Est paru, en 2009, aux Editions du Seuil, « L'Etoile du matin », dernier roman d'André Schwartz-Bart. Edité à titre posthume, trois ans après la mort de son auteur, « l'Etoile du matin » raconte la saga d'une famille juive dans le village de Podhoretz en Pologne avant et pendant l'occupation nazie…. L'histoire se déroule dans un milieu rural où vit la famille Lebke, une famille peu ordinaire de par sa descendance. En effet, issus de la lignée de Haïm Yaacov dont le nom s'est corrélé avec le violon et les vertus de guérison qu'on lui attribuait, les descendants de Haïm Yaacov sont dotés de talents ou de destinées hors du commun. C'est sans doute Haïm Lebke, arrière-petit-fils de Yaacov, qui hérite du don de son aïeul, lui, qui au son de sa flûte enchante. Lui qui, par son courage, parvient à s'échapper et conduire ses plus jeunes frères loin des affres de l'occupation et de la deuxième guerre mondiale… Avec un talent de conteur, André Schwartz-Bart raconte l'histoire, la sienne, qu'il imagine ou qu'il réinvente en se référant à l'Histoire de la Seconde Guerre mondiale. En ouvrant son récit par « il était une fois », l'auteur plonge son lecteur dans le monde des contes. Un conte moderne dont les péripéties sont attachantes et les issues incertaines. Né à Metz en France, André Schwartz-Bart entreprend des études qu'il abandonne lorsque débute la guerre. Il se réfugie avec sa famille à Oléron en Angoulême. Ses parents et deux de ses frères sont déportés et il ne les reverra jamais. Après la guerre, il reprend ses études à la Sorbonne. Il y rencontre la Guadeloupéenne Simon Brumant, qu'il épouse en 1961. Ensemble, ils co-signeront « la Mulâtresse Solitude », un livre qui ne rencontre qu'un succès mineur. Mais, dans l'esprit des critiques, le nom d'André Schwartz-Bart demeurera lié au « Dernier des Justes », roman édité en 1959 et pour lequel il obtient le prix Goncourt, la même année. « L'Etoile du matin » est un roman qui s'inscrit à la suite du « Dernier des Justes » et dans lequel on retrouve le fondement de la pensée d'André Schwartz-Bart : celle de l'homme déchiré entre la présence du mal et la recherche de Dieu. Une quête qu'entreprend Haïm Lebke dans l'Etoile du matin ». Quête imaginée et rapportée dans un style simple par sa richesse et attachant par sa clarté. Loin d'une vision mélodramatique. André Schwartz-Bart relate l'Histoire d'après des vies mineures et le courage engendré par la peur. Il se fait historien, voix de ceux qui ne parlent plus. Cependant, l'Histoire se confond avec la littérature et son roman devient une investigation des événements par l'œil du romancier. « Mais un individu peut-il porter le deuil de tout un peuple ? »… Raouf MEDELGI
*« L'Etoile du matin » d'André Schwartz-Bart ; Editions du Seuil ; 251 pages ; 2009.