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Pistonnez-les « haut et court »
Mœurs sociales : Ca ne marche que comme ça ?
Publié dans Le Temps le 24 - 01 - 2010

Le piston c'est, comme dirait l'autre, le sel de nos repas ! Qui n'en mettrait pas, de ce sel, pour régler n'importe quelle affaire qu'il lui est impossible de conclure autrement? C'est désormais un passage obligé dans quasiment toutes nos administrations publiques et privées. Pour le moindre des services, on sollicite l'intervention de quelqu'un de haut placé et souvent on se trouve forcé d'y recourir.
Cela ouvre magiquement toutes les portes et permet de gagner un temps fou qu'on aurait inutilement perdu sans la recommandation de monsieur untel ou de madame unetelle. Il y a, paraît-il, un plaisir incomparable (sadique, pour les mauvaises langues et les envieux) à passer avant les autres grâce au coup de pouce donné par une personne influente. Les passe-droits donnent un sentiment de supériorité unique en son genre. Tous ceux qui en ont bénéficié vous le confirmeront. Mais parfois, on a tendance à en abuser. Comme ce parent qui a demandé la mutation d'un enseignant quinquagénaire de la capitale vers une contrée lointaine du sud tunisien pour que son fils nouvellement diplômé prenne sa place et profite de la proximité de sa famille ; ou cet autre qui a tout fait pour que l'ordinateur oriente sa fille bachelière vers une filière qu'elle ne méritait pas. Tant pis, vous diront-ils, pour les victimes de ce trafic d'influence ! Elles n'ont qu'à faire comme eux !
L'autre jour, en menant une enquête journalistique sur le Souk de Moncef Bey à Tunis, nous avons rencontré un ami « louagiste » qui attendait, depuis deux jours déjà, son tour pour prendre des voyageurs en direction de Sousse. Le malheureux n'était pas seul dans cette situation : un de ses collègues désespérait lui aussi de pouvoir rentrer chez lui (puisque les deux chauffeurs étaient Sahéliens). « C'est aberrant, s'exclamèrent-ils d'une même voix révoltée ! Nous assistons impuissants au triomphe du désordre sur l'ordre, à la prééminence de la loi du plus fort sur le droit au partage équitable des dessertes. Nous avons cru jusque-là que le temps des louagistes « fellagas » était révolu. Or, nous y sommes encore et personne n'ose réagir contre les abus auxquels ce chaos donne lieu. Nous avons beau nous plaindre aux responsables syndicaux et aux autorités municipales, nos doléances restent toujours lettre morte. Vous voyez là pourtant des guichets et des agents pour organiser les départs et les arrivées des voitures. En réalité, on fait fi de l'ordre des priorités dans le classement des véhicules partants. L'anarchie est de retour et chacun s'y prend avec les moyens et le « pouvoir » dont il dispose. Quand on n'a pas de passe-droits particuliers, on se résout au « ramassage » des clients dans les alentours de la station. Le passager est « kidnappé » avant même d'atteindre Moncef Bey ! A Sousse, le mouvement des voitures de louage est très bien organisé et l'on y a mis fin au fléau des fellagas. Pourquoi persiste-t-il à Tunis ? Il doit y avoir certainement des gens à qui ce trafic illégal profite ! C'est un cri de désespoir que nous lançons afin que les services compétents interviennent et frappent fort contre le banditisme de certains ! »
A dire vrai, ils existent partout : les réfractaires à l'ordre, les adeptes de la loi de la jungle qui font prévaloir en toute circonstance la force de leurs muscles ou la puissance de ceux qui les protègent sont innombrables autour de nous. Lorsqu'un concours est annoncé, ils recourent à l'intervention de tel ou de tel autre parmi les fonctionnaires influents de l'Etat. Quand il s'agit de rencontrer un haut responsable, ils ne passent jamais par les voies ordinaires et légales. S'il est question de promotion, ils consultent tout de suite leurs listes de « pistons ». Pour obtenir un énième prêt auquel ils n'ont pas droit, ils savent à quelles portes frapper ! Même pour payer à la caisse d'un magasin, ils font tout pour contourner la file d'attente et être servis avant tous ceux qui sont devant. Cette pratique moderne n'est pas l'apanage d'une classe déterminée, en fait. Aujourd'hui, elle est adoptée par les riches comme par les pauvres, par les jeunes et par les vieux, par les hommes et par les femmes. Oui, les femmes du genre sont de plus en plus nombreuses et c'est la moindre des parités que la société des hommes doit reconnaître au sexe (autrefois) faible !
Mais dans cette foule immense de privilégiés, on peut compter quelques ratés, des maladroits qui ne savent pas comment s'y prendre pour se servir les premiers, des novices quoi, qui ont bien des leçons à apprendre dans ce domaine ô combien compliqué. Nous faisons manifestement partie de ces non-initiés dont on se paie plutôt la tête. Il y a bientôt 15 jours, nous avons contacté un « haut » responsable de l'UGTT pour nous faciliter la tâche dans une enquête sur les entorses au Code du travail. Ce monsieur nous recommanda alors auprès de l'un de ses collègues chargé de la législation. Nous demandâmes à le voir une première fois ; il n'était pas là ! Sa secrétaire nota cependant notre numéro de téléphone et promit de nous rappeler le plus vite possible. Elle tint parole en effet puisque une dizaine de minutes après notre sortie de son bureau, elle nous joignit pour fixer un rendez-vous avec son « patron ». Nous nous mîmes d'accord sur une première date. Le jour de l'audience, on nous appela pour reporter le rendez-vous alors que nous étions à l'entrée du siège du syndicat. Ensuite, toujours le même jour, on nous appela pour proposer une deuxième date puis une troisième. Nous consentîmes à ce report apparemment justifié. Deux jours après, on annula le deuxième rendez-vous et l'on nous pria de patienter encore un peu. Nous attendîmes quelques jours puis comme personne ne nous appela depuis le syndicat, nous y allâmes nous-mêmes et rencontrâmes la « pauvre » secrétaire qui se confondit en excuses et en nouvelles promesses. On voit bien donc que notre piston a très mal fonctionné ou alors qu'il n'a pas fonctionné du tout. Il faut reconnaître que le sujet pour lequel nous voulions rencontrer le responsable syndical avait de quoi déranger un syndicaliste élu pour défendre les droits des travailleurs ! Les entorses au Code du travail, qui peut nous en parler mieux qu'un responsable de l'UGTT ? C'est cette logique qui a présidé à notre décision de consulter les syndicalistes. Mais visiblement, il valait mieux s'adresser à quelqu'un d'autre ! Qui sait si, à l'UGTT même, on ne commet pas, de temps en temps, quelques entorses au Code du travail !!


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