Aujourd'hui, 9 février matin, les parlementaires vont plancher sur un projet de loi concernant les sociétés de production audiovisuelles, projet qui a reçu l'aval du conseil constitutionnel dans sa réunion du 20 janvier dernier, avant de passer pour étude par la Chambre des Conseillers... De quoi s'agit-il ? L'enflure comme parangon Dans les attendus du projet de loi, nous pouvons lire, grosso modo, que l'expérience de la procédure du cahier des charges pour la constitution de sociétés de production, d'importation et de distribution audiovisuelles de quelque genre que ce soit (artistique, fiction, documentaire ou autre) n'a pas donné les résultats escomptés et ce malgré leur croissance visible, puisque de 343 en 2008, ces sociétés sont passées à 357 en 2009 et croissent encore pour toucher les 400 en ce début 2010 (à raison de 50 sociétés/an)… Si cette croissance s'était accompagnée d'une progression similaire au niveau de la production, on aurait fait notre le proverbe « du bien en rabiot, c'est deux biens à la fois »… Sauf que la production nationale en films, téléfilms, feuilletons, documentaires, docu-fiction, clips, pub, etc. est un chouia insignifiante… Deux films, trois feuilletons, une poignée de documentaires en moyenne et le tour du pâté de maisons est rondement fait… Entre le nombre de sociétés de production et le nombre de produits audio-visuels « visibles », il n'y a pas photo… Par ailleurs, profitant de la facilité apportée à créer des sociétés de production audio-visuelles qui ne produisent que l'immatriculation au registre du commerce, une nuée de quidams qui n'ont d'audiovisuel que les intentions, ont ouvert des « boîtes de prod » dont on sait d'avance qu'elles sont des cartes de visite, rien de plus … Donc, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond… Au préalable, l'Etat, en choisissant la procédure du cahier de charges, optait pour une « démocratisation » de l'initiative dans le domaine audiovisuel afin qu'il ne soit pas exclusivement entre les mains des « professionnels de la profession » et que tout quidam en bon citoyen qui se sent l'âme productrice peut y avoir droit, pourvu qu'il réponde à certains critères… Les critères ont existé, des quidams y ont répondu… mais la poule n'a rien pondu. Du pif au mètre Aujourd'hui, l'Etat change le fusil d'épaule. Il propose aux élus de la nation de légiférer pour qu'un agrément du Ministre adossé à l'avis d'une commission consultative remplace cette ouverture qui n'était que moulin qui tourne sans grains à moudre… Vous connaissez sûrement la locution proverbiale : « tasmaâ jaâjaâatan wa la tarâ tahnan », c'est un peu le brouhaha que nous avons… Outre le fait que ce que propose l'Etat n'est qu'un retour à un état antérieur, puisque auparavant c'était le Ministre qui donnait l'agrément pour qu'une société de production audiovisuelle naisse ou soit avortée, il y a comme une navigation au pif au mètre dans un domaine qui se transforme à vue d'oeil… D'ailleurs, pourquoi ce penchant redondant vers les « commissions consultatives ». Je ne vais pas dire comme Georges P. que « si tu veux tuer une question, crée une commission », mais il faut se l'avouer… une commission qui planche sérieusement tout en sachant qu'il y a probabilité de 1/000 que ses décisions peuvent aller à la poubelle – et on a eu des cas pas si éloignés que ça – n'est pas une commission crédible… Je comprends que le Ministère de la Culture ne veut pas lâcher le morceau… mais quand même, pour régler la question de la production de l'image dans notre pays, il y a d‘autres solutions que de chercher midi à quatorze heures… Radicale mais pas encore ! Depuis très longtemps, les hommes et les femmes du cinéma et de l'audiovisuel dans notre pays crient à hue et à dia qu'il leur fallait « un Centre National du Cinéma et de l'Audiovisuel » (CNCA) pour régler « radicalement » dans le sens marxien du mot, les maux de la production de l'image en Tunisie… Un organisme chargé de concevoir et d'appliquer la stratégie de l'Etat en matière de production de l'image sous toutes ses formes… Un centre comme il en existe dans les pays qui nous entourent… Dans les couloirs et les commissions du Ministère et de ce qui en dépend, la chose est entendue… Tout le monde vous dit : Vous avez raison, un Centre c'est LA solution… Mais il y a comme un caillou qui fait grincer le roulement… Lequel ? Mystère et boule de gomme. Tout le monde sait pertinemment que la politique du raccommodage ne peut à la rigueur, donner qu'un patchwork, au mieux un Arlequin… Les deux ne sont ni du cinéma, ni de la télévision… Alors, positivons ! Peut-être qu'on étudiant cette nouvelle loi qui ré-organise le champ de la production audiovisuelle en Tunisie, c'est un peu comme reculer pour mieux sauter vers une solution radicale, celle du centre national du cinéma et de l'audiovisuel… Vas savoir !