Samedi matin, à 6 heures, nous nous dirigions vers la station de louages de Moncef Bey. Sur notre chemin, une seule voiture rôdait aux alentours de la gare ferroviaire de la Place Barcelone dans l'espoir de prendre illicitement quelques passagers. D'habitude, dans cette zone, on rencontre plus d'un véhicule dont le chauffeur «ramass» ses voyageurs en dehors de la station enfreignant ainsi les règlements en vigueur concernant ce genre de transport collectif. Lorsque nous arrivâmes à la station de Moncef Bey, nous y constatâmes une nouvelle organisation de l'espace: de nouveaux guichets équipés de matériel électronique, de nouvelles voies d'accès et de sortie tant pour les voyageurs que pour les véhicules, un éclairage qui couvre tous les coins de la gare, une salle d'attente en face de laquelle on aménage l'emplacement de quelques rangées de chaises, des toilettes supplémentaires construites du côté de la nouvelle entrée des voitures, un parking très spacieux ouvert récemment juste derrière l'ancien siège d'un opérateur de téléphonie mobile, une agence d'assurances privée. Certains quais étaient refaits ou en cours de réfection ; de gargotes, il n'en reste qu'une seule sur les lieux, voisine d'un kiosque à journaux relativement décent et bien achalandé. L'unique buvette est propre dans l'ensemble et le service y est plutôt satisfaisant. Les louagistes sont ses principaux clients. C'est là que nous en avons rencontré quelques uns : la plupart d'entre eux nous ont déclaré que les transformations étaient les bienvenues, mais qu'elles ont peu de chances de venir à bout de l'anarchie ambiante et de certains réflexes déplorables difficiles à enrayer. Un tas de doléances En effet, ils se plaignent encore d'un certain favoritisme qui lèse les « mal lotis » de la station. Pour eux, les responsables de la société de service qui gère la station, eux-mêmes louagistes, s'arrangent toujours pour que leurs voitures partent avant les autres. Le ramassage illégal perdure en dehors de la station, ajoutent-ils, tout comme les comportements violents ou indécents émanant de certains chauffeurs entre eux ou avec les passagers. Ils disent aussi que les montants à payer à la société gestionnaire sont non seulement excessifs mais usurpés. « Avant, on versait les 23 dinars à la municipalité contre les améliorations à introduire dans la station. Aujourd'hui que celle-ci est gérée par une société privée, nous continuons de verser ce montant alors que la désorganisation et l'incurie règnent. Les transformations que vous voyez sont un leurre, c'est de la poudre aux yeux », affirment quelques louagistes, tandis que d'autres les trouvent seulement insuffisantes. Les voyageurs que nous avons interrogés sur ces transformations en sont plutôt satisfaits, mais ils regrettent que l'endroit soit toujours sale et insuffisamment organisé. Une jeune enseignante qui a raté son train dit par ailleurs que les chauffeurs trompent souvent leurs clients sur le nombre de places encore libres : « ils vous assurent qu'il n'en reste qu'une seule après quoi la voiture démarrerait ; mais une fois votre ticket payé, vous découvrez que vous êtes le premier ou le deuxième voyageur. De plus, affirme une autre cliente, en route, ils nous font perdre beaucoup de temps en s'arrêtant qui pour fumer, qui pour un plein de mazout, qui pour faire ses prières etc. » Qu'en pense la société gérante : « Améliorations concrètes et visibles » Nous avons rencontré M. Boubaker Bouchoucha, chef d'équipe au sein de la société gérante, et lui avons fait part des doléances des uns et des autres. Il y a répondu dans les termes suivants : « Il me semble qu'il faudrait tout d'abord se féliciter des récentes transformations. Nous sommes bien loin de l'époque où la station ressemblait à une vraie jungle ! Mais je n'irais pas jusqu'à vous dire que tout est parfait ici : nous avons encore des problèmes avec les louagistes réfractaires aux règlements, avec ceux dont le vocabulaire et les comportements sont à revoir, avec la toiture en tôle de la station et qui ne répond guère aux normes requises ; c'est très difficile à gérer tout cela, c'est esquintant pour les nerfs : parfois vous avez six litiges à résoudre en même temps. N'oubliez pas que la station accueille les louages de nombreux gouvernorats. Nous essayons d'y aller avec diplomatie et quelquefois nous ne rechignons pas à utiliser la manière forte. Quant aux droits à payer à la société de services qui gère la station, ils sont tout de même plus bas que ceux de la municipalité ; d'autre part, les améliorations sont là, concrètes et visibles. Ne croyez pas ceux qui vous disent que notre société n'est pas patiente avec les mauvais payeurs, je peux vous citer des noms de chauffeurs dont les impayés datent de 6 mois. On médit des organisateurs et on les accuse de tout et de n'importe quoi ; moi-même j'en ai pâti ! Mais a-t-on jamais prouvé que j'abusais de mon poste ou de mes prérogatives ? L'essentiel à retenir à mon avis, ce sont les efforts consentis pour l'amélioration de la station. Nous réalisons des progrès réels et il nous en reste encore à faire dans les mois et les années à venir. » Badreddine BEN HENDA ---------------------------- Vers le transfert à Moncef Bey de la station de louages de Bab Alioua Nous avons appris que l'un des projets de l'UTICA consiste à transférer à Moncef Bey l'actuelle station de louages de Bab Alioua. La nouvelle gare occupera l'ancien souk loué à cet effet. Ce transfert ne saurait tarder d'après M. Boubaker Bouchoucha, chef d'équipe, qui nous apprend par ailleurs que la station de Moncef Bey accueille pour le moment, jusqu'à 1200 voitures, dont 400 stationnent à tour de rôle à l'intérieur de cette gare routière.