A entendre dire, lors d'une émission télévisée à une heure de grande écoute, de la bouche même d'un grand cinéaste tunisien qu'il est pour le piratage de ses films, il y a de quoi s'inquiéter pour l'avenir du 7è art en Tunisie ! le cinéaste en question n'est autre que Nouri Bouzid qui a sans doute choqué des milliers de téléspectateurs tunisiens en déclarant sans ambages : « Je suis pour le piratage ! » lors d'une émission culturelle passée dimanche 31 janvier sur une chaîne privée de la place. Et le cinéaste d'ajouter, comme pour se justifier : « Pourvu qu'il soit organisé ! » Du « piratage organisé ! », voilà ce qui tient du paradoxe. Aboutir à une telle opinion est une véritable aberration ! Et dire que de tels propos proviennent d'un réalisateur de films dont le succès a franchi les frontières nationales et qui ont contribué à l'essor du mouvement cinématographique en Tunisie dans les deux dernières décennies. D'ailleurs, la réaction à ces propos ne s'est pas faite attendre : l'animateur et ses invités présents sur le plateau ont été fortement choqués et profondément déçus à en juger par les commentaires qu'ils avaient faits sur l'opinion de notre cinéaste national ! Dans la suite de ses propos, notre cinéaste semble défendre les pirates d'œuvres cinématographiques en déclarant que « les films ne sont pas faits pour être rangés dans les tiroirs, il faut qu'ils soient diffusés. L'Etat a investi de grandes sommes d'argent pour la réalisation de ces films, par conséquent, tout le monde a le droit de les voir! Ceux qui n'ont pas eu la chance de les voir dans les salles de cinéma, peuvent au moins en profiter par le piratage. Pourvu que les copies piratées soient authentiques ! » Voilà donc le point de vue de Bouzid quant au piratage qu'il considère comme « légitime » pour la propagation des oeuvres ! En agissant de la sorte, notre metteur en scène, connu pour être un homme de principes n'a fait que nuire aux actions menées tambour battant depuis quelques années par les artistes dans leur lutte contre le piratage. C'est dire que de telles paroles, émanant d'une personnalité aussi éminente dans le monde de l'art, ne fait que mettre le bâton dans les roues à tous les autres artistes qui sont en quête d'un moyen efficace pour endiguer cette gangrène qui ronge depuis longtemps notre culture et qui porte atteinte aux droits d'auteurs de nos créateurs. Notre cinéaste aurait-il choisi enfin d'agiter le drapeau blanc pour annoncer la fin des hostilités entre les créateurs de l'art et ces pirates qui semblent avoir triomphé ? Est-ce à dire que d'autres artistes tunisiens vont abandonner le combat contre le piratage ? Dans ce cas, notre cinéma est tout simplement en péril !