Ce n'est pas le soleil qui a rendez-vous avec la lune. Ça aurait été nettement plus facile si ça avait été le cas. On serait resté dans la poésie, et surtout, dans l'abstraction. C'est plus confortable. Sauf que c'est loin d'être le cas ici, où pourtant la poésie ne fait pas défaut. Si vous voulez tout savoir, c'est une histoire de poissons. De poissons amoureux. Eh oui ça arrive ! Sauf qu'ici l'histoire se complique, bien avant d'avoir commencé. Et il faut avouer que ça pose effectivement problème. Parce que le sujet est délicat, parce qu'il concerne des enfants, Et dans la mesure où cela concerne justement des enfants, il faut non seulement s'y prendre avec des pincettes, mais bien peser le pour et le contre en élargissant le débat à toutes les sphères concernées, pour ne pas s'étaler de tout son long après coup, en regrettant amèrement de ne pas avoir pris suffisamment de recul en amont, pour trancher. Dans un sens, ou dans l'autre. Ce n'est donc pas étonnant que le projet de mettre sur pied, à Rennes où il est déjà en cours d'élaboration, un film pédagogique, destiné aux écoliers de CM1 et CM2 (les 9- 11 ans), et portant sur l'homosexualité, suscite une polémique, autrement virulente, entre les défenseurs du projet, et ceux pour qui il relève d'un acte proprement immoral, irréfléchi et indigne, de l'éducation nationale. « Le baiser de la lune », le court-métrage d'animation en question, devait sortir en début d'été en France. Il raconte l'idylle qui a uni un poisson-chat à un poisson-lune. Une histoire d'amour qui est condamnée d'avance et un beau rêve qui tourne court. Et vire presque au cauchemar. Forcément… Car expliquer l'homosexualité aux enfants, c'est toute autre chose que de leur expliquer la philosophie ou l'histoire. Encore que, avec l'Histoire, ce n'est pas gagné non plus. On se souvient en ce sens, du fameux projet qui suggérait que chaque écolier de France, prenne désormais en charge la mémoire d'un enfant juif, mort dans les camps, et du remue -ménage qui s'en est suivi, toutes sphères confondues. Parce qu'il s'agissait de protéger des enfants, pas encore aptes à recevoir de plein fouet, certaines vérités qui font très mal. Et parce que la démesure n'est pas toujours facile à gérer. Il faut pouvoir en calculer les risques. En veillant au grain. Ici en l'occurrence, il s'agit d'aborder avec des écoliers, dans l'objectif de leur apprendre la différence, ce qu'on appellera pour protéger les oreilles chastes, le thème des « amours équivoques ». A travers cette histoire de poissons, sur le sort desquels s'est penché Cupidon avec tendresse. Le débat n'est pas clos…