La reprise économique mondiale présente un visage contracté par rapport à ce que l'on attendait de la part des «moteurs» de la croissance, que sont l'Europe et les Etats-Unis. Ces vecteurs classiques sont-ils arrivés réellement à soutenir la reprise économique « classique », dans le sens du terme. Avant de l'affirmer et pour ne pas tomber dans le doute, essayons de présenter exhaustivement le bilan réalisé jusque-là par nos deux porte-drapeaux. La zone Euro voit pour le 3ème trimestre consécutif sa production manufacturière en hausse. Quoique stagnante et même négative sur un an, le mouvement de reprise est bien-là. L'Allemagne tire vers le haut sa croissance grâce à ses exportations volumineuses ( toutes marchandises confondues). Les chiffres de la France sont stables et surtout non négatifs ( taux de croissance à la limite du 1%). L'Italie et les Pays-Bas émergent et commencent à être optimistes ( leur taux de croissance est 0,5%). Sans parler des pays de l'Est qui collent à la reprise. Là aussi leur taux de croissance est avantageux (0,4%) Les pays bons derniers et fermant la marche de la reprise sont l'Espagne et la Grande-Bretagne. Etant encore sans le choc de la crise financière et surtout immobilière ( pour l'Espagne, cela se comprend vu son potentiel touristique) Quant à la G-B, elle continue de patauger dans les imbroglios juridico-fiscaux des bonus. Par les temps qui courent, le bilan de la zone Euro est presque satisfaisant. Réussir à amorcer la reprise et surtout enclencher le mouvement d'exportation ne sont pas à la portée de n'importe quel pays. Ceux, formant la zone Euro semblent réussir cette gageure paradoxale, due à leur forte monnaie. A cause ou grâce à l'euro fort (c'est selon) l'Europe peut accélérer la reprise économique bénéficiant de ses structures industrielles demeurées intactes et de sa main-d'œuvre qualifiée. Néanmoins, pour l'Europe, si le pire semble passé, l'avenir est porteur de certains soubresauts. Si elle paraît avoir gagné le pari de l' « après-crise », il n'en demeure pas moins qu'elle devra affronter un mal insidieux qu'est le chômage. Véritbal boulet de canon, il devrait annoncer cette cassure sociale que l'Europe a pu éviter jusqu'alors. Dans l'affirmative, la zone euro connaîtrait d'ici à quelques années le chemin des Trente Glorieuses. Dans le cas contraire, la situation européenne de sous-emploi permanent affectera l'ensemble des économies émergentes ( jusqu'ici préservées) pour basculer véritablement dans le chaos social. Nulle économie ne sera épargnée par la baisse de la demande d'emploi cumulée à la baisse de la demande des ménages. Qu'en est-il des réalités économiques U.S Les USA étaient accaparés depuis quelque temps par la mise à flots du secteur bancaire ruiné par les supprimes et autres passe-droits. Ce n'est que récemment qu'ils commencent à poser la problématique réelle de l'après-crise. Les pouvoirs publics US sont sortis de leur torpeur et semblent véritablement se soucier de la relance économique et pas seulement du sauvetage des grandes banques. Suite aux directives-conseils, des différentes réunions du G.20 et surtout à la forte pression de l'opinion publique intérieure, toujours virulente, l'Administration Obama a pris les devants et semble le réussir dans son œuvre, du moins dans l'immédiat. Les chiffres américains sont relativement flatteurs. Le chômage, talon d'Achille de la reprise américaine, est stable et ne dépasse pas, ou si peu, la barre fatidique des 10%. L'inflation, est contenue dans les proportions d'avant-crise. La production manufacturière, longtemps assoupie est en hausse. Autre bonne nouvelle, et celle-là est financière, donc très importante vu le contexte américain : les banques fermant boutique ne demandent plus l'aide juridique de l'Etat. Elles s'allient avec d'autres confrères dans le cadre des fusions-acquisitions ou changent carrément de...vocation. Le fin du fin. On parle de plus en plus d'encourager la demande de consommation intérieure. Si ce discours a toujours été latent et ancré dans les mœurs américaines, sa réactualisation fait plaisir au consommateur américain, car dans son imagerie, consommer plus veut dire gagner plus d'argent ( en termes de salaires). En définitive, le gouvernement américain devra réussir « son » après-crise, sans chômage et sans inflation et plus de consommation. Vaste programme que devra observer et surtout guider l'administration Obama. Malgré les réticences du « laisser-faire ». Sous peine d'affronter cette fracture sociale... pour dorer la pilule, on n'aura plus besoin alors d'ingurgiter les « Raisins... » de, Steinbeck. Car ces grappes ne nous rassasieront plus, et ne nous enivreront pas que de bonheur.