtes qui échouent, une fois sur deux, en pleine mer, et s'ils arrivent à bon port, échouent tout de même en enfer! La grande supercherie Parce qu'il y a toujours l'instinct de survie qui prédomine, et que l'espoir de lendemains meilleurs, résiste à l'usure des clichés les plus éculés, parce que c'est le seul choix possible, s'il en est, encore solvable, à ceux qui n'ont de toute façon pas d'autre choix. C'est très simple, il y eut un temps où l'Europe, le monde d'une façon générale, a eu besoin d'eux. Pour combler un vide, et parer à un manque flagrant en matière de mains -d'œuvres, et reconstruire des pays ravagés par la grande guerre, qu'il a fallu repeupler vaille que vaille... puis beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Aujourd'hui, en l'an de grâce 2010, le décompte est plutôt lourd. Emigrés du monde entier, unissez-vous. Enfin, c'est une façon de parler. Une internationale de " damnés de la terre ", ça ne peut mener nulle part. Frantz Fanon l'a éprouvé dans son âme, en d'autres temps, d'autres lieux. Il y a juste le générique qui change. Peu importe. Le constat est le même partout : amer. Jusqu'à la lie. Roms, africains, tous damnés de la terre Au Sud de l'Italie, où nos jeunes rêvent (encore) d'aller faire fortune, des ouvriers agricoles, ont été pris à partie par un groupe de jeunes italiens, qui leur ont tiré dessus avec une carabine à air comprimé, d'autres ont été battus sauvagement, jusqu'au sang, parce qu'ils étaient des immigrés tout simplement, et qu'on entendait ainsi leur faire comprendre qu'ils étaient indésirables. En Allemagne, des " Roms ", des " Turcs ", des " Africains ", sont la proie de traques véhémentes, qui plus est sont organisées sous couvert de régulation du " flux " migratoire, tandis qu'ailleurs, en France par exemple, afin de " protéger " les éventuels immigrants, contre la rapacité de la pieuvre, qui leur extorque de l'argent, leur faisant miroiter la promesse d'un avenir heureux, en les aidant à s'infiltrer clandestinement en France, escale vers des ailleurs improbables, ou rivage de la félicité, des charters entiers sont apprêtés, gracieusement, pour ramener chez eux des Afghans, qui se sont enfuis de leur pays pour ne pas mourir, et y sont renvoyés pour mourir, avec la bénédiction du ministère de l'immigration et de l'identité nationale, tout cela pour décourager d'autres tentatives qui vont dans le même sens. " Exemplaire " Peut importe ce que risquent ces immigrés qu'on renvoie : ils serviront d'exemple. N'est-ce pas exemplaire ? En tout les cas, Eric Besson semble y croire dur comme fer. Et face à Arlette Chabot, dans le dernier " A vous de juger ", avec ou sans Peillon cela ne change rien, il l'exprimera avec une sincérité désarmante. Les chemins du Seigneur... Passons outre les propos de l'héritière de l'écurie Le Pen, et ses " on mange le pain des français " façon maison, et déclinés à toutes les sauces possibles et imaginables, pour ne pas changer, et retenons, comme manière d'espoir, et par delà l'absence, le sourire de Philippe Seguin, et ce qu'il dira, à propos de ceux qui brandissent l'argument de " l'identité nationale ", avec ces points de suspension qui font imploser le silence. Tout comme ce que dira un Charles Aznavour, qui ne mâche pas ses mots, et s'exprimera simplement, au nom de tous ceux qui ont choisi la France, et l'ont aimé, dans sa diversité, en lui faisant don de leur différence, pour l'enrichir davantage. Il paraît que les temps ont changé...