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La fleur pour toujours et toi pour un jour
La Saint-Valentin s'installe dans les mœurs tunisiennes
Publié dans Le Temps le 13 - 02 - 2010


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Invention mercantiliste prenant l'amour pour prétexte
Il y a une dizaine d'années, la majorité des Tunisiens ignoraient jusqu'à l'existence même de la Saint-Valentin, cette fête de l'amour si courue de nos jours par les jeunes et si décriée par les plus âgés ou entre autres les plus conservateurs. Or aujourd'hui la date du 14 février est fêtée avec beaucoup de ferveur et les médias l'évoquent régulièrement.
Comment est-elle arrivée chez nous ? Qui sont ceux qui la fêtent ? Est-elle sincère ou commerciale ? Autant de questions que nous avons posées à divers publics…
Et c'est avec un personnage assez coloré que nous avons commencé cette enquête : Âm Salem est un homme de soixante-douze ans, aussi expérimenté que drôle. Il affirme d'emblée : « la Saint-Valentin est une fête qui a été inventée par les jeunes filles pour que leurs fiancés dépensent beaucoup d'argent qu'ils ont gagné en travaillant dur pour leur acheter des cadeaux ! » Et de nous raconter « moi, j'offrais des bijoux en or à ma femme à l'occasion de l'Aïd et non des fleurs qui se fanent au bout de quelques jours… »
Les prix triplent
Les fleurs justement ont été notre deuxième centre d'intérêt. Et tous les fleuristes que nous avons interrogés nous ont affirmé que le prix des fleurs et en particulier celui des roses rouges connaît une importante augmentation. D'après eux, c'est à cause des producteurs qui imposent leurs prix. L'un de ces vendeurs affirme que « c'est la loi de l'offre et de la demande et les producteurs savent que ce jour là, les gens sont prêts à tout pour offrir des roses à leurs compagnes. » Un autre renchérit : « Nous voudrions bien faire plaisir à ces jeunes qui sont des étudiants pas très riches et qui veulent faire plaisir à leur petite amie, mais nous n'avons aucun pouvoir de décision sur les prix… »
Et justement un jeune homme pas très riche se plaint de cette situation : « le jour de la Saint-Valentin, les bouquets de fleurs sont vendus deux et même trois fois plus chers que les autres jours de l'année : trois Dinars l'unité, au lieu d'un Dinar les autres jours de l'année. C'est purement scandaleux de profiter des sentiments des gens. »
Mais ceux qui en profitent le plus, ce sont les commerçants avec les divers cadeaux qu'ils proposent à cette occasion : coffrets de parfum, grandes bougies parfumées, faux bijoux… Les supermarchés sont souvent les plus engagés dans cette voie, avec un rayon spécialement dédié à la Saint-Valentin, animé par des hôtesses souriantes…
Et puis il y a les patrons de cafés chics et des salons de thé que fréquentent les jeunes. Un café, un jus d'orange, un thé ou une boisson gazeuse voient leurs prix atteindre des sommets vertigineux. Une bouteille d'eau minérale atteint la somme exorbitante de deux ou trois Dinars. Tout ça pour quelques fleurs fanées par la chaleur disposées sur les tables et un peu de musique douce ou rythmée, distillée par des hauts parleurs plus ou moins discrets.
Alors certains jeunes refusent de se laisser déplumer et vont faire des promenades au bord de la mer. Un étudiant en droit proclame : « c'est fou ce que la société de consommation nous mène par le bout du portefeuille ! Souvenez-vous de la fête d'Halloween en novembre célébrée par de nombreux jeunes, des sapins de Noël en décembre alignés dans nos marchés et là avec la Saint-Valentin, ce sera parfums, roses et chocolat. »
Un lycéen avec une carrure d'athlète semble avoir un problème : « la Saint-Valentin tombe un dimanche cette année et c'est vraiment embêtant car ma copine ne peut pas sortir ce jour-là, qui est consacré à la famille. Je pense donc sortir samedi et lui offrir du chocolat de bonne qualité et une rose rouge, couleur de la passion… » C'est beau l'amour à cet âge là !
Suivisme aveugle
D'autres jeunes ne semblent pas beaucoup s'intéresser à la Saint-Valentin pour diverses raisons. Samir étudiant lance sur un ton ironique : « moi je suis célibataire, je vais donc passer la Saint-Valentin à me moquer de ceux qui vont dépenser une fortune pour l'amour de leur vie qui les quittera le lendemain… »
Fatma, lycéenne studieuse qui passe le bac cette année : « moi aussi je suis célibataire et je la passerai courbée sur ma table de travail, à faire mes devoirs, comme c'est le cas depuis quelques années. Pour moi, c'est un jour comme les autres… » Quant à Karim, jeune technicien désargenté, il a un tout autre problème : « La Saint-Valentin ? Je la fêterai comme j'avais fêté le réveillon : avec un bon film. Puis j'irai dormir en pensant à la personne que j'aime et qui ne m'aime pas et en me disant : demain peut être… »
Un autre jeune homme, très à cheval sur les principes annonce : « moi je me suis juré que je ne le fêterais qu'avec ma femme, car c'est la seule qui méritera mon amour, mes cadeaux et ma vie ! » Plutôt excessif, ce jeune homme. En voilà un qui se prépare à de grandes désillusions !
D'autres refusent carrément cette fête qu'ils qualifient d'intrusive, d'importée, comme c'est le cas de Mohamed, un imprimeur pour qui « les Tunisiens sont champions pour fêter ce qui ne les concerne pas. Et moi, je n'aime pas le suivisme aveugle et je ne célèbrerai jamais ce genre de fêtes ridicules, c'est une fête commerciale qui enrichit des gens déjà très riches, sur le dos de personnes naïves ou sincèrement amoureuses et qui veulent faire plaisir à leurs copines. »
La paix des ménages !
Mais la Saint-Valentin peut parfois provoquer des ruptures, comme nous l'a raconté Selma, jeune secrétaire dans le secteur privé : « Mon copain ne se ruine vraiment pas pour moi : l'an dernier, il m'a envoyé une carte postale par email le matin et un SMS le soir. Ni fleurs, ni chocolat, ni cadeau. C'est vexant ! S'il refait ça cette année, je le laisse tomber ! »
Des personnes qui apprécient cette fête, nous en avons rencontré, notamment deux copines jeunes et charmantes, Monia et Hager, qui ont une vision résolument moderne des choses. Monia affirme : « Franchement moi je suis pour qu'on fête la Saint Valentin. Il ne faut pas voir le côté commercial, mais plutôt l'aspect romantique. La vie est si monotone et ce genre d'occasions lui donne un côté festif qu'il faut vivre sans complexes, sans se dire que c'est une fête importée… » De son côté, Hager soutient qu'il « suffit d'une simple rose et d'une belle déclaration pour qu'une femme soit heureuse… »
Même Sami, leur camarade à la fac semble d'accord avec leur vision des choses : « c'est une occasion amusante pour manifester mon amour à celle que j'aime et un petit cadeau même symbolique lui fera plaisir. Ce sera une journée pour nous deux, dans un endroit spécial et on échangera de petits présents pas trop chers, en fonction des moyens de chacun… »
Le mot de la fin, c'est un amoureux transis qui le prononcera avec un enthousiasme juvénile : « pour moi la Saint-Valentin c'est tous les jours, car ma copine et moi, on s'adore… » Y en a qui ont de la chance…


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